Réforme des retraites. Après les dégradations à Rennes : entre écœurement, peur et incompréhension

Après les nouvelles dégradations en marge de la mobilisation contre la réforme des retraites hier jeudi 23 mars, la ville de Rennes panse à nouveau ses plaies. La tension est montée d'un cran. Vitrines, mobiliers urbains, tags et commerces saccagés. Entre ras le bol, crainte et interrogations sur la suite des évènements, les habitants sont partagés entre colère et incompréhension.

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Ce vendredi matin, c'est à nouveau un spectacle désolant qui s'offre dans le centre-ville de Rennes après les dégâts occasionnés suite à la manifestation officielle contre la réforme des retraites de la veille. 

Dans les rues, les passants croisent les agents du service propreté de la ville qui s'affairent quotidiennement à faire disparaître les tags anti-gouvernementaux qui souillent les murs. Au sol, ce sont des débris de verre brisés, de bouteilles cassées, qu'il faut éviter. On s'est habitué à voir les poubelles qui débordent ou calcinées après avoir été incendiées.

Les usagers du bus patientent à côté d'abris qui ont été partiellement, voire totalement détruits. Certains sont enveloppés de bâche en plastique noir, dans l'attente d'une réparation. Une autre habitude : voir les devantures de commerces protégés par des panneaux de bois.

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En route pour aller travailler, ce jeune homme confie : "ces dégâts m'écœurent, ça n'a rien à voir avec la mobilisation. Ces casseurs expriment leur colère, il y a un ras-le-bol général, mais il y a des limites pour revendiquer".

Plus loin, deux jeunes filles s'interrogent. "Faut-il en arriver là ? Les dégâts ne sont pas nécessaires, ce  n'est pas comme cela qu'il faut se faire entendre. "

Cette casse, est-ce que ça ne va pas desservir la cause, les gens risquent de ne retenir que cela. Est-ce comme cela qu'il faut malgré tout se faire entendre ? L'avenir le dira.

Une passante

Dans le centre-ville, la vie est au ralenti depuis le début des manifestations. Moins de clients dans les boutiques, les vitrines des agences bancaires et immobilières protégées par des panneaux de bois. Un drôle de climat s'est installé, et à chaque nouvel affrontement entre force de l'ordre et manifestants ultras, ce sont de nouveaux moments d'angoisse pour les commerçants.

C'est dommage et c'est détestable, mais vu les circonstances, c'est prévisible. Il n'y a que "là-haut" qu'on ne mesure pas ça, surtout après la prise de parole d'Emmanuel Macron qui n'a fait qu'accentuer les choses.

Un passant

Ce jeudi 23 mars, c'est l'agence immobilière Imoja, située au bout du quai Lamenais dont la façade a été vandalisée, avec intrusion et saccage à l'intérieur des locaux.

Pour François, militant CFDT, qui constate les dégâts en passant devant la devanture, c'est la consternation. "Les syndicats essaient de canaliser la violence, explique-t-il," mais c'est difficile. "On demande à la population de rester raisonnable alors que les conditions de vie et les conditions de travail se dégradent". Pour autant, il s'interroge. 

L'agence immobilière Imoja qui a été visée dépend d'Aiguillon construction : c'est du logement social. Pourquoi la viser ? Ce n'est pas une banque comme la succursale d'HSBC en face. Les types qui ont fait ça n'ont pas de culture. Il n'y a pas de sens politique dans cette violence.

François

Militant CFDT

Dans le magasin de coiffure tout proche, on ne comprend pas. La patronne raconte : "C'était juste une horreur, on était bloqué dans le salon. Pendant deux heures, ça volait, des parpaings, des barres de fer, ça pouvait tomber sur n'importe qui et à n'importe quel moment !"

Les commerçants et la maire de Rennes interpellent Emmanuel Macron

Je suis en colère. Toute la ville est détruite. Cela fait 11 ans que je travaille ici, je n'ai jamais vu ça. Là c'est juste le Président qui peut faire quelque chose et il ne faut plus attendre.

Claire

Salon Saint Germain Coiffure

Hier, dans un communiqué, la maire de Rennes Nathalie Appéré en appel elle aussi au chef de l'Etat. "Les agents municipaux se démènent pour réparer, nettoyer, sécuriser nos rues. Cela ne suffit plus à lui rendre le visage que nous lui connaissons" écrit-elle, appelant le Président de la République à "un geste fort, d'un geste d'apaisement".
"Des dizaines de milliers de personnes vous l'ont demandé pacifiquement, à l'appel des organisations syndicales... Écoutez-les, écoutez-nous : retirez cette réforme des retraites "
conclut-elle.

Rennes attend la prochaine mobilisation syndicale annoncée pour mardi prochain, 28 mars et ce samedi, une manifestation annoncée par le Collectif Maison du Peuple contre les répressions policières. 

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