De l'art thérapie gratuite pour les étudiants, c'est ce qu'a initié l'association Pool d'Art à Rennes. En cette période de crise sanitaire, cinq professionnels proposent plusieurs ateliers gratuits : arts-plastiques, musique, écriture, théâtre, des temps où chacun tente de lâcher prise.
Se vider la tête, stimuler ses sens. Voilà longtemps que Sacha, 21 ans, ne s'était pas accordée un moment de détente. Lassée par les cours à distance, déprimée par cette routine, elle participe à un cours d'art thérapie, autour de la musique et s'essaie à différents instruments. Ici, sa parole se libère sous une autre forme et lui permet d'exprimer ses angoisses. "Le fait de parler ce n'est pas quelque chose de simple pour moi, je trouve ça plus facile par ce biais. C'est chouette", explique la jeune fille qui se dit fatiguée moralement. "Cela fait du bien de sortir pour voir de nouvelles choses, se changer les idées."
Comme elle, ceux qui le souhaitent peuvent s'initier à des pratiques artistiques grâce au collectif rennais Pool d'Art qui a eu l'idée de mettre l'art thérapie à portée des étudiants. Les séances sont gratuites, contre 60 euros habituellement. Le collectif avait déjà entrepris ce travail, auprès des soignants, éprouvés par le rythme de l'épidémie.
Redonner une saveur existentielle
Claire Nicolas, art thérapeute du collectif constate : "Dans nos pratiques en libérale, on rencontre de plus en plus d'étudiants, de lycéens qui décrochent, qui ne vont pas bien. Ce sont des gens qui n'ont pas le budget pour se payer ce genre de séance. Avec mes collègues, on s'est dit qu'il fallait faire quelque chose et on a réfléchi à comment donner du temps. Cela permet aussi de rassurer les parents de ces jeunes, parfois loin d'eux, de savoir qu'ils ont un soutien."
Elle note : "Le goût de vivre c'est important, pour apprécier la vie, pour avoir envie de continuer, pour s'inscrire dans des projets, croire à sa réussite. Trouver du sens à sa vie c'est compliqué en ce moment, surtout pour les gens privés des choses essentielles."
A travers l'art, les ateliers dispensés misent sur les sensations, le toucher, le rapport au corps, que les thérapeutes remettent en mouvement, analyse. Parler n'est pas obligatoire. Sandra Goyer, art thérapeute explique : "Je dois guider la personne, par le biais de la technique. Je ne sais pas forcément ce qui se passe à l'intérieur mais je peux observer tous les petits signes physiques qui font qu'une personne peut se retrouver dans une impasse."
Pour Elena, justement c'est une première séance. Elle découvre la peinture, un univers qu'elle méconnaît totalement. "Cela permet d'avoir de bonnes sensations mais j'ai du mal à avoir un lâcher prise. C'est compliqué pour l'instant de trouver ça agréable."
Le collectif promet de soutenir les étudiants, jusqu'à la fin de l'année scolaire. Les inscriptions se font en ligne sur le site de Pool d'Art.