Projet d'attaque terroriste contre le Roazhon Park : les plans du jeune Rennais étaient "virtuels" selon son avocat

Un Rennais aujourd'hui âgé de 21 ans comparaît à partir de mardi devant la Cour d'assises pour mineurs spéciale, à Paris, pour avoir imaginé en 2017 un attentat contre le Roazhon Park et deux commerces de la rue de Lorient. Il s'apprêtait à partir en Syrie quand il a été interpellé.

Un projet d'attaque terroriste a-t-il été déjoué au Roazhon Park début 2018 ? Quel était son degré d'avancement ? Le jeune Breton arrêté à Rennes il y a bientôt quatre ans, va devoir s'expliquer sur "ses plans" cette semaine devant la cour d'assises des mineurs spéciale, une cour spécialement composée pour juger les crimes de terrorisme.

Projet d'attentat "déjoué" contre le Roazhon Park

Agé de 17 ans à l'époque des faits, "G" était lycéen quand il a été interpellé le 16 janvier 2018, à Rennes, par la DGSI. Depuis plusieurs semaines, la direction générale de la sécurité intérieure surveillait de près les messages qu'il échangeait avec des membres de la mouvance jihadiste sur le réseau crypté Telegram. A son domicile, les enquêteurs trouvent des plans, des vidéos, des photos et des textes prévoyant "des voitures qui déposeraient des assaillants et feraient un grand nombre de victimes" au niveau du stade la route de Lorient ainsi qu'au bar l'Equipe et au Carrefour City situés non loin du Roazhon Park.

Un projet terroriste dont le ministre de l'Intérieur de l'époque, Gérard Collomb, avait lui-même parlé le 25 février 2018 : "Deux projets d'attentats ont été déjoués depuis début janvier en France, avait-il annoncé chez nos confrères d'Europe 1. L'un d'eux visait un grand équipement sportif".

Un plan d'attaque "virtuel"

"Ce qui est reproché à mon client relève essentiellement de la sphère virtuelle, défend aujourd'hui son avocat, Maître Jean-Guillaume Le Mintier. Discussion, vidéos, images... La défense ne nie pas les faits, mais tient à les relativiser : "De même que dans ses relations avec des invididus radicalisés, mon client ne les a jamais rencontrés !"

"On lui reproche d'avoir imaginé un projet, de l'avoir posé sur un papier, sans que l'accusation aujourd'hui ne puisse matérialiser le moindre acte préparatoire ou commencement d'exécution de ce projet. Certes, il a pensé ce projet, mais cela ne s'est accompagné d'aucun acte de préparation ou commencement d'exécution" nuance l'avocat rennais.

Son client, aujourd'hui âgé de 21 ans, est mis en examen pour participation à association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation d'un ou plusieurs crimes d'atteintes aux personnes. "La cour d'assises va devoir cette semaine, juger sa capacité psychique à passer à l'acte, poursuit Maître Le Mintier. Parce que les mots sont une chose, les actes en sont une autre, et l'on sait qu'il y a un monde, un fossé entre les deux !"

La radicalisation, "un remède et un poison"

"G" a-t-il été, et est-il, toujours "dangereux" ? Son avocat le reconnaît lui-même : "C'est compliqué, on se base essentiellement sur les rapports d'expertise psychologiques et psychatriques, ainsi que sur le rapport pluridisciplinaire."

Suite à son interpellation, son client a d'abord été placé en détention à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis avant d'intégrer un "QER", un quartier d'évaluation de la radicalisation, au sein de la maison d'arrêt d'Osny dans le Val d'Oise, entre juillet et octobre 2019. "Ce passage au centre d'évaluation a été salvateur, raconte Maître Le Mintier. Il y a rencontré des professionnels qui ont pu l'aider à s'ouvrir sur le passé, ce qu'il avait des difficultés à faire auparavant. Ils lui ont permis d'essayer d'identifier les facteurs qui l'ont poussés à basculer dans la radicalisation à l'âge de 16 ans."

Fils unique, l'adolescent né à Morlaix a grandi sans père, et avec une mère "harassée par le travail". "Dès l'âge de 13 ans, il va s'enfermer, s'isoler dans sa chambre, et rompre toute communication avec son environnement familial et social, raconte son avocat. Pour lui, cette radicalisation, c'est à la fois un remède et un poison !"

Après trois mois en QER, les professionnels concluent que "G" peut retourner dans une maison d'arrêt traditionnelle. Il évite alors le placement à l'isolement ou dans un établissement spécialisé. Depuis, c'est à Rennes qu'il était en détention, avant d'être transféré à Paris quinze jours avant le début de son procès.

"En quête de rédemption"

Près de quatre ans après son arrestation, "G", qui était sur le point de partir en Syrie au moment de son interpellation, a changé selon son avocat : "Il ressemblait avant à beaucoup d'adolescents : timorés, indéchiffrables, mais il a évolué. Il me dit être aujourd'hui en quête de rédemption et de réponses." 

Mais Maître Jean-Guillaume Le Mintier, qui le défend depuis 2019 reste aussi très prudent. "L'enfermement et la prison peuvent avoir des effets délétères sur un jeune comme mon client, parce qu'il est très perméable ! Alors que l'on lui reproche aujourd'hui essentiellement d'avoir eu des interractions virtuelles avec des individus radicalisés, la détention peut aussi lui permettre, malgré lui, de rencontrer des individus radicalisés réels..."

Devant la cour d'assises des mineurs spéciale, son avocat va donc insister : "Mon client a évolué, et surtout il faut trouver une réponse qui lui permette d'être déradicalisé ! Je crois qu'il est fondamental de l'isoler de toute infuence néfaste !"

"G" comparaîtra avec un co-accusé qui disait également vouloir partir en Syrie pour commettre une action violente. Leur procès durera du 30 novembre au 3 décembre 2021, à Paris.

 

 

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