Rennes compte parmi les "aéroports intermédiaires", dont la fréquentation se situe entre celle des aéroports internationaux et des aérodromes locaux. Ils souffrent d'une "fragilité structurelle" amplifiée par leur désaffection par les voyageurs au profit des trains, pointe un rapport de la Cour des comptes publié ce jeudi 15 juin 2023.
L'aéroport de Rennes fête actuellement ses 90 ans d'existence. Il fait partie des 41 aéroports dits intermédiaires, comme ceux de Strasbourg ou Montpellier (sur 73 aéroports sur le territoire métropolitain en 2019), qui souffrent particulièrement des effets de la "décentralisation aéroportuaire" française et d'inégalités d'investissements, selon la Cour des comptes qui estime qu'"aucun des acteurs publics ne dispose plus de vision d'ensemble sur le maillage aéroportuaire".
Ces aéroports de taille moyenne, qui "contribuent au désenclavement de territoires isolés ou desservent des métropoles régionales bien connectées" et sont pour la plupart propriétés des collectivités territoriales, ont accueilli entre 10.000 et 3 millions de passagers commerciaux en 2019.
Toutefois, ils ont été "fragilisés par le développement des lignes ferroviaires à grande vitesse et le retrait progressif du groupe Air France" souligne le rapport de la Cour des comptes publié ce jeudi 15 juin 2023.
Covid-19, bilan carbone et compagnies à bas coût
Cette situation a été accentuée par la pandémie de Covid-19, la montée en puissance de compagnies aériennes à bas coût et la "prise de conscience du bilan carbone du transport aérien" des voyageurs et des acteurs publics, d'après la Cour.
Une "adaptation à la transition énergétique", prenant en compte les particularités de chaque aéroport, est ainsi nécessaire, indique le rapport qui rappelle que "l'avion émet en moyenne près de 100 fois plus de gaz à effet de serre par passager transporté que les TGV", selon l'ADEME.
Ces aéroports intermédiaires font aussi "face à des coûts fixes importants", liés à la sécurité notamment, sans pour autant bénéficier des mêmes recettes que les aéroports internationaux.
Un observatoire des aéroports
"Cela les force à recourir à des aides des collectivités locales pour leur développement", analyse la Cour des comptes, soulignant cependant que ces aides sont parfois utilisées pour financer des partenariats et "campagnes de marketing" avec des compagnies à bas coûts, qui ont déjà été condamnées par la Commission européenne.
La Cour des comptes recommande à l'État de revoir et d'harmoniser le pilotage du maillage aéroportuaire français, en suggérant notamment "la création d'un observatoire des aéroports" pour en offrir une vision d'ensemble.
(Avec AFP)