Rennes. La lutte contre la bétonisation s'organise, un concert de casseroles place de la mairie

A Rennes, de nombreuses voix s’élèvent contre la densification urbaine et les grands projets immobiliers. Une cinquantaine de personnes du collectif R-math ont bruyamment manifesté sous les fenêtres du conseil municipal, autour du mot d'ordre : "stop à la démesure".

Un concert de casseroles sous les fenêtres du conseil municipal, place de la mairie à Rennes. C'est ainsi qu'une cinquantaine de membres du collectif baptisé R-Math, pour Rennes Métropole A Taille Humaine, a décidé de faire entendre sa voix pour dénoncer la politique de bétonisation de la ville, et surtout le manque de concertation avec les habitants. Dans son viseur : des projets de "Tour" allant jusqu'à 17 étages, à proximité de zones pavillonaires. 

Faire entendre la voix anti-bétonisation

Depuis quelques années, des projets immobiliers naissent un peu dans tous les quartiers. Des projets qui inquiètent les riverains, qui voient se dégrader leur qualité de vie. Partout, à la Poterie, à la Croix-rouge, à Alphonse-Guérin, des associations se créent pour dénoncer la politique de densification urbaine de la ville de Rennes.

Rennes est une ville attractive. L’affirmation est flatteuse, tant pour la mairie que pour ses habitants. Mais derrière, il y a la rançon du succès : il faut construire, encore et toujours, pour accueillir les 4 à 5000 habitants qui arrivent chaque année dans la ville.
 


Concertations en trompe-l’œil ?

"Chaque collectif a pu rencontrer la municipalité dans le cas de son combat individuel, explique Françoise, membre du collectif. A chaque fois, on a eu une fin de non-recevoir, c’est ce qui nous a incités à nous réunir. Ils refusent de nous entendre, quoiqu’on dise, quoiqu’on fasse, rien ne changera. Les quelques ajustements sont vraiment à la marge, ça va être la couleur d’un bâtiment ou un rabotage de quelques étages. Mais rien sur le fond. On a compris qu’il était tout à fait stérile d’essayer de négocier avec les élus".


Respecter les espaces naturels

Marc Hervé, lui, rappelle que pour accueillir les nouveaux arrivants, il vaut mieux construire en hauteur, pour ne pas s’étaler sur les espaces naturels, et notamment rogner sur la fameuse ceinture verte, spécificité de Rennes. D’ailleurs, l’opération Rennes 2030, une grande concertation avec les citoyens sur les projets urbains de la ville, préconise la continuité des espaces naturels.

On constate que sur beaucoup de projets urbains, il n’y a pas de coefficient de végétalisation, on constate aussi qu’il y a de plus en plus de squares qui sont rognés pour laisser place à des bâtiments. Le moindre espace peut donner lieu à un immeuble. C’est une atteinte aux promesses de ville verte qui avaient été faites pendant la campagne.

Françoise, membre du collectif R-Math

Mais celle-ci ne serait pas respectée, affirme Françoise, du collectif R-Math. "On s’est rendu compte que beaucoup d’espaces urbains allaient être ouverts à la densification. Notamment toutes les zones d’EAU (Zones à urbaniser), des parcelles entières vierges, de champs, de bosquets qui vont pouvoir bientôt être bétonnés sur les différentes communes."


Le cadre de vie dégradé

Les riverains en colère, ou tout simplement inquiets, dénoncent surtout la dégradation de leur cadre de vie. "Les gens qui prennent des décisions pour nous ne vivent pas dans nos quartiers, poursuit Françoise. Il y a certainement des endroits où des tours de 17 étages ne gênent pas. En revanche, dans un quartier pavillonnaire ou de petits collectifs, c’est évident que ce sera dommageable en terme d’ensoleillement ou de nuisance. Je pense qu’il y a des objectifs de quantité, plutôt que de qualité, et il faut atteindre ces objectifs coûte que coûte".


La ville se défend en affirmant qu’elle cherche le bon point d’équilibre

Pour Marc Hervé, adjoint à l’urbanisme à la ville de Rennes, "l’inquiétude des riverains est normale.  Nous avons un défi majeur à relever. Il faut trouver le bon point d’équilibre entre maintenir le cadre et continuer à avoir une ville qui accueille, sinon on sera obligé d’exclure de la ville certains habitants".

Après l’exploitation de quartiers comme Beauregard, la Courrouze ou encore la plaine de Baud, les possibilités de développement intra-rocade ont été épuisés. Désormais, il faut construire en hauteur, pour ne pas s’étendre, empiéter sur la ceinture verte et pour maintenir le cadre de vie.

« Il ne s’agit pas de construire pour construire mais d’apporter des réponses aux enjeux immobiliers, ajoute Marc Hervé. La ville construit aussi du locatif social pour que Rennes soit accessible à tous. Pour nous, c’est très important".

 

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