La contestation sur la réforme des retraites continue. En Bretagne, deux centres de traitement des déchets restent bloqués. Une action qui s'inscrit dans la durée avec des profils de salariés très différents, qui tiennent les piquets de grève.
Ce mercredi 29 mars, au lendemain de la 10è journée de mobilisation contre la réforme des retraites, ils sont deux au centre de traitements des déchets de Chartres-de-Bretagne tôt le matin. L'un est fonctionnaire à la retraite tandis que l'autre est employé territorial. Ils tiennent le piquet de grève du site. Pendant que certains sont partis au travail, ils attendent la relève devant le site de collecte.
À Pacé, sur l'autre site de collecte de la métropole rennaise, l'organisation est la même. Ils sont quatre à avoir passé la nuit devant le centre. "Le but, de l'organisation syndicale sur un piquet, c'est de réglementer, sécuriser, faire que les choses se passent dans la bonne humeur. Et c'est ce qu'il se produit sur les piquets Suez. C'est encadré et c'est aussi pour ça que ça tient dans la durée", souligne Stéphane Morandeau, permanent syndicat Sud C.T.
300 personnes à se relayer nuit et jour
En apparence, ils sont peu nombreux. Mais en réalité, ils sont 300 à se relayer nuit et jour sur ce site. Une organisation gérée via un planning qui circule sur les réseaux sociaux. De nombreuses professions y sont représentées. "On a des profs, des aides-soignants, des jardiniers, des personnes qui travaillent dans la voirie, des gens du privé qui viennent nous voir après leur journée de travail", enchaîne Magali Redouté, permanente syndicat Sud C.T.
On nous amène à boire, à manger… Il y a des relais de nuit, de jour, c'est 24 / 24, 7 jours sur 7
Stéphane Morandeaupermanente syndicat Sud C.T
S'ils tiennent, c'est également grâce aux caisses de solidarité. "On est à presque 20 000 euros pour Solidaires, à deux millions dans d'autres caisses de grève. Il y a vraiment une solidarité. On nous emmène à boire, à manger… Il y a des relais de nuit, de jour, c'est 24 h sur 24, 7 jours sur 7", constate Stéphane Morandeau. Pour alimenter la caisse de solidarité de certains grévistes présents sur ces sites depuis trois semaines, un concert a été organisé.
Mettre en lumière ce métier précaire
Tous dénoncent cette réforme et l'utilisation du 49.3 par le gouvernement, les salaires qui n'augmentent pas et la précarité des personnes qui ramassent nos déchets, les rippers. "C'est énormément d'intérimaires qui font ce métier. C'est aussi mettre en lumière ce métier, car quand les villes sont propres, les gens disent que c'est propre, par contre dès qu'il y a des poubelles dehors, ils disent que c'est dégueulasse, sauf qu'on ne pense pas aux gens qui font ce travail-là. Ce sont souvent des métiers précaires", précise Magali Redouté.
La grève du ramassage des ordures à Rennes ne semble pas s'orienter vers une pause comme à Paris, où la CGT a suspendu le mouvement depuis mercredi 29 mars.
Avec Gilles Raoult