"Redonner un garde-manger aux abeilles", pourquoi planter des fleurs peut sauver ces insectes pollinisateurs

La "Semaine des fleurs pour les abeilles" se déroulera du 31 mai au 9 juin 2024. Professionnels et particuliers sont incités à planter différentes espèces végétales pour aider à diminuer le déclin de ces butineuses, maillons essentiels dans la production de notre alimentation.

"La première des problématiques pour les abeilles, c'est l'impact des produits phytosanitaires, des pesticides. Mais un des autres facteurs du déclin des pollinisateurs, c'est la raréfaction des ressources alimentaires. Et nous pouvons avoir un impact sur ça" assure Fabien Kouachi, responsable des projets de sensibilisation au sein de l'Observatoire Français d'Apidologie (OFA).

Dans ce contexte et depuis huit ans maintenant, l'OFA incite les particuliers et professionnels à planter des fleurs mellifères, généreuses en pollen, pour redonner un garde-manger aux abeilles.

100.000 sachets de graines "des fleurs pour les abeilles" sont mis en vente chez 1.200 fleuristes, jardineries partenaires. La lavande, le tilleul, le trèfle rampant sont autant d'espèces végétales bénéfiques pour les butineurs.

"Il y a un vrai enjeu d'avoir des fleurs avant l'été car avec la chaleur, c'est une période de stress pour les abeilles. Cette action, qui peut être effectuée partout, en ville comme à la campagne, permet de contribuer à la cause des pollinisateurs qui en ont bien besoin" estime Jean-Sébastien Griffaton, de VALHOR, interprofession française de l'horticulture, de la fleuristerie et du paysage, qui porte aussi l'initiative.

30% d'abeilles en moins dans les essaims

En Bretagne, la situation n'est pas moins préoccupante qu'ailleurs. "Ici, les abeilles sont confrontées à un manque de biodiversité, déplore Philippe Charpentier, vice-président du syndicat des apiculteurs d'Ille-et-Vilaine. Il y a des bocages qui connaissent à certaines saisons des périodes de creux en termes de productions de fleurs. Les insectes pollinisateurs ne retrouvent plus une continuité alimentaire sur toute l'année".

De plus en plus de butineurs ne passent pas l'hiver, c'est catastrophique

Fabien Kouachi

Observatoire Français d'Apidologie (OFA)

Le manque de nourriture, les pesticides et la prédation du frelon asiatique déciment les populations d'abeilles depuis des décennies. Les abeilles domestiques ont chuté de 25 % en Europe entre 1985 et 2005 selon un rapport de Greenpeace.

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"Nous avons toujours observé de la mortalité sur les abeilles. Mais maintenant, ce sont des pertes de près de 30% des essaims que l'on enregistre en début de printemps chez les domestiques, constate Fabien Kouachi. On peut multiplier les chiffres par deux pour les abeilles sauvages. De plus en plus de butineurs ne passent pas l'hiver, c'est catastrophique".

Un impact sur les cultures alimentaires

Un bilan très préoccupant, tant les insectes pollinisateurs sont essentiels dans le développement de la biodiversité. En transportant les pollens de fleurs en fleurs, les abeilles participent grandement à la reproduction des espèces végétales.

75% de la production mondiale de cultures alimentaires (fruits, graines, légumes, huiles) dépendent en partie de l'action des pollinisateurs, d'après les chiffres communiqués par Greenpeace en 2016.

"La disparition des abeilles entraînerait la disparition de nombreuses espèces végétales et toutes les interconnections qui s'ensuivent, indique Fabien Kouachi. Moins de plantes, c'est moins de gîtes et de couverts pour les insectes qui seraient en déclin. Moins d'insectes, c'est moins d'oiseaux, puis moins de mammifères. Il faut se rendre compte à quel point l'abeille joue un rôle primordial dans la biodiversité mondiale".

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