Les 3, 4 et 5 mars prochains, les Restos du Cœur se mobilisent à nouveau pour faire appel à la générosité des Français lors de leur collecte nationale. Familles précaires, étudiants, migrants, mais aussi les bébés : tous ces publics sont touchés par les effets de l'inflation pour pouvoir se nourrir correctement dans notre pays. En Bretagne, l'association est en train de mettre en place des centres itinérants pour desservir les populations oubliées dans les zones blanches.
Au lancement de leur 38e campagne d’hiver, à la fin du mois de novembre dernier, les Restos du Cœur faisaient part de leur inquiétude face à l’inflation et la crise énergétique et leurs conséquences sur le budget des plus démunis. On constate en effet une augmentation sans précédent du nombre de personnes accueillies. Une nouvelle fois, les 3, 4 et 5 mars prochains, la Collecte Nationale 2023 en magasins et le spectacle des Enfoirés, sont cruciaux pour l'association caritative.
Une augmentation sur l’ensemble du territoire
Patrice Douret, président national des Restos du Cœur le souligne, "jamais, nous n’avions connu une aggravation aussi rapide de la précarité."
Pour les trois premiers mois de cette campagne d'hiver, les Restos du Coeur ont accueilli 22% de personnes en plus en France, par rapport à la même période l'année dernière.
"Nos seules activités de rue ( cantines solidaires, distributions alimentaires dans l'espace public, maraudes) ont enregistré une augmentation de 25 % avec une inquiétude forte sur les travailleurs précaires et les familles, que nous avons vu arriver massivement" précise Patrice Douret.
De plus en plus de jeunes et de femmes seules avec enfant
Le constat est identique en Bretagne : 6 millions de repas servis en 2022, soit + 20 % de personnes accueillies. Et encore une fois, les mêmes causes avancées : l'inflation, la hausse des prix du carburant et des produits alimentaires, sans compter l'impact de la crise Covid sur les personnes en emplois précaires.
L'équation qui pose problème, c'est d'ajouter au coût du logement, le coût de l'inflation sur l'énergie et les produits alimentaires. Beaucoup de gens basculent dans la précarité à cause de cela.
Claude ThomasDélégué Régional Grand Ouest des Restos du Cœur
"On est inquiet de voir encore prochainement les prix des denrées alimentaires augmenter dans les grandes surfaces avec l'inflation", confit de son côté Sylvie Tréguer, des Restos du Cœur du Finistère." Avec des frais cumulés à la facture énergétique, de nombreux foyers ne peuvent plus faire face."
La précarité augmente particulièrement chez les moins de 25 ans qui représentent 50 % des bénéficiaires de l'association en Bretagne. Il s'agit d'étudiants qui ont du mal à trouver un petit boulot, de jeunes travailleurs, de travailleurs à temps partiel ou d'autoentrepreneurs qui ont déjà dû faire face à la crise du Covid.
Sylvie Tréguer,Restos du Cœur du Finistère
Parmi les nouvelles personnes accueillies, un autre phénomène, alarmant rajoute Claude Thomas. "80% des nouvelles inscrites chez nous sont des femmes chefs de famille monoparentale. Par conséquent il y a des demandes très importantes pour des besoins spécifiques pour les enfants ( lait, couches, petits pots..)."
En Bretagne : couvrir les zones blanches avec des centres itinérants
Dans la région, les Restos du Cœur disposent de 71 centres fixes. Mais comment s'y rendre lorsqu’on est excentré, avec l'envol des prix du carburant ou tout simplement sans moyen de transport personnel ou collectif ?
D'où l'idée de mieux couvrir le territoire en allant au-devant de la population. Pour ce faire, trois centres itinérants sont en cours de mise en place dans les Côtes d'Armor, le Morbihan et l'Ille-et-Vilaine. L'un est déjà en fonction dans le Finistère.
"C'est plus qu'une camionnette" souligne Claude Thomas. À son bord, des produits alimentaires, des vêtements, mais aussi des services d'aide à la personne pour un soutien juridique, de la recherche d'emploi, de l'aide informatique ou des cours d'alphabétisation. "Là où ses systèmes sont déjà mis en place, on dépasse tous les pronostics" constate le délégué Régional des Restos du Cœur.
"Avec ce camion, on peut offrir chaque jour nos services à 50 personnes en itinérance" rajoute Sylvie Tréguier. "On peut y venir sans inscription. C'est discret car il n'y a pas de logo sur le véhicule. Notre tournée passe dans des zones où nous ne sommes pas présents, sur les communes du Faou, d'Hanvec, de Scaër, en Centre-Bretagne."
Le week-end des restos du Cœur en détail
Le vendredi 3 mars 2023 à partir de 21h10 sur TF1 et en simultané sur France Bleu, diffusion du concert 2023 des Enfoirés intitulé : « Enfoirés un jour, toujours ».
Près de 50 artistes de renom ont répondu présent à l’appel, pour ce spectacle enregistré à la Halle Tony Garnier à Lyon au mois de janvier dernier.
Les Enfoirés représentent chaque année environ 10 % des ressources des Restos du Cœur. L’édition 2022, alors qu’elle s’était une nouvelle fois déroulée sans public pour cause de crise sanitaire, avait ainsi permis de financer l’équivalent de 12 millions de repas. Pour rappel, lors de la campagne 2021/2022, l’association avait déjà 142 millions de repas et accompagné 1,1 million de personnes, dont 110 000 bébés.