VIDEO. Handi-boxe, un sport pour mettre les différences KO

Dans la salle de boxe le mercredi soir, on entend le bruit mat des gants sur la peau, le son de la corde à sauter qui frôle le sol, le souffle des boxeurs et au milieu de ses bruits banals autour d’un ring, on devine celui du moteur électrique d’un fauteuil roulant. Depuis dix ans, le cercle Paul Bert de Rennes a une section "handi-boxe". Une dizaine de boxeurs viennent chaque semaine y jouer des poings et gagner en muscles et en confiance.

"Quand j’enfile mes gants, j’oublie tout. Mon fauteuil, mon handicap, la semaine qui n’a pas toujours été bonne, j’oublie tout." Charlotte Lamamy est infirme moteur cérébral. Elle est arrivée à l'entrainement en débardeur jaune fluo, féminine jusqu'au bout de ses ongles turquoise assortis à ses boucles d'oreilles.

Mais depuis quelques mois, le mercredi, elle mange des pâtes, le "repas de sportifs". Elle veut être en forme et refuse de rater une séance. "J’adore la baston", dit-elle dans un grand sourire. "La boxe, ça me fait un bien fou."

La vie en fauteuil toute la journée, c’est pas l’éclate… mais là, je m’éclate !

Laurent Morin

Tous les boxeurs le disent : quand leurs mains s’engouffrent dans le cuir, plus rien n'a d'importance que le prochain uppercut. Leur univers se recentre entre les cordes du ring. 

Laurent Morin était boxeur quand une vilaine maladie lui est tombée dessus. Il a essayé d’autres sports, mais est revenu à ses premières amours. "Ca vide la tête, quand je sors, je suis zen" confie-t-il. "La vie en fauteuil toute la journée, c’est pas l’éclate… mais là, je m’éclate !"

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Le club de handi-boxe de Rennes a vu le jour il y a une dizaine d'années. Il compte aujourd'hui une dizaine de boxeurs. ©FTV

Un plus pour le corps, et pour la tête

Le cours commence par une séance de chauffe. Les sept boxeurs tapent dans les sacs de sable qui se mettent à danser sous leurs assauts. Kevin Philisot sent les muscles de ses bras et de son corps travailler. "J’ai souvent beaucoup de douleurs, explique-t-il, mais avec la boxe, je contrôle la douleur." 

"C’est physique et ça muscle, confirme Antonin Djadel, éducateur sportif Cercle Paul Bert. "Tous les efforts que l'on fait dans la salle, ça les aide ensuite pour tous les gestes du quotidien, les transferts (les passages d’un fauteuil à un autre ), les déplacements."  A chaque direct du droit, à chaque crochet, ils gagnent un peu en muscles, en souplesse et en confiance.

 La vie leur a parfois filé des gnons. Ils lui rendent, coup pour coup.

"Dans la vie, on ne peut pas frapper ceux qui nous emmerdent,  lâche Kévin dans un grand éclat de rire. Là on peut. Enfin, on imagine que c'est eux !"

Car en handi-boxe, il n’y a ni coups, ni KO, les combats se gagnent à la touche. Les fauteuils des deux combattants se font face et... BIM. "Vas-y, quand il baisse sa garde, tu frappes, là, c’est bien," encourage Antonin. "Vise la tête, c'est là que ça fait mal", sourit-il. Dès qu'ils "touchent" ou qu'ils sont "touchés", les boxeurs laissent éclater leur bonheur sur leur visage. 

Un direct pour changer le regard sur le handicap

Au pied du ring, Charlotte et les autres cessent d'être des personnes en situation de handicap qu'il faut toujours protéger. "C’est important de casser cette image-là, insiste Charlotte. A la maison, je suis une petite chose fragile, mais à l’extérieur, il faut qu’on montre qui on est, il faut qu’on enlève les barrières de la société."

"Ils y vont aussi, ils s’en mettent, confie Antonin. De temps en temps, ça saigne un peu du nez. Un boxeur, ça boxe. Ils viennent pour ça."

 

Debout ou en fauteuil, tous boxeurs 

Dans la salle, à quelques mètres du cours d’Antonin, d'autres boxeurs s’entrainent. En fin de séance, tous les mercredis, ils se retrouvent le temps d'un round.

Dans la salle, on est tous des boxeurs, on transpire pareil, on respire pareil.

Matthieu Baudet

"Il y en a qui boxent bien mieux que moi, reconnait humblement Matthieu Baudet. Au niveau technique, ils me touchent à chaque fois. Charlotte a une grosse frappe, elle envoie des directs qui bousculent pas mal. Dans la salle, on est tous des boxeurs, on transpire pareil, on respire pareil, on est fatigués pareil à la fin du round ! "

"Ce qui compte, ce n’est pas la force des coups que tu donnes, c'est le nombre de coups que tu encaisses tout en continuant d'avancer. Ce que t’arrives à endurer tout en marchant la tête haute " explique Rocky dans le film qui porte son nom. 

A chaque entrainement, tous mettent leurs soucis KO… ils encaissent et avancent !

 

 

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