Nouveaux rebondissements dans l'affaire Vincenzo Vecchi. Deux jours après la décision de la Cour d'appel d'Angers de ne pas extrader l'ancien militant altermondialiste, le parquet général a formé un pourvoi en cassation le 6 novembre. Vincenzo Vecchi a décidé de se pourvoir lui aussi en cassation.
"Que signifie cette obstination du parquet, pourtant censé être le garant des libertés individuelles ?" Le comité de soutien à Vincenzo Vecchi pose la question, ce jeudi 12 novembre, dans un communiqué, perplexe face aux dernièrs rebondissements de cette affaire dont les faits remontent à 2001.
"Dévastation et pillage", l'incrimination qui pose question
Petit rappel des faits : mercredi 4 novembre, la chambre d'accusation de la Cour d'appel d'Angers a, comme la Cour d'appel de Rennes l'année précédente, refusé d'exécuter le mandat d'arrêt européen émis par l'Italie à l'encontre de Vincenzo Vecchi. Motif invoqué : la peine principale de dix ans de prison encourue par Vincenzo Vecchi pour "dévastation et pillage" n'avait pas d'équivalent en France.
Cette incrimination, introduite dans le code pénal italien sous Mussolini, concentre depuis le début de l'affaire les critiques de la défense et du comité de soutien de Vincenzo Vecchi.
"Suite au verdict équilibré de la chambre d’accusation de la Cour d’appel d’Angers du 4 novembre, après celui de la Cour d’appel de Rennes qui, un an auparavant, avait libéré Vincenzo Vecchi, nous pensions qu’il était de l’honneur de la justice d’en rester là, comme le demandaient les signataires de la tribune (dont Christiane Taubira, Eva Joly et Marylise Lebranchu) parue dans Le Monde le 5 novembre" poursuit le comité de soutien dans son communiqué.
"Acharnement judiciaire"
Mais deux jours plus tard : le vendredi 6 novembre, le parquet général a formé un pourvoi en cassation contre cet arrêt de la Cour d'appel d'Angers. "Humainement, c'est très difficile car ça fait 20 ans qu'on poursuit M. Vecchi sur la base d'une infraction injuste", commentait alors Maître Maxime Tessier, avocat de Vincenzo Vecchi.
Son comité de soutien dénonçe un "acharnement judiciaire". Il s'interroge sur les motivations du parquet : "Le procureur d’Angers, apparemment peu respectueux de la notion d’intérêt de la justice, se pourvoit en cassation en soutenant l’accusation italienne de « dévastation et pillage », issue d’une loi fasciste, sur la base du « concours moral » qui permet de condamner quelqu’un sur sa simple présence lors d’une manifestation."
"Faire cesser l'absurdité"
Face à ce qu'il considère donc comme un "acharnement", Vincenzo Vecchi décide maintenant de se pourvoir lui aussi en cassation "incidente" (cassation qui portera sur l'ensemble du dossier). "Nous espérons que la Cour de cassation saura enfin faire cesser l’absurdité de la situation actuelle, en s’appuyant sur le bon sens et la justice", conclut le comité de soutien.
Condamné en 2009 à douze ans et demi de prison, Vincenzo Vecchi faisait partie des "dix de Gênes", dix militants condamnés, souvent à des peines très lourdes, pour les affrontements du G8. Lui, avait été arrêté le 8 août 2019 à Rochefort-en-Terre (dans le Morbihan), où il travaillait comme peintre en bâtiment depuis de nombreuses années.
Après trois mois de détention, il a été libéré le 15 novembre 2019 par la Cour d'appel de Rennes, qui a jugé irrégulière "la procédure d'exécution" du mandat d'arrêt européen. La Cour de cassation avait finalement renvoyé l'affaire devant la Cour d'appel d'Angers.