Le 17 mars 2021, deux jeunes hommes, sans lien avec le trafic de drogue, étaient blessés par un dealer, à côté du Carrefour city de Cleunay. L'un des deux frères, touché à la tête, décèdera le lendemain. En plein jour et à proximité de l'école du quartier, ce drame a laissé des traces.

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Trois échanges de coups de feu. Trois règlements de compte dont le troisième est mortel. Dans le quartier Cleunay, à  l'Ouest de Rennes, l'année 2021 a commencé par un blessé par balle, un soir de janvier. Le 16 mars, un autre homme est touché.

Et puis le 17 mars, à 13h45, alors que l'entrainement de foot du mercredi après-midi a commencé pour les enfants, sur le terrain à une centaine de mètres, deux hommes s'effondrent. L'un des deux blessés tente ensuite de ranimer son frêre, touché à la tête. En état de mort cérébrale, le jeune Hamzat, un Tchétchène de 23 ans, sera déclaré décédé le lendemain. D'après la police, les deux jeunes n'avaient aucun lien avec le trafic de drogue qui prenait place en bas de leur immeuble. Ils auraient même voulu en faire déguerpir les dealers. Interpellés, le titeur présumé et l'individu qui l'accompanait encourent la prison à perpétuité pour meurtre en bande organisée.

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Présents mais plus discrets

En ce mois de septembre, lorsque la cloche sonne dans l'école, les familles dressent un bilan contrasté des six mois écoulés depuis le drame. "Le dealers sont toujours là, mais ils sont plus discrets", constate Nicolas Gaudin, père de deux enfants scolarisés à l'école Champion de Cicé, au coeur du quartier où résident 16 500 habitants.  D'ailleurs, il n'y a pas eu, à Cleunay, de tir par arme à feu ni de règlement de compte depuis la mort de Hamzat.

Le bruit des feux d'artifice

Il n'empêche, les parents des enfants du quartier ne sont pas soulagés pour autant. "Mes petits garçons qui ont 9 et 10 ans, lorsqu'ils entendent un feu d'artifice ou des bruits de pétard, ils me demandent si quelqu'un est en train de tirer avec une arme", souligne Guylaine Benech devant la grille de l'école. "Ils me le demandent de manière presque banale", note-t-elle avec amertume.

"Vivre des choses sympa dans ce quartier"

De son côté, Armelle se rejouit de l'élan de mobilisation,  après le choc de la fusillade. Avant les vacances d'été, fête de quartier et fête de l'école ont rassemblé beaucoup de monde.

"On a senti que les gens vraiment ne voulaient pas avoir un quartier stigmatisé sur la question de l'insécurité. Et qu'on voulait continuer à vivre des choses sympa dans ce quartier."

Armelle Gac, membre de l'association des parents d'élèves de l'école Champion de Cicé

Fermeture de classe

"Par contre, à la rentrée, ça a été la douche froide", note Carine Maturel, une autre maman. "On nous a promis que le paquet serait mis sur l'école Champion de Cicé et finalement on a une fermeture de classe, alors qu'on accueille plus d'enfants que l'année dernière". 

"On veut bien s'investir dans la vie du quartier mais on a besoin de signaux positifs, notamment du ministère de l'Education nationale, pour que les choses changent, et surtout, que ça ne se dégrade pas davantage," poursuit Armelle.

Karim, père de deux enfants scolarisés à Cleunay, aimerait partir. Il habite à proximité du point de deal où ont eu lieu deux des trois fusillades du début d'année. "J'ai grandi en cité à Paris, et maintenant je préfèrerais vivre en dehors de Rennes. Mais mon épouse réfuse de s'éloigner du centre-ville."

Proche centre-ville et desservi par le métro

D'ailleurs, la position géographique du quartier n'est pas pour rien, selon la police, dans la convoitise qu'il suscite auprès des trafiquants de drogue. A deux pas du centre-ville, facile d'accès en voiture, et bientôt relié par le métro.

D'après le Directeur départemental de la Sécurité Publique, le policier Luca Togni, c'est aussi l'agencement du quartier, avec ses petites places et ses recoins à l'abri des regards, qui en fait un lieu apprécié des dealers venant parfois d'autres quartiers.

"Le trafic se maitient sur trois sites, cela ne concerne pas tout le quartier. Nous, nous poursuivons les interpellations et les présentations à la justice, et nous travaillons sous l'autorité du Procureur qui nous demande d'avoir un action forte sur ce secteur."

Luca Togni, Directeur départemental de la sécurité publique

 

"Un quartier où il fait bon vivre", c'est ainsi que la plupart des habitants rencontrés définit Cleunay. Et chacun semble s'employer à préserver cela.

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