Produire de l'électricité chez soi, grâce à son toit, semble une idée lumineuse. Moins polémique que de construire de grosses centrales électriques, plus rapidement disponible aussi, le solaire reste pourtant à la traîne chez les particuliers. En France, le taux d'équipement des toitures en panneaux photovoltaïques n'est que de 2%, contre 30% aux Pays-Bas. Qu'est-ce qui freine son déploiement ?
Le photovoltaïque, ce n'est pas encore la Ruée vers l'or. Pourtant, le prix de vente de l'électricité pourrait bientôt avoir doublé en seulement trois ans, et les experts assurent qu'il va continuer de grimper. Alors qu’est-ce qui freine l’installation de panneaux photovoltaïques chez les particuliers ?
Sélectionner des installateurs sérieux
Jean-Pierre Ledet s'est équipé de douze panneaux solaires au printemps dernier. Raccordés au réseau électrique un mois plus tard, en avril 2024, l'installation photovoltaïque allège la facture d'électricité de cet habitant d'Acigné, à côté de Rennes. Avant de demander des devis à des artisans, il a fait appel à Solarcoop, une structure coopérative mandatée par la métropole rennaise pour accompagner les habitants qui se lancent dans l'énergie solaire. La structure qui compte treize conseillers en France, dont trois en Bretagne. Sa conseillère a étudié gratuitement la faisabilité du projet, et lui a suggéré des artisans dont elle connaît le travail, et présentant un label de qualité.
Autoconsommation, ça veut dire quoi ?
Installés de manière à "autoconsommer", les panneaux solaires de Jean-Pierre sont intéressants à deux niveaux : l'électricité qu'ils produisent, réduit, voire remplace l'électricité qu'il achète aux fournisseurs habituels. C'est le cas quand il fait jour. Et si la consommation du logement n'est pas trop importante, il reste même un surplus d'électricité produit, qui est revendu à EDF Obligation d'Achat (EDF OA). La vente du surplus, c'est le deuxième intérêt financier.
En revanche, la nuit, Jean-Pierre est bien obligé d'acheter de l'électricité à son fournisseur.
Combien ça coûte ?
L'installation des douze panneaux solaires a couté 14 000 euros, dont 2000 euros sont financés par une prime de l'État. D'après les calculs de son installateur, il faudra environ dix ans pour que l'équipement devienne rentable.
Les panneaux, eux, sont désormais tous garantis 25 ans minimum. Et contrairement à une idée reçue, ils continuent à produire de l'électricité, quasiment à plein régime, pendant une quarantaine d'années.
"Mon opérateur pourrait faire un effort sur le prix d'achat"
Seule déception de Jean-Pierre, mais pas des moindres : son surplus d'électricité n'est racheté que 13 centimes le kilowattheure, alors qu'il le paie 22 centimes, quand il a besoin de l'électricité du réseau.
"C'est quand même de l'énergie produite à moindre coût pour EDF, donc il pourrait faire un effort sur le prix d'achat" , regrette Jean-Pierre.
Cette différence de prix se justifie en partie : quand on envoie son surplus de production électrique dans le réseau, on utilise ce réseau, "RTE, pour le transport de l'électricité, et Enedis, pour la distribution, ne vous font pas grâce du coût du réseau, et c'est bien normal", explique Cédric Philibert, ancien conseiller de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) et spécialiste des énergies renouvelables.
Cadastre solaire
Globalement, avec une installation de panneaux solaires qui permet l'autoconsommation, l'objectif est surtout de consommer ses propres kilowatts plutôt que d'en revendre. D'ailleurs, à Rennes comme à Brest, les métropoles bretonnes ont lancé un cadastre solaire : une application qui permet en quelques clics d'estimer combien d'électricité on peut produire en toiture, et quelle part sera consommée sur place.