Un professeur de sport d'un collège d'Orgères, près de Rennes, comparaissait devant le tribunal correctionnel de Rennes. Poursuivi pour une série d'agression sexuelle sur son fils et pour détention d’images pédopornographiques en récidive, il a été condamné à trois ans de prison ferme.
Au cours de l'audience qui s'est ouverte à Rennes ce mardi après-midi, l'enseignant n'a cessé de maintenir sa version, comme il l'a fait tout au long de la procédure judiciaire. S'il reconnaît la détention de plus de 13 000 images pédopornographiques retrouvées dans son ordinateur, il nie toujours avoir agressé sexuellement son fils. Ces agressions qu'on lui attribue auraient eu lieu lors de deux périodes, de janvier 2003 à octobre 2006 et de janvier à décembre 2010.
"Je reste absolument persuadé que je n'ai rien fait à mon fils comme je l'ai toujours affirmé et comme je le maintiendrai longtemps" a-t-il expliqué à la barre.
"Un puissant mécanisme de déni"
Lors de l'évocation du profil psychiatrique de l'enseignant, l'expertise a mis en avant "une structure mentale perverse avec un puissant mécanisme de déni". "Ce déni est à ce point poussé chez le prévenu que l'on en arrive à se demander s'il s'agit d'un phénomène conscient ou inconscient" précise le rapport d'expertise.
L'expertise a fait état d'une "homosexualité latente refoulée" en rapport avec la relation affectueuse que l'enseignant avait eu avec son cousin lors de son adolescence.
"J'attends de lui qu'il avoue"
Le fils, majeur à ce jour, et qui avait dénoncé fin 2010 les agissements de son père, explique à la barre qu'il a attendu plusieurs années avant de le dénoncer car il avait peur d'envoyer son père en prison sous le coup d'une condamnation avec sursis.
Le président Nicolas Léger évoque alors "les comportements de déviance" dont le fils a été l'auteur avec d'autres jeunes gens, "des traumatismes qu'il a déjà vécus" et qui l'ont mené jusque devant un juge pour enfants.
"Je me demande s'il n'était pas aussi gentil avec moi pour avoir ce qu'il voulait. Je ne sais pas s'il m'aime vraiment. Si c'était le cas, il avouerait comme moi je l'ai fait pour les bêtises que j'ai faites" témoigne le jeune homme.
A la question de savoir s'il a été manipulé dès le début par sa mère pour qu'elle puisse avoir la garde exclusive, comme le suggère le père, le fils répond "Non, c'est faux. J'attends de lui qu'il avoue pour que j'aille mieux et que lui aille mieux".
Fin mars 2015 ce professeur d’EPS du collège Andrée Récipon à Orgères (Ille-et-Vilaine) était suspendu à titre conservatoire par l’Education nationale.
Suspendu depuis mars 2015
En mars 2015, l'ex-compagne de l'accusé prévient l'Education nationale que son ancien compagnon a été condamné en 2006, pour des faits de pédopornographie. A l'époque, l'enseignant avait écopé de deux ans d'emprisonnement avec sursis, et mise à l'épreuve pendant trois ans. Rien n'avait alors permis de conclure à des agressions d'élèves.Quelques années plus tard, leur fils porte plainte contre son père pour abus sexuel entre 2003 et 2006 alors que le garçon avait entre 5 et 8 ans. De nouveau, des milliers de contenus pédopornographiques sont retrouvés au domicile du père.
L'enseignant est mis en examen en juin 2011 et placé sous contrôle judiciaire, mais là encore continue d'enseigner. L'ex-compagne se rapproche alors d'une association de parents d'élèves et contacte à nouveau l'Education nationale.
L'enseignant du collège d'Orgères exercera encore quatre ans avant qu'il ne soit suspendu fin mars 2015 par le rectorat de Rennes, prévenu par le procureur de la République conformément à une circulaire entrée en vigueur le 11 mars de la même année.Pédophilie : l'ex-compagne de l'enseignant d'Orgères suspendu dit avoir prévenu l'Education nationale
L'enseignant a été condamné à trois ans de prison ferme, avec obligation d'un suivi socio-judiciaire pendant sept ans. Il a également interdiction d'exercer une fonction avec des mineurs pendant dix ans et devra verser 10 000€ à la mère et 9 000€ à son fils.