La Ville de Rennes envisage de recourir à des voitures à lecture automatique de plaques d'immatriculation. Elles permettent, en circulant dans les rues, de verbaliser très rapidement et automatiquement les stationnements non-payés ou dépassés. Une mesure qui a de quoi susciter l'inquiétude des automobilistes bretons.
L'information circule dans la presse depuis déjà un an. Et elle continue de faire couler beaucoup d'encre.
Cette semaine, le Mensuel de Rennes annonce l'arrivée prochaine dans la capitale bretonne des voitures à lecture automatique de plaques d'immatriculation, dites Lapi. Aussi surnommées, "les sulfateuses à PV".
Grâce à un système de caméras, ces voitures sont capables de contrôler plus de 1 000 véhicules en stationnement par heure, contre 200 pour un agent. Cette technologie compare alors les plaques scannées avec celles enregistrées dans l'horodateur, et verbalisent en cas de défaut de paiement.
Inquiétudes et interrogations sont sur la table
Leur mise en circulation dans les rues de Rennes feraient bondir plus d'un automobiliste. Mais aussi les agents de surveillance de la voie publique (ASVP), déjà inquiets.
Il y aura probablement une marge d'erreur qu'une voiture, contrairement à un agent, ne peut pas contrôler.
Stéphane MorandeauSud collectivités territoriales 35
Pour Stéphane Morandeau, syndicaliste chez Sud collectivités territoriales 35, le dispositif soulève plusieurs questions. "Il y aura probablement une marge d'erreur qu'une voiture, contrairement à un agent, ne peut pas contrôler".
Comment faire si les caméras détectent un impayé alors que l'usager est parti régler son stationnement ? Comment savoir qu'une personne à mobilité réduite garée en zone payante a le droit à la gratuité sur ces emplacements ?
Contactée, la Ville indique partager ces interrogations. "Des études seront menées", affirme Valérie Faucheux, adjointe aux mobilités et aux déplacements à la mairie. Si l'utilisation d'une ou plusieurs voitures Lapi est envisagée, elle assure que "rien n'est acté."
D'autres grandes métropoles ont déjà recours au système Lapi. À Marseille, Paris, Montpellier, Toulouse, ou encore à Lille où le nombre de PV est passé de 10 000 à 40 000 par mois selon nos confrères de la Voix du Nord. Les bénéfices de ces forfaits post-stationnement reviennent à la Ville.
Transfert de compétence à la société Citédia
La décision reviendra quoiqu'il en soit à une société publique locale (SPL). Il s'agit d'une structure juridique à capitaux publics, dont le fonctionnement relève du droit privé.
La municipalité confirme qu'elle entend déléguer la gestion de son stationnement et qu'un "travail est en cours" avec Citédia métropole. Cette SPL s'occupe déjà des parkings payants à Rennes, ou de la patinoire par exemple.
"La Ville et Rennes métropole en sont les deux actionnaires et les élus font partie du conseil d'administration", précise Valérie Faucheux.
Les actuelles "pervenches" seront donc remplacées par des salariés de Citédia. Stéphane Morandeau déplore ici la "perte d'une mission de service public une nouvelle fois", rappelant la privatisation des fossoyeurs municipaux en mai dernier.
Création de la brigade anti-incivilités
La quinzaine d'ASVP, chargés jusque-là du contrôle du stationnement en zone payante, composeront alors la nouvelle brigade anti-incivilités, promesse de campagne de la maire en 2020. Ils devraient être rejoints par trois agents de la voirie.
Aucune suppression de postes n'est envisagée
Valérie FaucheuxAdjointe aux mobilités et déplacements
La création de cette brigade sera présentée au conseil municipal le 19 septembre pour une mise en place souhaitée en septembre 2023.
"Ils auront d'autres missions de proximité pour gérer les désagréments du quotidien comme les déchets, les inscriptions sur les murs", rapporte l'élue, qui soutient "qu'aucune suppression de postes n'est envisagée."
1 200 places payantes supplémentaires
Dans sa lancée, la municipalité étend également les zones de stationnements payants aux abords des nouvelles stations de métro de la ligne B. Fin 2022, 1 200 places supplémentaires seront soumises à un horodateur, soit un total de 8 000 emplacements payants.
La mairie souhaite ainsi "un traitement plus juste et plus équitable" entre les fraudeurs et ceux qui sont en règle, mais aussi entre les contrôles dans les quartiers et ceux plus fréquents du centre-ville. Et il faut pour cela plus de moyens.
Plus de précisions au printemps
En se basant notamment sur l'expérience d'autres villes, Citédia rendra ses conclusions sur son fonctionnement et les moyens nécessaires. Le nombre d'agents requis et la potentielle mise en circulation de ces voitures "flasheuses" sera donc connu au printemps, au plus tard en juin 2023.
Valérie Faucheux assure que les usagers et habitants seront informés dès qu'une décision sera prise. Rappelant que ce service, assuré par Citédia, pourra être à terme proposé à d'autres communes de la métropole rennaise.