Metal féministe indonésien, R'N'B aux pincées de culture tamoule et de sonorités sri-lankaises ou encore rap romantique: petit échantillon des Trans Musicales de Rennes, de mercredi à dimanche, commenté par son patron Jean-Louis Brossard.
Métal féministe indonésien
Un groupe de musulmanes féministes aux guitares telluriques qui se jouent des clichés, ça ne vous dit rien? Il y a la série "We are Lady Parts". Et il y a Voice Of Baceprot pour le réel et le brutal. Soit du métal féministe indonésien joué par un trio de filles qui portent le hijab.
"Elles sont vénères (énervées en verlan), tu sens le combat de la femme, comme LohArano, un groupe malgache qu'on programme aussi cette année", commente Jean-Louis Brossard. "Elles veulent s'exprimer sur leur vécu en tant que femmes mais aussi sur toutes les choses qui les entourent, qui touchent aussi les hommes, comme la corruption, la liberté d'expression, etc". "Elles sont contentes de venir pour la première fois en Europe car c'est l'hiver et elles m'ont dit +s'il peut y avoir de la neige, c'est super+, c'est touchant".
Afro-pop et éducation au Bénin
Le Star Feminine Band est un orchestre féminin béninois lancé par un professeur de musique "d'un petit village du Bénin". "Ce n'est pas seulement un groupe de jeunes filles (encore adolescentes pour la plupart), il y a tout un projet éducatif derrière, elles ne doivent pas non plus rater l'école", souligne Brossard.
André Balaguemon, le prof en question, fait passer des messages d'émancipation auprès des familles à travers ce projet musical. Il insiste ainsi sur le fait que "chaque fille reste scolarisée et ne soit pas entrainée dans un mariage forcé", comme le décrit le label français Born Bad Records, qui les a signées.
Le Star Feminine Band propose une afro-pop qui prolonge les voies ouvertes par des stars de la musique africaine comme Miriam Makeba et Angélique Kidjo.
Tornade punk de Melbourne
Amyl and the Sniffers est un groupe de punk venu de Melbourne (Australie), trois garçons emmenés par une chanteuse, Amy Taylor. Le nom du groupe jongle avec une terminologie issue des drogues, mais la formation injecte surtout des textes féministes dans ses riffs nerveux. Il y est ainsi question de filles qui n'ont pas à se faire agresser, qu'elles se baladent en ville ou qu'elles se jettent dans le public en concert.
"Leur nouvel album m'a enchanté, il est plus pop que ce qu'ils faisaient avant, ce n'est pas juste une Marsupilami énervée avec les autres et leurs coupes mulet derrière (rires). Les gens ont vachement envie de voir ce groupe, ça prend bien", se réjouit le boss des Trans.
Dans un show-biz toujours plus rapide pour repérer les pépites underground, Amy Taylor et ses comparses ont déjà posé pour une campagne Gucci. Mais ne sont pas pour autant calmés.
R'n'b entre Sri Lanka et Suisse
Priya Ragu est "d'origine tamoule, elle vit en Suisse, elle mélange du r'n'b, de la soul, un petit peu d'électro, elle puise dans ses racines sri-lankaises et arrive à une nouvelle musique, un peu comme Monsieur Doumani, un trio chypriote qu'on programme aussi cette année", déroule Brossard.
La trentenaire, ancienne employée dans l'aéronautique, qui vit à Zurich (Suisse), a trouvé un bel écho à l'international avec son titre "Good Love 2.0". Ce morceau est tombé dans les playlists de la BBC et figure sur la bande-son du jeu vidéo-blockbuster "Fifa 2021".
Rap, versant mélancolique
Rennais d'origine, qui vit à Paris, Lujipeka s'est échappé du groupe Columbine. "J'étais allé aux Vieilles Charrues, j'avais vu Columbine et lui m'avait fait écouter ses morceaux en solo, plus pop, et je lui avais dit +si un jour t'es prêt, je veux bien faire un truc avec toi", se souvient Brossard. Lujipeka est l'artiste en résidence aux Trans cette année.