Une femme de 77 ans est décédée des suites d'une piqûre de frelon asiatique en Bretagne. Un spécialiste des allergies aux venins détaille les risques et les réactions à surveiller.
Après le décès tragique d’une femme de 77 ans, victime d'une piqûre de frelon asiatique dans les Côtes-d’Armor ce dimanche, Claude Thibaut, spécialiste des allergies aux venins, apporte des précisions.
"Chaque réaction est différente" : des réactions au venin très personnelles
“Les réactions aux venins sont très individuelles, personne ne réagit de la même manière”, explique l’allergologue et ancien responsable du pôle venin de l’hôpital de Lannion. Il a fait de l'étude des piqûres de guêpes, frelons et bourdons sa spécialité.
Le risque majeur en cas de piqûre est une réaction grave, mais le plus souvent, la réponse du corps se limite à une inflammation locale. “Dans l’immense majorité des cas, la réaction est très localisée. Par exemple, si vous vous faites piquer à la main, l’inflammation ne dépassera pas le poignet”, précise le spécialiste. Si la réaction reste limitée, “il n’y a pas lieu de s’inquiéter”, rassure-t-il.
Cependant, il arrive que la réaction prenne une forme plus étendue, que Claude Thibaut qualifie de “locale régionale”. Cela signifie que l'inflammation dépasse l'articulation la plus proche et se propage. “Dans ce cas, la réaction est sérieuse mais ne met pas la vie en danger”, détaille l'allergologue.
Les réactions locales ou régionales représentent la majorité des cas après une piqûre de frelon, guêpe ou bourdon. Mais dans de rares cas, la réaction devient systémique, affectant une grande partie du corps. “Dans ce cas, il faut se rendre immédiatement aux urgences ou appeler les secours”, recommande-t-il.
Qui est à risque ? Le choc anaphylactique, un phénomène rare
Le principal danger pour les personnes hypersensibles au venin est le choc anaphylactique, une réaction allergique grave pouvant entraîner la mort. “Le choc anaphylactique survient lorsque le corps réagit de façon généralisée”, explique le spécialiste. Cela se manifeste souvent par une éruption cutanée importante, similaire à des piqûres d'orties, ainsi que par un œdème au niveau du visage ou de la langue. “Les symptômes apparaissent rapidement, et le risque principal est une chute brutale de la tension artérielle, pouvant provoquer un arrêt cardiaque”, ajoute Claude Thibaut.
Face à ces situations, comment réagir et évaluer son propre risque ? Le médecin se veut rassurant : “Seule une infime partie de la population, environ 1 %, développera un choc anaphylactique nécessitant une prise en charge d’urgence”. De plus, “une personne n’ayant jamais été piquée n’a aucun risque de faire un choc allergique ; l’allergie se développe après plusieurs expositions au venin.”
La désensibilisation : un traitement de long pour se protéger
En clair, si vous n'avez jamais été piqué, vous n'êtes pas à risque. Si vous avez déjà été piqué, vous connaissez votre réaction. En cas de réaction localisée, aucun danger. Si la réaction est plus importante, un spécialiste peut réaliser un test de sensibilisation. “L’objectif est de prédire la réponse du corps à une prochaine piqûre, et de déterminer si une désensibilisation est nécessaire.”
La désensibilisation, traitement indispensable pour les personnes à risque, dure généralement entre trois et cinq ans. Le patient reçoit des injections régulières pour que son organisme s’habitue au venin. “La dose administrée varie en fonction de la région : au nord de la Loire, on utilise du venin de guêpe vespula, tandis qu’au sud, c’est le venin de guêpes polistes”, précise-t-il.
L'adrénaline peut sauver en cas d'urgence
En cas de choc anaphylactique, l'adrénaline est le traitement de première urgence. “Le Samu ou les pompiers administrent une dose intramusculaire dans la cuisse, ce qui permet de sauver la personne en attendant une hospitalisation pour surveillance”, explique l'allergologue. Les personnes à risque doivent avoir sur elles un stylo auto-injecteur d'adrénaline, afin de pouvoir réagir immédiatement.
C’est justement ce type de réaction qui a coûté la vie à la randonneuse de Rance, ce dimanche 23 septembre. Selon Santé publique France, “les accidents impliquant des hyménoptères (abeilles, bourdons, frelons, guêpes) entraînent chaque année plusieurs milliers de passages aux urgences et quelques décès en France.”