Réforme de l'assurance chômage : "la vraie incitation, c'est de rendre l'emploi désirable"

Les règles d'indemnisation de l'assurance chômage seront durcies à compter du 1er décembre 2024. Le patronat est plutôt favorable à cette réforme, les syndicats de salariés y sont opposés. Nous avons aussi posé la question à Yann Gaudin, ancien salarié de Pôle emploi, aujourd'hui conseiller formateur indépendant pour les usagers de France Travail.

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À partir de décembre 2024, la durée d'indemnisation sera réduite à 15 mois "dans les conditions actuelles", c'est-à-dire si le taux de chômage se maintient en dessous de 9%, pour les chômeurs de moins de 57 ans. Et il faudra avoir travaillé 8 mois sur les derniers 20 mois pour être indemnisé, contre 6 mois au cours des 24 derniers mois actuellement.

Les syndicats de salariés s'opposent à cette nouvelle réforme de l'assurance chômage. Réforme populiste, pour les uns, le pire durcissement des conditions d'indemnisation qui soit mis en œuvre depuis toujours, pour les autres. 

"Une nouvelle réforme alors que les autres n'ont pas marché"

Pour Yann Gaudin, ancien salarié de Pôle emploi, aujourd'hui conseiller formateur indépendant pour les usagers de France Travail, le gouvernement n’a cessé de tenter des réformes. "La première fois, c'était en octobre 2021 quand on a intégré dans le calcul de l'allocation-chômage les jours sans salaire, les jours sans travail et les jours entre deux contrats. Et puis la deuxième fois, c'est en février 2023 où on a réduit de 25 % la durée d'indemnisation pour tout le monde".

Mais pour lui, le résultat est que le taux de chômage continue d'augmenter et que le nombre d’inscrits à France Travail stagne. "Qui peut croire que si on affame les chômeurs, ça va faire pousser des emplois ? relève-t-il. Qui peut croire que les employeurs vont embaucher du personnel non qualifié ou non apte ?"

Il faut comparer ça avec n'importe quelle autre assurance. Normalement quand on souscrit à une assurance, on devrait s'étonner que notre compagnie d'assurance change les garanties en cours de route

Yann Gaudin

Selon lui, "la vraie incitation, c'est de rendre l'emploi désirable", notamment en améliorant le bien-être au travail. 

"Plus de souplesse et d'agilité" pour le Medef

De son côté, Éric Challan-Belval, le président du Medef d'Ille-et-Vilaine, estime que cette nouvelle réforme permettra "plus de souplesse et d’agilité". Il dit aussi comprendre que l’État "cherche à faire des économies" à travers cette nouvelle réforme de l'assurance chômage.

Selon le ministère du Travail, le gouvernement attend 3,6 milliards d'euros d'économies et projette une augmentation "de 90 000 le nombre de personnes en emploi".

Cependant, Éric Challan-Belval explique que si demain le chômage explose, il faudra à nouveau "sécuriser les demandeurs d'emploi", de même que si ces mesures ne marchent pas, "il faudra être pragmatique et faire autrement"

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