Violences policières. Plaquage ventral, clé d’étranglement : la vidéo qui interroge

Déjà 3 millions de vues pour cette vidéo d'interpellation très "musclée". Six CRS plaquent au sol un homme ne présentant, sur les images, aucun signe de violence. Les faits se sont déroulés le samedi 15 avril en marge de la manifestation contre la réforme des retraites à Rennes. Les réactions sont nombreuses.

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Lors de la manifestation contre la réforme des retraites de ce samedi 15 avril, à Rennes, une scène a été particulièrement filmée sous tous les angles. Sur les images de nombreux journalistes, un homme ne présentant aucun signe de menace envers les forces de l’ordre se fait plaquer au sol par six CRS. La méthode employée choque. Cette violence semble disproportionnée par les observateurs.

Plaquage ventral et genou sur le cou 

“Plaquage ventral, simulacre de clé d’étranglement, genou sur cou, un CRS debout sur sa cheville… Rien ne justifiait une telle violence” souffle encore sous le choc Anna Margueritat, journaliste présente au plus près de l’arrestation ce 15 avril dans les rues de Rennes.

Le contexte général de la scène se dessine par les nombreuses vidéos présentes sur Twitter. Vers 16h30, la manifestation officielle est terminée. Dans le centre-ville de Rennes, il reste les opposants à la réforme des retraites présents sous forme de manifestation dite “sauvage”. Les heurts dans le centre-ville sont importants. Un véhicule a été incendié sur un parking du centre-ville, des vitrines de magasins ont été détruites, de nombreuses poubelles brûlées. Les forces de l’ordre sont présentes et tentent de repousser les manifestants.

Une femme se fait traîner au sol sur de nombreux mètres. Elle n’a clairement rien à voir avec la manifestation.

Anna Margueritat, journaliste

À 16h40, une charge de la CRS 8 se met en place. De nombreux jets de grenade de désencerclement et de lacrymogène ont lieu aux abords de la place de Bretagne, sur le boulevard de la Liberté. “Une femme se fait traîner au sol sur de nombreux mètres. Elle n’a clairement rien à voir avec la manifestation” affirme la journaliste présente sur les lieux qui déclenche sa caméra. “J’ai couru pour filmer la scène. Elle était au mauvais endroit au mauvais moment. Un homme a voulu s’interposer. Il s’est adressé verbalement aux policiers, sans aucun geste de violence”.

Cette scène se déroule avant l'interpellation qui fait réagir internet. Elle fait également l'objet d'un signalement par le compte Violences Policères. La vidéo a été saisie par le journaliste Louis Pines.

L'homme a voulu s'interposer

La suite, filmée par un témoin depuis son balcon, fait 3 millions de vues en trois jours. Elle est reprise sur le compte Violences Policières spécialisé dans le recensement des abus commis par les agents de police.

L’homme au pantalon blanc se fait jeter au sol. Sa nuque heurte le trottoir. En se relevant il s’adresse aux agents qui viennent vers lui avec leurs matraques, et fusil lance-grenade. L’homme reçoit un coup de matraque télescopique, puis se fait entraîner par cinq CRS. 

La vidéo est muette. Impossible de savoir ce que l'homme interpellé dit aux policiers. Selon Anna Margueritat qui assiste à la scène, rien de ce qu'il a pu dire ne justifie de tels actes.

Sur la vidéo il est visible que l’homme reçoit des coups au sol. Jusqu’à six agents le bloque, l’un monte debout sur sa cheville. La journaliste entend ces cris de douleurs et voit son visage en sang.

Des gestes interdits qui ont déjà coûté la vie

Anna Margueritat tente d'intervenir à cet instant. “J’ai vu que les CRS utilisaient des gestes interdits, qui ont coûté la vie à George Floyd, à Amada Traoré. Je leur ai crié d’arrêter”.

Dans ce moment de tension extrême, le CRS avec le fusil lance-grenade pointe son arme à bout portant sur la journaliste et sur les personnes dans la rue. “Il me dit que je les outrage, me menace de m’arrêter, alors que j’ai signifié oralement le danger mortel que subissait cet homme”.

Une perte de contrôle 

Pour l’avocat, Olivier Pacheu, l’usage de la force est “absolument excessif sur ces images”. Ce spécialiste en droit pénal précise “il faut que l’usage soit proportionné aux nécessités immédiates. Ici ce n’est pas le cas, cette scène est choquante”.

Avec ces vidéos on découvre ce qui existe depuis plusieurs années.

Olivier Pacheu, avocat

L’avocat révèle que plusieurs plaintes contre les forces de l’ordre dans le cadre des journées de manifestations à Renne ont déjà été déposées. “Dans ce cas comme dans d’autres situations, des gens se croient autorisés à utiliser la violence jusqu'à la limite qui est la leur et non pas la limite de la loi”.

Pour Maître Pacheu, “avec ces vidéos on découvre ce qui existe depuis plusieurs années. Il y a une perte de contrôle de certains membres des forces de l’ordre.” L’avocat qui plaide au quotidien devant le Tribunal correctionnel et la Cour d’Assises de Rennes affirme qu’il y a “un problème de régulation de l’action des policiers”.

Lire : Réforme des retraites. Un manifestant amputé d'un testicule après un tir de LBD

Contacté, le procureur de Rennes Philippe Astruc indique que cinq plaintes ont été déposées pour violences ayant entraînées une mutilation. Le parquet de Rennes a confié ces affaires à l'IGPN.

Lors de cette journée de manifestation et de débordements, 14 personnes ont été mises en garde à vue. Trois ont été condamnées ce lundi à de la prison ferme. Deux autres ont été condamnées à un placement sous contrôle judiciaire.

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