Face aux trafics de drogue, le sentiment d'insécurité grandit dans le centre historique de Rennes. Las de constater et de subir cette situation, des commerçants et des habitants réclament des renforts notamment en policiers.
"Un matin, j'ai trouvé un sandwich avocat-tomate... et poudre". Cette commerçante de la rue Leperdit ne semble même plus étonnée tant le trafic de drogue semble s'opérer au vu et su de tout le monde depuis plusieurs mois.
Des mineurs entre 14 et 16 ans
"Ça commence dès 17 heures, dans l'angle de la rue. Des garçons, quelque fois des filles, viennent et attendent le client en buvant des bières. Des clients, parfois en costume, qui viennent en voiture faire leurs achats". Selon les témoignages, plusieurs bandes de jeunes se donneraient le tour. Actuellement, il s'agirait plutôt de mineurs isolés étrangers très jeunes, entre 14 et 16 ans.
Les clients fuient
Dans cette rue du centre-historique de Rennes, bordée de maisons à colombages et de commerces plutôt chics, le trafic de stupéfiants, les incivilités et l'insalubrité croissante exaspère les riverains. "Ce sont surtout les clients qui n'aiment pas", précise une responsable de boutique. "Avec moi, ils sont gentils, parfois même souriants. On ne peut pas parler d'agressivité."
Ce qui agace, ce sont les canettes, les seringues, les vitrines cassées sans parler de l'urine sur les devantures de magasins. Le matin, les trottoirs sont très sales. "Regardez ce qu'ils utilisent et cachent ensuite", témoigne la vendeuse en exhibant une barre métallique.
Il faudrait 50 policiers supplémentaires
Dans le centre-ville de Rennes, le phénomène n'est pas nouveau. Un temps concentré place Sainte-Anne, les trafics se sont déplacés dans les rues adjacentes après l'installation de plusieurs caméras sur la place. D'autres secteurs sont concernés: place de la République, rue d'Isly près de l'esplanade Charles-de-Gaulle; d'autres "petits commerces de plein air" ont également cours dans des quartiers périphériques.
"Pourtant, on voit des policiers", reconnaissent plusieurs commerçants de la rue Leperdit. "Plusieurs nous ont même laissé leurs numéros de portable".
Problème; la police municipale, dont les effectifs ont été renforcés l'été dernier pour monter à 70 agents, ne peuvent traiter que les affaires d'incivilité ou de stationnement. Le trafic de stupéfiants relève de la police nationale. Or, selon Frédéric Gallet secrétaire départemental du syndicat de police Alliance, il manquerait une cinquantaine de policiers à Rennes pour faire face à la délinquance croissante.
Réouverture du commissariat de proximité
La maire de Rennes, Nathalie Appéré, a réclamé des renforts de policiers nationaux, fin septembre.
Le dispositif de police de sécurité du quotidien avait été annoncé, en juin dernier, pour Rennes dans le centre-ville et le quartier de Maurepas.
En attendant, les commerçants de la rue Leperdit, qui se disent abandonnés, ont décidé de s'organiser en association. Ils réclament aussi la réouverture du commissariat de proximité de la rue de Penhoët.