Le parquet a requis deux ans et demi de prison ferme, ce lundi 13 janvier 2025, à l'encontre de l'organisateur des soirées qui avaient rassemblé jusqu'à 200 personnes pendant sept jours dans le château du Bois-Glaume, à Poligné, en Ille-et-Vilaine.
Pour rappel, entre le 10 et le 17 juillet 2021, la propriétaire du château de Poligné pensait avoir loué son château du 17ème siècle sur Airbnb à quinze personnes, dont deux enfants d'une même famille censée célébrer un anniversaire. En réalité, des fêtes avaient été organisées pendant sept jours, occasionnant des nuisances sonores : les gendarmes s'étaient d'ailleurs rendus sur place et avaient pu s'entretenir avec l'organisateur, qui leur avait donné un faux nom.
À la fin de la semaine, la propriétaire avait retrouvé son château dans un état déplorable : des détritus jonchaient le sol, de même que des bonbonnes de protoxyde d'azote, ce gaz utilisé dans la restauration mais dont l'usage est régulièrement détourné pour ses vertus euphorisantes.
Les festivités avaient aussi dégénéré : une jeune femme avait dû être hospitalisée après avoir pris des bonbonnes toute la journée. Pas moins de "243 bonbonnes usagées" seront retrouvées, a rappelé le président du tribunal correctionnel de Rennes. Des coups de feu avaient aussi été tirés. La propriétaire, elle, avait dû se séparer du bien fortement dégradé.
La bonne poire qui avait prêté son nom pour la location
L'enquête avait par la suite permis d'établir que les festivités avaient bien été préparées : les soirées avaient été annoncées sur les réseaux sociaux, et des artistes devaient même se produire dans le château pour la dernière soirée. Une carte des boissons avait d'ailleurs été mise en ligne en amont.
L'organisateur de 28 ans a donc été renvoyé devant le tribunal correctionnel de Rennes : ce lundi 13 janvier 2025, il aurait dû répondre de faits d'"escroquerie, de travail dissimulé, de blanchiment", de "vente ou distribution de produit spécifiquement destiné à faciliter l'extraction de protoxyde d'azote pour en obtenir les effets psychoactifs", et pour ne pas avoir déclaré la diffusion de musique à la Sacem. Mais il n'a pas jugé utile de se présenter devant les juges rennais.
L'une de ses connaissances rennaises était donc le seul à se présenter, assisté par Me Arnaud Le Bourdais : celui qui s'est lui-même décrit comme la bonne poire avait accepté de prêter son nom français à l'organisateur pour pouvoir faire la réservation du château sans éveiller les soupçons.
Mais à part l'intervention de cette connaissance qui n'est pas négligeable, tout le reste ramène de manière indirecte au mis en cause, a convenu la procureure de la République, qui a estimé son "chiffre d'affaires" à près de 33.000 €. Le principal prévenu avait par ailleurs utilisé plusieurs identités dans cette procédure. La représentante du ministère public a donc requis une peine de deux ans et demi de prison ferme à son encontre et dix mois avec sursis simple pour cette connaissance rennaise.
Reste que cette connaissance était "à des années-lumière" de savoir ce qu'allait faire l'organisateur. Et il n'a commis "aucun acte positif" qui devrait lui valoir une condamnation pour "complicité d'escroquerie", a plaidé Me Arnaud Le Bourdais. Le tribunal, qui a mis sa décision en délibéré, rendra sa décision dans six semaines.