Trafic de drogue. A Saint-Jacques-de-la-Lande, le procureur de la République veut éloigner les trafiquants des points de deal

Le procureur de la République de Rennes s'est rendu au Conseil municipal de Saint-Jacques-de-La-Lande ce lundi 27 septembre pour faire le point sur le trafic de stupéfiants qui mine le quartier de la Morinais, où un homme a trouvé la mort cet été. Sa stratégie : éloigner les dealers des points de ventes lorsqu'ils sont sous contrôle judiciaire.

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Ce soir, comme tous les soirs ils sont là. Au pied de la mairie de Saint-Jacques-de-La-Lande, près de la médiathèque, de la police municipale, de l'école... Les vendeurs de cannabis ne se cachent pas. Ils sont dans le quartier de la Morinais, au coeur de la ville.

Ce lundi soir, la maire de Saint-Jacques a invité le Procureur de la République de Rennes pour qu'il s'exprime sur les trafics de stupéfiants, devant le conseil municipal de la ville. Il l'avait déjà fait lors d'un précédent conseil municipal, à Rennes avant l'été.

Pour Marie Ducamin, la maire qui passe chaque jour devant le point de deal pour se rendre à la mairie, qui se fait interpeller régulièrement par les riverains, la situation est difficile : " Symboliquement, c’est quelque chose d’assez violent. Nos services de la police municipale, de la ville, de la propreté et moi-même quand je vais à la mairie, que je passe devant tous les jours... je me dis, mais c’est quoi le message qu’on donne aux habitants? On est là, on est présent mais on semble impuissant ".

Un homicide devant le point de deal

Cet été, un homme est mort tout près du point de deal. Wilhem Houssin, 49 ans. Il s’était rendu à Saint-Jacques-de-la-Lande le mercredi 21 juillet pour visiter un appartement avec sa compagne. Pour un motif non établi, une dispute s’était produite avec un groupe de jeunes hommes. 5 ont été mis en examen et écroués. 

Le procureur ne vient pas faire un point sur l'enquête, mais sur le trafic de stupéfiants dans le quartier. Depuis le début de l'année, il explique qu'une trentaine de trafiquants ont été identifiés, dont 8 mineurs. Plusieurs d'entre eux viennent de Laval, explique Philippe Astruc le procureur de la République. Sept ont été incarcérés. Mais ils se renouvellent et sont toujours là, juste derrière la baie vitrée où se tient le conseil municipal, où se tient le procureur. 

Stratégie d'éloignement des dealers comme pour les violents conjugaux


Philippe Astruc annonce le développement d'une nouvelle stratégie à Rennes et à Saint-Jacques-de-la-Lande. Une stratégie d'éloignement des trafiquants, basée sur le modèle des violences conjugales.

Les dealers seront éloignés des zones de vente, comme le conjoint violent de sa victime, lorsqu’il est placé sous contrôle judiciaire.

On va mettre en place des interdictions de paraître à tel ou tel endroit pour les personnes qui seront sous contrôle judiciaire. C’est la logique d’éloignement un peu comme pour les violents conjugaux.

Philippe Astruc, procureur de la République de Rennes

Une dizaine de points de deal sont cartographiés à Rennes, un à Saint-Jacques-de-La-Lande. C'est de ces endroits-là que les dealers seront éloignés.

Les élus ont écouté le procureur, l'ont interrogé. Philippe Cocheril, adjoint au maire de Saint-Jacques-de-La-Lande demande par exemple à Philippe Astruc pose la première question.

Alors que les dealers sont là, que les habitants les voient tout le temps, alors que les délits sont manifestes, on n'arrive pas avoir plus de résultats et plus d’interpellations ?

Philippe Cocheril, adjoint au maire de Saint-Jacques-de-Le-Lande

Le procureur répond qu’il est difficile d’avoir des preuves : "Passer à côté, voir une transaction, c'est une chose; établir une procédure judiciaire qui va servir de preuve, c’est plus difficile".

Les élus ont été entendus, mais à la sortie, les trafiquants n'ont pas bougé, ils sont même un peu plus nombreux, au pied de la mairie. 

 

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