Rennes. "Si quelqu'un de ma famille devait aller aux urgences, je ne serais pas rassuré", les soignants du CHU alertent

Depuis plusieurs semaines, les urgences du centre hospitalier universitaire de Rennes enregistrent une affluence record. Les soignants de ce service dénoncent le manque de personnel et s'alarment de ne pouvoir apporter aux patients les soins qu'ils nécessitent.

On sort de là lessivés. On rentre chez nous et on se dit : j'ai fait un travail de merde

Soizic, aide-soignante au CHU de Rennes

Les patients en détresse, douloureux, alcoolisés, violents, c'est le lot des urgences et Soizic, qui exerce comme aide-soignante dans ce service au CHU de Rennes depuis 10 ans sait faire avec. Mais, depuis quelques semaines, l'afflux de patients est tel qu'elle ne peut vraiment plus faire son travail de soin correctement.

Je demande aux patients qui ne vont pas trop mal de veiller sur les autres

Soizic

 

"Hier on a franchit un cap. Je n'avais jamais vu autant de patients dans un secteur de soin. Imaginez 30 patients pour 2 infirmières et 1 aide-soignante. Et dans ce secteur -là il n'y a que 8 sonnettes" déplore-t-elle ce mercredi 3 novembre. "Il y a un an, on dépassait rarement les 20 patients et déjà à 20 on était débordé".

 

Une situation intenable

Manque de médecins traitants, population en augmentation, fermetures ponctuelles ou définitives des services d'urgence des hôpitaux voisins de Fougères, Vitré, Redon et même Laval conduisent à un niveau de fréquentation des urgences du CHU de Rennes jamais atteint.

Aide-soignant de nuit dans le service depuis 4 ans, Kevin confirme les propos de Soizic et dénonce une situation qui devient invivable : "On est rappelé tous les soirs par la direction pour venir en heures sup, et malgré ça, on est en sous-effectif. On devient maltraitant avec les patients qui attendent des heures et des heures."

Un poste en renfort

La direction du CHU se déclare "totalement mobilisée aux côtés des urgences de l’établissement face à la charge de travail des équipes qu’elle accompagne au quotidien". Elle précise qu'un "renfort d’un poste de travail en 10 h a ainsi été acté depuis plusieurs semaines sur ce secteur, et un renfort complémentaire d’une infirmière a été acté pour la nuit du 2 au 3 novembreau vu de la surcharge de travail."

Soizic, qui travaillait ce jour-là, confirme ces renforts, qu'elle qualifie toutefois de "goutte d'eau dans la mer".

L'hôpital en crise

Au-delà du service des urgences, c'est l'ensemble de l'hôpital qui est saturé selon les soignants. Tous les services manquent de lits, et il y a quelques jours, c'est le service des urgences pédiatriques qui lançait un cri d'alarme.

Kévin et Soizic le constatent tous les jours, de plus en plus de collègues quittent le navire : "Il y a 10-15 ans, c'était difficile d'entrer à l'hôpital public. Et c'était une fierté d'y travailler. Aujourd'hui plus personne ne veut venir." rappelle Kevin. Soizic n'en est pas encore à envisager de partir mais elle constate tout de même "J'aime toujours ce que je fais, mais pas dans des conditions pareilles, c'est plus possible"

Les soignants sont unanimes, les augmentations de salaires obtenues à l'issue du Ségur de la Santé sont sans effet si elles ne sont pas accompagnées de créations de lits, et de postes de soignants, de toute urgence.
 

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