"Il faut sauver la PJ", s’inquiètent dans un communiqué les différents syndicats de la magistrature. Dans une déclaration commune, ils appellent à des rassemblements de protestations contre la réforme de la Police Judiciaire. Les délégués régionaux des syndicats pour la Bretagne donnent rendez-vous à leurs collègues à Brest et à Rennes le lundi 17 octobre 2022 entre 12h et 14h.
Ils sont inquiets et ils veulent le faire savoir. Les représentations syndicales des magistrats ont décidé de faire front commun pour soutenir leurs collègues de la Police judiciaire qui protestent depuis plusieurs semaines contre la départementalisation de la PJ, à compter de 2023.
l’Union Syndicale des Magistrats (USM), le Syndicat de la Magistrature (SM) et l’Association Française des Magistrats Instructeurs (AFMI) appellent à des « rassemblements de protestations », partout en France, le 17 octobre 2022 entre 12h et 14h. En Bretagne, les rassemblements se tiendront à Rennes et Brest.
"Graves atteintes à l’efficacité des enquêtes et à l’indépendance de la justice"
Sur le papier, la départementalisation de la police judiciaire consiste à unifier le commandement des différents services de police (police judiciaire, police aux frontières, sécurité publique, renseignement) sous l’autorité d’un directeur départemental de la police nationale (DDPN). Il sera alors le seul interlocuteur du préfet sur les questions touchant à la sécurité intérieure.
Un effort de "simplification", de "rationalisation des moyens" et d’efficacité mis en avant par le ministre de l’intérieur. Gérald Darmanin juge que cette réforme est "courageuse, indispensable et difficile".
Les magistrats syndiqués ne l’entendent pas de cette oreille : "Derrière ce projet de réforme présenté comme une simple réorganisation se dissimulent des bouleversements majeurs de nature à porter gravement atteinte à l’efficacité des enquêtes et à l’indépendance de la justice."
Avec cette réforme, "des critères d’opportunité pourront guider la répartition des moyens par le DDPN : exigences statistiques, pression des élus, spécificités de la délinquance locale", dénonce encore le communiqué.
"C’est privilégier l’arrestation du petit trafiquant, aussitôt remplacé, plutôt que le démantèlement des réseaux, ou du vendeur à la sauvette plutôt que de ceux qui l’exploitent. C’est porter un coup fatal à la lutte contre la criminalité organisée ou contre la délinquance économique et financière déjà si mal en point."
Les magistrats, comme les policiers, craignent également une atteinte au secret des enquêtes et au principe constitutionnel de la séparation des pouvoirs.