A l'heure où le coût des énergies pèse lourd dans le budget des ménages, certains choisissent de se lancer dans la construction de maisons passives, qui ne consomment quasiment pas. Un surcoût vite rentabilisé, permettant d'être sereins pour l'avenir. Témoignages.
Les maisons passives ont un besoin d'un chauffage très faible, car l'énergie solaire et l'optimisation de l'isolation suffisent à maintenir la bonne température, et cela, même au creux de l'hiver. Contrairement aux maisons traditionnelles, elles garantissent une autonomie de chauffage.
Aujourd'hui, les entreprises et les artisans spécialisés en construction thermique se développent en Bretagne afin de répondre à une demande croissante. Mais pour obtenir de bons résultats énergétiques, il faut aller au-delà des normes thermiques en vigueur depuis 2020.
Passion et ingéniosité
Pierre Binder et sa femme, ont construit eux-mêmes leur maison passive, à Poligné, en Ille-et-vilaine, avec une motivation principale : se passer de chauffage, face au coût grimpant des énergies.
Leur maison certifiée passive est la première du département, autoconstruite, pour un coût de 100 000 euros.
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Passionné des matières, comme le bois ou la terre et curieux de comprendre les systèmes de fonctionnements, Pierre, se définit lui-même avec humour comme un homme à mi-chemin entre Mc Guiver et Nicolas Hulot.
Aujourd'hui, reconverti en maître d'œuvre spécialisé en rénovation énergétique, il s'avoue heureux dans sa maison. Elle correspond exactement au mode de vie et aux valeurs de son foyer.
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Il est temps d’agir si on ne veut pas être rattrapés par les augmentations du coût de l'énergie qui ne cessent de croître.
Pierre Binder
Un mode de vie qui tient compte des saisons. L'orientation est calculée, les ouvertures sont au sud, et il n'y a pas de fenêtres au nord. Une petite casquette extérieure est posée pour donner de la fraîcheur l'été, mais qui laisse aussi passer le soleil rasant l'hiver.
Pas de poêle à granulés, pas de parquet chauffant, juste un petit système de secours, "utilisé deux fois l'hiver dernier pour maintenir une température à 19°", témoigne Pierre Binder. Dans leur salle de bains, les gaines du chauffe-eau passent dans le mur pour maintenir une température ambiante.
Si nous vivions une maison traditionnelle, il y aurait des risques que nous ne nous puissions plus payer nos factures d'énergies à 80 ans !
Pierre Binder
Chaque détail compte
"Il faut tenir compte, dans son projet, du nombre d'occupants, de l'utilisation des appareils ménagers, qui génèrent, eux aussi, de l'énergie dans une pièce" rappelle-t-il.
Si Pierre et sa femme ont pu autoconstruire leur maison, c'est parce qu'ils maîtrisent, en grande partie, les différents corps de métiers de la construction. "Nous avons tout réalisé nous-mêmes, sauf le terrassement, le tout-à-l'égout, la pose des fenêtres et les bandes des cloisons en plâtre" disent-ils.
Ce sont trois ans de chantier, étalés sur nos soirées, les week-ends et vacances comprises
Pierre Binder
Pour Pierre, les études ont pris l'avantage sur les pratiques manuelles, et c'est peut-être regrettable aujourd'hui, pense-t-il, car le plaisir de savoir faire soi-même est précieux et bien utile. Pierre Binder, insiste donc sur l'importance de s'entourer d'entreprises spécialisées et d'un bureau d'étude compétent.
C'est très important de s’entourer d’entreprise compétente, d'un bureau d’études de qualité, spécialisé dans le thermique. C'est un passage obligatoire.
Pierre Binder
La maison passive présenterait donc que des avantages à condition qu'elle soit co-construise avec des artisans avertis et consciencieux. Pour Pierre, "la vraie difficulté viendrait de là".
Investir pour sa retraite
Pour vivre leur retraite, Patrick Tanguy et sa femme projetaient eux de construire une maison en Bretagne. Ils avaient le choix de construire une maison traditionnelle, mais l'argument économique a pris l'avantage. Ils ont choisi de faire construire leur maison passive à Plougastel-Daoulas dans le Finistère, pour un coût de 200 000 euros.
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Pour un investissement de 200 000 euros, sur une surface de 100 m² habitable, on consomme cinq cents euros d'électricité par an, soit 1/3 d'une maison classique.
Patrick Tanguy
Soucieux de bien faire, afin d'atteindre l'objectif passif, Patrick Tanguy, a fait certifier sa construction, par un thermicien indépendant, malgré toute la confiance qu'il accordait à son constructeur, une entreprise implantée dans le Finistère.
En termes de qualité de vie, nous n'avons pas de ressenti de froid, mais une température uniforme partout.
Patrick Tanguy, retraité
Pour Patrick, c'est le choix le plus cohérent en termes de dépenses énergétiques. " On a essayé de trouver l'équilibre entre l'esthétique et l'environnement ".
Le chauffage par accumulation fonctionne très peu. Il est utile pour monter en température, si toutefois ils s'absentent plus de trois semaines. Sous leur garage, se trouve une nourrice de 6 m³ de récupération d'eau de pluie. "Cette eau gratuite, tombée du ciel, sert à alimenter les WC ainsi que pour l'arrosage".
Pour que ce ne soit pas un investissement perdu, il faut s'intéresser, essayer de comprendre, entretenir son matériel, sans pour autant devenir un technicien.
Patrick Tanguy
Patrick a aussi le projet d'installer des panneaux solaires et revendre ce qu'il ne consommerait pas. "Pour les panneaux solaires, écologiquement parlant, c'est bien, la rentabilité des investissements sera plus longue, mais nous étudions la faisabilité " précise-t-il.
Un jeune ne devrait même pas se poser de question, car l'idée du passif, c'est de consommer le moins possible. Sur la durée, il rentrera automatiquement dans ses frais.
Patrick Tanguy
Au-delà de l'argument économique, c'est un choix de qualité de vie, en harmonie avec la nature et avec leurs valeurs, qui souvent a convaincu les propriétaires de se lancer dans un projet de maison passive.
