Tennis et haute technologie. A Rennes, des joueurs professionnels à la recherche du "service parfait"

À l’Ecole Normale Supérieure de Bruz, près de Rennes, des joueurs de tennis professionnels tentent de parfaire leur technique de service grâce à une technologie de pointe, en 3D. C’est le service proposé par le laboratoire M2S (Mouvement Sport Santé).

Comment réaliser le service le plus redoutable au tennis ? "Il n'y a pas de modèle unique qu’on pourrait dupliquer pour tous les joueurs", coupe net Caroline Martin, joueuse de tennis elle-même, mais surtout chercheuse en sciences du sport et spécialiste de biomécanique, au laboratoire M2S (Mouvement Sport Santé). "Chaque joueur est différent, a un vécu différent. Le but est d’optimiser ce qu’il fait déjà, et non pas essayer de l’emmener dans une voie qui ne lui correspond pas ».

Quelques-uns des meilleurs joueurs du monde

Dans son laboratoire en forme de gymnase, à l’ENS (Ecole Normale Supérieure) de Bruz dans l'agglomération rennaise, la chercheuse accompagne de nombreux joueurs professionnels pour parfaire leur technique, grâce à une technologie de pointe, liée à la 3D. 
Des stars du tennis comme Daniil Medvedev, numéro 2 mondial, Felix Augier-Alliassime (n°6), Caroline Garcia (n°4) ou encore Ons Jabeur (n°5) ont déjà fait appel à ses services. À cela s'ajoute près de 200 autres joueurs et joueuses professionnels. 

« Il pourrait augmenter son point d’impact »

Le vendredi 31 mars 2023, dans un gymnase un peu particulier, une vingtaine de caméras vont scruter les mouvements d’un joueur un peu plus modeste un Belge de 22 ans, Gautier Onclin, 250e joueur mondial.

Eliminé au tournoi challenger de Lille, le joueur a décidé de faire l’aller-retour Liège-Rennes pour bénéficier de la technologie.

D’abord, il est équipé d’une vingtaine de marqueurs électroniques au niveau des coudes, des talons, des chevilles ou des malléoles, ce qui permettra d'enregistrer son mouvement de service en 3D.

À la fin d'une série de services, un squelette numérique de l'athlète apparaît à l'écran. Résultat : on constate que Gautier pourrait élever son point d’impact d’au moins 5 cm. Pour ce tennisman qui n’est pas spécialement grand (1,80m), ce serait indéniablement un plus. Un gain pas si anodin dans un sport ou le moindre détail peut faire la différence au plus haut niveau.

"Pour moi, c’est super intéressant de bénéficier de ce matériel d’analyse, affirme le joueur. Vu que j’ai envie de travailler mon service, qui est une arme que je dois encore développer. Ici c’est vraiment très pointu, ça permet d’aller beaucoup plus loin dans la recherche".

Gautier va recevoir un compte-rendu dans une dizaine de jours à la maison. Il y aura ensuite de nouveaux échanges entre l’équipe du labo M2S et le staff du joueur en Belgique. Puis va commencer une phase où il pourra travailler techniquement pour améliorer son service.

 

Une technologie de pointe

 

Le laboratoire M2S utilise la capture de mouvement en 3D. "C’est un dispositif qui est assez coûteux, précise Caroline, très en pointe au niveau technologique, qui permet d’être très précis dans le découpage du mouvement. Les joueurs n’y ont pas accès dans leur club ou leur fédération".

Autre valeur ajoutée de ce laboratoire un peu à part, où les blouses blanches ont été abandonnées pour le survêtement:  "on apporte aussi notre expérience de joueur de haut niveau, et en tant qu’entraîneur, ce qui nous permet de dialoguer facilement avec les joueurs ou leurs entraîneurs, on parle le même langage. Nous on utilise nos compétences de scientifiques pour transférer nos connaissances du laboratoire vers le terrain".

Objectifs médailles en tennis et para-tennis pour les JO de Paris 

En France, le laboratoire M2S est le seul à détenir ce matériel et ces compétences. Cette originalité lui permet de travailler avec les meilleurs joueurs français dans le cadre de leur préparation aux JO 2024, avec un partenariat avec la FFT. "L’idée est de décrocher quelques médailles, en valide et en fauteuil", confie Caroline Martin.

Dans le monde, il n’existe un équipement de ce type qu’en Angleterre et en Australie, où des laboratoires travaillent sur la bio-mécanique du tennis.

Au même titre que les statistiques, de plus en plus de joueurs recourent à la biomécanique pour améliorer leur technique et leur niveau de performance.

Attention aux traumatismes

Au-delà de la performance, y a aussi tout l’aspect prévention. Toute modification au niveau de la biomécanique du service, toute modification au niveau de la chaîne cinétique peut induire un risque augmenté de blessure chez le joueur.
"Avec cette technologie, on a beaucoup plus d’images à la seconde, donc on peut décomposer le mouvement, analyse Camille Tooth, kinésithérapeute qui suit plusieurs joueurs belges wallons. Pour un joueur professionnel, les notions de performance et de prévention sont vraiment liées. C’est une vraie avancée. Il faut trouver le meilleur compromis entre les deux".

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