Des peines de deux à cinq ans de prison ferme ont été prononcées vendredi par le tribunal correctionnel de Rennes à l'encontre de treize chauffeurs routiers roumains et leur patron pour 700 vols de roues de poids-lourds.
La peine la plus lourde, cinq ans a été prononcée contre le patron Silviu Pietrosanu, 42 ans. "On va faire appel", a déclaré son avocate, Me Sabrina Baudet. Le procureur avait requis des peines de trois à six ans. Les prévenus, des chauffeurs routiers professionnels, travaillaient pour la société roumaine Evitrans au moment des faits. Ils profitaient de leur temps de repos pour voler des roues de poids-lourds, qu'ils ramenaient ensuite en Roumanie avec leur cargaison pour les revendre entre 200 et 350 euros pièce, soit l'équivalent de leur salaire mensuel.
Les vols leur permettaient parfois de "quintupler leur revenu par le nombre de roues dérobées", a pointé le procureur Arnaud Marie dans son réquisitoire. Les enquêteurs ont dénombré 80 vols de ce type entre novembre 2013 et novembre 2016, pour un préjudice évalué à 676.000 euros.
Plus de 200 roues volées chacun
Certains prévenus, dont sept sont détenus, sont soupçonnés d'avoir dérobé chacun plus de 200 roues au total. Ils ont été confondus par le bornage de leurs téléphones portables sur les lieux des vols, la plupart du temps des lieux de stockage de poids-lourds dans des zones industrielles.
"C'est une activité d'une extrême rentabilité", a dit le procureur, citant une "délinquance sérielle, de basse intensité" au préjudice d'entreprises. Le magistrat avait requis de trois à quatre ans de prison à l'encontre des chauffeurs, réservant la peine la plus lourde - 6 ans - à leur patron. Ce dernier a encouragé les vols "par son silence", l'absence de sanctions disciplinaires et la "fourniture des moyens nécessaires" à leur réalisation, a avancé le procureur.
Je savais ce que la plupart de mes chauffeurs faisaient. Je les laissais faire, pour les garder, j'étais content de leur travail
M. Pietrosanu, savait ce qui se passait et a laissé faire. Il a déjà été condamné en 2012 en Belgique pour des faits similaires. "Je ne nie pas les vols, mais après chacun assume ses responsabilités", a ajouté le patron.
Ses employés, tous nés à Pucioasa, à 100 km au nord de Bucarest, ont reconnu les faits, affirmant qu'ils n'auraient pas pu s'en sortir financièrement sans commettre ces vols.
Les chauffeurs siphonnaient également le carburant d'autres camions à l'aide de pompes.
"Les conditions de vie de ces jeunes gens sont effectivement très difficiles", a avancé une de leurs avocates, Me Bénédicte Gosselin, soulignant que les vols n'avaient engendré "aucune violence". Plusieurs prévenus sont connus pour des faits similaires en Allemagne, en Belgique et en Autriche.