Santé. Fini les écouvillons ? Pour détecter les virus, des tests réussis sur des mouchoirs usagés

Préparez vos mouchoirs. Bientôt peut-être, pour détecter les virus respiratoires, on pourra se passer des écouvillons dans le nez. A Rennes, une équipe de médecins et scientifiques a testé avec succès la détection sur mouchoirs usagés.

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Cette étude bretonne va d’abord remuer de douloureux souvenirs, nous replonger dans cette époque pas si lointaine de la pandémie et de la multiplication des tests... Mais elle va surtout faire naître un bel espoir, celui qu’un jour peut-être pour détecter un virus, on puisse se passer des écouvillons, méthode très invasive.

Préparez vos mouchoirs 

Et si les tests sur des mouchoirs usagés étaient aussi efficaces, voire un peu plus, que les écouvillons dans le nez ? Il fallait y penser.

Ce sont des médecins et des scientifiques rennais qui proposent cette nouvelle méthode. L’idée a d’abord germé dans l’esprit Vincent Thibault, professeur à l'Université de Rennes, chef du laboratoire de virologie du CHU de Rennes, chercheur à l'Irset... et admirateur des exploits de la police scientifique.

"Si aujourd'hui les enquêteurs parviennent à détecter des fragments d'ADN sur des prélèvements vieux de plusieurs années, pourquoi ne serait-il pas possible de déceler des génomes de virus respiratoires sur des mouchoirs usagés, vieux de quelques jours ?" se demande-t-il.

Depuis que les analyses automatisées de biologie moléculaire sont devenues d'usage courant dans les laboratoires d'analyses médicales, la technique est devenue envisageable. Le médecin chercheur du CHU de Rennes a donc testé avec son équipe la faisabilité de la méthode.

Des tests sur des mouchoirs recueillis en crèche et à l’école

L’équipe a d’abord travaillé sur des mouchoirs d’enfants recueillis de manière collective dans une école primaire, et dans la crèche du CHU de Rennes, sur une durée d’un an.

L’objectif était de détecter la présence d'un virus respiratoire, d’abord dans un groupe, sans pouvoir remonter à un individu en particulier. Efficace.

Ici, le début d’une épidémie de grippe a été détectée rapidement. "Le virus est apparu dans cette crèche 6 semaines avant que le pic grippal soit atteint en France métropolitaine." 

Fiable pour le virus du Covid

Devant le succès de cette approche collective, l'équipe a ensuite recruté 30 volontaires atteints de symptômes respiratoires variés pour vérifier la sensibilité de la détection, mais de manière individuelle cette fois-ci.

"Chacune de ces personnes a été testée positive par la méthode standard : écouvillonnage nasopharyngé puis analyse par RT-PCR. Et le même jour, ces mêmes personnes ont fourni un mouchoir usagé testé selon la nouvelle méthode" décrit le scientifique dans une vidéo postée sur Youtube.

"Tous les mouchoirs ont permis de détecter le SARS-CoV-2, et pour deux tiers d'entre eux, de manière plus tranchée que par la RT-PCR" poursuit-il.

Un jour, on enverra peut-être son mouchoir au laboratoire

"Ces résultats très prometteurs restent à confirmer par d'autres études qui porteront sur des populations plus larges. Déjà, d'autres équipes ont publié des résultats qui confirment la faisabilité générale de cette approche", indique l'Université de Rennes.

Mais cette approche a aussi ses limites. Encore faut-il savoir se moucher correctement, pas toujours simple pour les enfants. "Et le travail en laboratoire d'analyse est un peu plus important, puisqu'il faut y réaliser l'extraction, réalisée à domicile dans le cas des écouvillons".

Pourtant, on peut imaginer dans un avenir proche un dépistage simplifié des infections à virus respiratoires : "si les résultats de l'étude sont confirmés, on pourra se moucher, conditionner le mouchoir en sachet et l'expédier ou le remettre à un laboratoire pour analyse, avec la même fiabilité qu'un écouvillonnage... et sans les inconvénients de cette méthode ressentie comme désagréable, notamment par les enfants."

Un brevet a été déposé avant l’élargissement des tests à plus grande échelle.

"Mon souhait est que cette étude et mon procédé permettent de réduire la consommation d’antibiotiques dans la population générale", souligne le Pr Thibault. "Ce serait mon vœu le plus cher !"

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