Procès en appel de la collision de Saint-Médard-sur-Ille : la douleur ravivée des victimes

La première journée du procès en appel de la collision mortelle de Saint-Médard-sur-Ille s'est tenue ce 23 septembre. Une journée pour faire un rappel des faits et pour les victimes, des souffrances qui remontent. 

Le procès en appel de la catastrophe ferroviaire de Saint-Médard-sur-Ille s'est ouvert ce 23 septembre à Rennes (Ille-et-Vilaine). Après un rappel des faits détaillés sur l'accident le matin, l'après-midi a été consacrée à l'audition des officiers de police en charge de l'enquête au moment des faits, du conducteur du train et de témoins. 


Un passage à niveau déjà trop connu


Les officiers de police rappellent qu'en 2011, le passage à niveau était classé "à profil difficile" notamment à cause de l'axe routier, très réduit et non pas comme "passage à niveau préoccupant", ce qu'il est désormais. Pendant leurs interventions, ils utilisent à plusieurs reprises le terme "accidentogène". Les signaux sonores et lumineux fonctionnaient correctement. 

Des travaux avaient été envisagés avant le drame en 2010, mais la réunion entre les acteurs concernées, SNCF, RFF (Réseau ferré de France) et le Conseil général n'a jamais entraîné d'actions. "Ce n'est pas au département de faire les travaux sur les voies ferroviaires", lance le représentant du département, appelé comme témoin.

Maître Chemla, avocat pour l'association FENVAC et "entraide et solidarité des victimes du passage à niveau" note "que ce passage à niveau, c'est la patate chaude que tout le monde se refile, sans avoir une vision globale." L'ambiance se tend. 

Selon les officiers de police, une dizaine de victimes connaissaient déjà ce passage à niveau. Certaines d'entre elles avaient déjà connu un accident au même endroit, ce qui déconcerte les enquêteurs, aujourd'hui encore. Comment la sécurité du lieu était-elle prise en compte ? 

Colette est l'une d'entre elles. En 2007, elle vit un premier accident. "J'ai vite repris le train après" confie-t-elle pendant la pause. Mais depuis 2011, tout a changé. "Ce sont les images que j'ai du mal à garder." Elle souligne tremblante"ce qui est dur aussi c'est d'avoir été blessée, avec des personnes avec lesquelles j'avais l'habitude de voyager chaque jour." Depuis 2012, elle ne peut plus prendre le train."J'ai perdu mon boulot." 

"Je savais ce que j’avais à faire, ce qui s’était passé"


Le conducteur du TER est revenu à la barre. Peu loquace, il fait une brève déposition spontanée. Il raconte avoir vu l'arrière du poids lourd, d'avoir tiré le frein d'urgence et de s'être extirpé rapidement de sa cabine.

Tout ce qu'il veut c'est éviter le sur-accident, que d'autres trains arrivent en face. Il sort du sien, marche 1500 mètres pour placer les dispositifs d'alerte : des pétards, des torches, des drapeaux. Il fait couper le courant sur la ligne. "Au retour, j’ai vu que la rame était éventrée, ce que je n’avais vu avant." Il marque une pause. Il reviendra au travail une semaine après, dit avoir été accompagné pendant la procédure. 

Son professionalisme est salué par les victimes présentes dans la salle.

"On prend les mêmes et on recommence"


Benjamin et Quentin sont les fils de Roselyne. Elle aussi a déjà fait les frais du passage à niveau, en 2007. 2011 aura plus de conséquences physiques. Leur mère a été gravement blessée. "Ce ne sera plus jamais la même qu'avant, même si elle a bien récupéré", expliquent-ils tandis que Roselyne ne cache pas sa colère. 

A propos de cette nouvelle audience, pour eux "on prend les mêmes et on recommence" , "pour juger plus ou moins sévèrement." Ils ont l'impression que "la SNCF veut se dédouaner." Eux souhaitent que "chacun prennent ses responsabilités." 

Le procès se poursuit toute cette semaine. Mardi, le chauffeur du camion sera ré-entendu ainsi que des experts. Mercredi verra le tour de la SNCF, l'audition des parties civiles et le début de leurs plaidoiries. Les réquisitions et les plaidoiries de la défense sont attendues jeudi. 
 
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