Loïc Hervé réalise ses sculptures en assemblant le granit, le cuivre oxydé, le textile. Dualité de ces matériaux faisant écho à la fragilité de nos existences et à la résistance aux tempêtes. Avec sa nouvelle série "Exil", la mer reste au cœur de l’univers de cet artiste rêveur.
À quelques pas de Rennes, on entre dans l’atelier de Loïc Hervé comme dans un bateau. Les sculptures se déploient dans l’espace telles des calligraphies, les ‘‘brises lames’’ sur le sol tanguent sous nos pieds.
Ici, c'est le laboratoire, rempli de matériaux qui ne sont pas toujours faits pour vivre ensemble. La proximité de mes sculptures me permettent d'aller plus loin dans l’évolution du travail.
Cet ancien élève des Beaux-Arts de Paris largue les amarres en 1967 pour se lancer dans les campagnes de pêche à Terre-Neuve, puis sur d’autres continents. Ses quinze années de voyage autour du monde le libèrent de l’académisme enseigné lors de ses études.
Le monde maritime m’a construit pour la suite, j'essaie de retrouver les matériaux que j'ai observés sur les quais. Mon travail est basé sur la dualité lutte / résistance
De retour sur terre, le marin nous embarque dans son univers
Touché par les tragédies humaines, il invente son propre vocabulaire en restant fidèle au propos du sculpteur Eduardo Chillida,"Je ne représente pas, j’interroge".
De série en série: "Le repas des bourreaux", inspiré du génocide du Rwanda, "Lignes brisées", "Clair de mer", Loic Hervé maintient son cap, combinant les techniques mixtes, opposant les matériaux, détournant les objets, avec humour et poésie.
Le cuivre oxydé toujours au coeur de ses oeuvres marque l'empreinte du temps. ''Les intempéries doivent faire parti du travail !"
Bouleversé par le drame des réfugiés, Loïc Hervé crée une nouvelles série, l’Exil
Dans sa dernière recherche, le pied représente l’élément essentiel de la figure humaine.
C'est le pied de l'exil, l'humain se déplace à pied tout le temps pour passer d'un continent à l'autre, et ça continue. Mais l’homme est debout, il reste debout
Les filets de récupération multicolores glanés sur les plages de l’Ile de Groix se métamorphosent, sous les gestes de l'ancien marin, en symbole du bagage de ces silhouettes en marche,
''C'est le poids de l'histoire de chacun''.
Tels les "Dreamers anonymes", ces rêveurs d'aujourd'hui qui ne renoncent jamais révèlent progressivement leur présence dans l'antre du sculpteur aux yeux bleus rieurs.
La lumière décline, on entend le souffle du vent et peut-être au loin le bruit des vagues...
Loic Hervé expose en permanence à la Galerie Lélia Mordoch et à Miami et sur l’Ile de Groix à la Galerie Brigitte Charrier.