Après sept ans de navigation autour du monde à bord d'Energy Observer, premier navire zéro émission, Victorien Erussard est de retour à Saint-Malo. Le capitaine et cofondateur veut révolutionner le transport maritime en développant des solutions décarbonées innovantes. Pour Littoral, Sophie Ladame a embarqué pour une sortie en mer.
Victorien Erussard est né à Saint-Malo. Issu d'une famille de marins, il a toujours été passionné par la navigation. Victorien a étudié à l'École nationale Supérieure Maritime (ENSM) de Saint-Malo, où il a acquis des compétences techniques sur la propulsion des navires (officier polyvalent de marine marchande, 2ᵉ classe). Skipper, il participe à de nombreuses courses au large, comme la Route du Rhum et la Transat Jacques Vabre.
Ces différentes expériences de navigation ont alimenté sa passion pour la mer et éveillé sa conscience face à la dégradation croissante de l'environnement dans lequel il évolue, le poussant à s'engager pleinement dans la transition écologique. Il est convaincu qu'il existe des solutions pour relever les défis climatiques et énergétiques et que les transitions écologiques ne doivent pas être perçues comme des contraintes, mais comme des opportunités pour innover, collaborer et créer un meilleur avenir.
Pour Littoral, Sophie Ladame a rencontré Victorien Erussard à Saint-Malo. Energy Observer : innover pour décarboner, réalisé par Ludovic Fossard, est à retrouver dès maintenant sur la plateforme France.tv
Un projet innovant, une révolution !
En créant en 2015 Energy Observer à partir de l'ex-catamaran de Sir Peter Blake, Victorien Erussard prend le pari d'une empreinte carbone nulle et sans émettre une seule particule fine. Pas de moteur à essence à bord, mais un ensemble de systèmes qui lui permettent de produire sa propre énergie et donc d'être en autonomie complète. Propulsé par des énergies renouvelables, éolien, solaire et hydrogène, un mix énergétique qui n'avait jamais été exploité sur un navire, Victorien Erussard veut démontrer que des solutions décarbonées sont possibles.
Le navire vert se veut un laboratoire des technologies de demain. Alors durant 7 ans (2017-2024) Victorien et son équipage vont sillonner le monde. Mais ils ne se contentent pas de naviguer : ils partent à la découverte des écosystèmes, sensibilisent le grand public aux enjeux énergétiques et climatiques et incitent entreprises et gouvernements à repenser leurs modèles énergétiques pour construire un avenir plus durable.
101 escales qui ont permis de décrypter le système énergétique des pays visités, analyser les feuilles de route de décarbonation, rencontrer les industriels locaux qui nous faisaient découvrir toute leur industrie.
Victorien Erussard
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En sept ans, le navire a parcouru 126 000 km, visité cinquante pays et fait 101 escales en naviguant à une moyenne de cinq nœuds sur l'ensemble de son tour du monde. L'équipage le dit, c'est l'éloge de la lenteur.
Certes, c'est lent, mais le pari est réussi, faire un tour du monde sans laisser de trace carbone. Pour Victorien, ce qu'il faut regarder, c'est la performance de ce concept, mixer plusieurs énergies pour faire avancer un bateau. Cela doit inspirer le transport maritime.
Et la suite ?
Après avoir prouvé qu'il était possible de traverser des océans en autonomie complète sans avoir recours à de l'énergie fossile, Victorien Erussard se pose alors la question de comment faire pour aller plus loin dans la décarbonation des navires marchands ? Le passage à Singapour d'Energy Observer a été un vrai choc pour Victorien : "une des plus grandes stations au monde pour les bateaux. Il y a plus de mille navires de commerce qui sont au mouillage et qui attendent en fait de faire le plein".
La transition énergétique est un grand défi, car la quantité d'énergie dont nous avons besoin est astronomique. Comment répondre à cette demande uniquement avec les énergies renouvelables ? Le pari est courageux, mais il souligne une réalité : nous devrons encore coexister avec le pétrole pendant quelques décennies.
Pour Victorien, la réponse est claire et doit se traduire par des actions concrètes. Il s'engage à construire Energy Observer II, un cargo porte-conteneurs de 120 mètres de long, entièrement zéro émission. Ce navire incarnera une nouvelle vision du transport maritime, la mise en service est prévue pour 2029.
Quant au navire Energy Observer, après un passage à Paris pour les Jeux Olympiques, il sera de retour à Saint-Malo à partir du 13 décembre pour un chantier technique.
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