Rennes : l'hôpital de jour numérique, une autre façon de soigner les patients

Le pôle Saint-Hélier propose un hôpital de jour numérique, une prise en charge qui a vu son installation s'accélerer avec l'épidémie. Pendant un laps de temps déterminé, les patients bénéficient d'un programme plurisdiciplinaire et à distance.

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"Vous allez faire ce mouvement, avec vos bras. Est-ce que ça va là ?". Vincent est kinésithérapeute au pôle Saint-Hélier à Rennes. Il est 11 h ce jour-là. Dans une petite salle à l'étage, casque audio vissé sur la tête, webcam et ordinateurs branchés, il est en pleine séance avec Nathalie, atteinte de sclérose en plaques. Pendant 30 minutes, ils enchaînent les exercices. "Est-ce que vous avez un balai chez vous ?", demande-t-il à un moment. Les objets du quotidien participent au travail des épaules.

Pendant le confinement, on a constaté chez certains malades, une perte d'autonomie car ils ne sortaient plus de chez eux, n'allaient plus chez leur kiné. Je pense qu'à ce moment là, certains se sont sentis abandonnés

Docteur Anne-Laure Roy, spécialiste en médecine physique et de réadaptation, responsable de l'hôpital de jour numérique

Le pôle Saint-Hélier a mis en place l'hôpital de jour numérique depuis avril 2020. L'épidemie et les confinements ont accéléré la pratique.

Aujourd'hui, 112 patients bénéficient de ce dispositif, qui vient compléter l'offre de soins en présentiel. Pendant un mois, sur trois jours fixes, les patients (atteints de lombalgie, de la maladie de Parkinson ou de sclérose en plaques principalement) participent à trois activités, lors de séance individuelles ou collectives (maximum 3 personnes). La prise en charge se veut pluridisciplinaire : kinésithérapie, ergothérapie, activité physique adaptée et selon les besoins : suivi nutritionnel, consultation avec un médecin...

Le numérique ne remplace pas, il vient en plus. Il faut parler d'une alternance plutôt que d'une alternative

Anne-Laure Roy, responsable de l'hôpital numérique explique : "Le numérique nous permet de cibler des patients qui n'ont pas accès à la rééducation, qui ne peuvent pas s'arrêter 4 semaines de travailler (les professions agricoles ou libérales)." Le coronavirus freine aussi les ardeurs. "Les gens ont parfois peur, ces derniers temps, de venir en centre." 

Tous les patients ne peuvent pas entrer à hôpital de jour numérique. Une consultation préalable, au centre de réadaptation, établit les risques, le potentiel. "Si quelqu'un a de gros problèmes d'équilibre, ce n'est pas raisonnable."


Jouer avec le domicile


"On apprend aux soignants à se projeter dans le domicile, et aux patients aussi", relève le docteur Benoît Nicolas, directeur médical. Il s'agit ici de favoriser l'autonomie, chez les gens, en utilisant des objets du quotidien. Facile de prendre une bouteille d'eau ou une boîte de conserve comme haltère. Et on ne ménage pas ses efforts. "Des personnes nous ont dit de ne pas s'attendre à une telle intensité, et à la fatigue qui va avec" souligne le docteur Anne-Laure Roy.


L'intimité de la maison facilite parfois les confidences et les progrès. Les décors changent. Nicolas, le kinésithérapeute se souvient d'une séance à distance, lui à Rennes, son patient...sur un bateau. 

Il évoque aussi une anecdote : "J'avais un monsieur qui n'arrivait pas, physiquement, à porter ses enfants. Il avait peur de jouer avec eux car cela provoquait des douleurs. Il s'en est ouvert plus facilement et une fois ses enfants ont fait les exercices avec lui. L'entourage participe et se rend compte."

Nathalie a elle démarré mi-décembre. Sa sclérose en plaques évolue depuis trois ans. Elle ressent plus de difficultés, une sorte de ralenti. Elle sourit : "Je fais des choses comme ma mère qui a 25 ans de plus que moi." Ces séances à distance, organisées, lui donne "un coup de fouet" et cela "reste convivial". Elle y voit un effort sur elle-même, indispensable pour entretenir son corps. 

L'équipe du pôle Saint-Hélier inscrit l'hôpital de jour numérique dans la durée. "C'est l'avenir désormais." Au-delà des 4 semaines, les patients peuvent continuer à travailler de leur côté, en piochant dans leur livret de rééducation numérique. Les médecins aimeraient élargir l'expérience en instaurant un suivi avec les professionnels de santé libéraux. 

 

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