L'exposition "Forever Sixties" ouvre ce samedi 10 juin 2023 au Couvent des Jacobins à Rennes et se poursuivra jusqu'au 10 septembre. À travers 80 œuvres, issues de la collection Pinault, on retrouve tout l'esprit des années 1960.
Après 2018 et 2021, la collection Pinault revient à Rennes au Couvent des Jacobins avec Forever Sixties. Plus de 80 œuvres emblématiques des années 60 y sont présentées, dont certaines n'ont encore jamais été exposées.
L'exposition a été présentée en même temps que Art is Magic, la première rétrospective en France consacrée à l'artiste britannique Jeremy Deller et qui est répartie dans trois musées (Musée des Beaux-Arts, Criée et FRAC). Toutes sont proposées dans le cadre d'Exporama, le rendez-vous annuel de l'art contemporain à Rennes.
Point de départ de l'art contemporain
Les années 60, une décennie résolument foisonnante. Et le maître du pop art, Andy Warhol, est là pour le rappeler. Les sixties, c'est d'abord une révolution visuelle où les artistes semblent se fondre dans leur époque pour créer, interpeller, s'approprier les couleurs, les matières ou les objets du quotidien. C'est aussi une décennie où les collages font irruption, confirmant une sensibilité artistique en pleine mutation.
Les années 60, c'est le moment où la culture populaire rentre dans l'art
Tristan BeraCommissaire de l'exposition Forever Sixties
"C'est, je crois, le point de départ de l'art contemporain. C'est-à-dire que c'est le moment où l'art moderne est chahuté, où les grands récits héroïques, virilistes, sont questionnés et c'est le moment où la culture populaire rentre dans l'art" affirme Tristan Bera, le commissaire de l'exposition Forever Sixties.
L'exposition Forever Sixties, ce sont 80 œuvres, symboles d'une période pleine de contrastes, de mutations. L'émergence de la société de consommation est un vaste champ de création, les luttes de l'époque aussi.
À l'image de l'installation hyperréaliste de Duane Hanson, the Housepainter qui pose un regard très critique sur la ségrégation raciale aux Etats-Unis.
Les Nanas de Niki de Saint Phalle, quant à elles, conjuguent combat antiraciste et antisexiste.
Llyn Foulkes n'hésite pas à tuer Mickey pour égratigner un rêve américain pouvant virer au cauchemar.
À voir aussi, cette installation d'Edward Kienholz, datant de 1961, qui reproduit une maison close avec des objets de récup' et des corps brutalisés dans le Las Vegas des années 1940.
"Tout objet trouvé, tant dans les marchés aux puces que dans les poubelles, est un symptôme, un indice de la civilisation. Une civilisation qui est en train de pourrir et Kienholz, c'est vraiment l'un des critiques les plus acerbes de la société américaine" poursuit le commissaire de l'exposition.
"L'art, un mécanisme utile pour interpréter le monde"
Cette exposition fait écho avec celle de Jérémy Deller, la première rétrospective en France consacrée à cet artiste britannique. 120 de ses œuvres graphiques sont notamment présentées. Un artiste pluridisciplinaire dont le chemin a croisé celui d'Andy Warhol, un explorateur lui aussi des cultures populaires, de la musique et des questions sociales ou politiques. "L'art est pour moi un bon moyen de s'intéresser au monde. C'est un mécanisme très utile pour interpréter le monde, l'organiser et y penser. Et ne pas être trop déprimé à ce sujet" confie l'artiste.
Forever Sixties, c'est à découvrir à partir de ce samedi 9 juin dans le cadre du festival Exporama de Rennes.
(Avec Stéphanie Labrousse)