En France, 1 livre sur 7 est un manga. One Piece, L'attaque des Titans, mais aussi des années d'éditions japonaises que l'on rattrape : le manga s'est imposé dans le pays. C'est en France où l'on en lit le plus, après le Japon. Pas étonnant dès lors qu'il représente la moitié des BD vendues, derrière les "franco-belges" comme Asterix.
Dans les travées du festival de la BD Quai des Bulles, à Saint-Malo, difficile d'échapper au manga. On lui consacre cette année tout un pavillon, avec ses éditeurs, ses dédicaces, ses rencontres et son univers coloré.
Car ce n'est plus un phénomène émergent : sur les 84 millions de BD vendues en 2023, près d'une bande dessinée sur deux était un manga. En 2023, les mangas représentaient 47,5% du chiffre d'affaires du marché des bandes dessinées, avec des genres de bande dessinée traditionnels et des comics constituant respectivement 51,6% et 5,8% du marché. En 2021, les ventes de mangas ont connu une croissance exponentielle, avec 47 millions d'exemplaires vendus, doublant presque les chiffres de 2020.
One Piece, L'Attaque des Titans, Back Home,Ragna Crimson, "c'est un tout un pan fascinant, car tout à coup on découvre tout un historique de plusieurs décennies que l'on a à dévorer" se réjouit Nicoby, le programmateur artistique du festival malouin.
La BD franco-belge continue d'exister, avec notamment des sorties événements comme ces derniers jours le nouvel album d'Asterix, "L'Iris Blanc", ou la BD documentaire telle que "Algues vertes, l'histoire interdite", mais "là où la BD franco-belge a eu du mal à renouveler son lectorat, même si on a tous grandi avec Asterix et tout ça, les plus jeunes, eux, lisent du manga" décrypte Thibault Billy, des éditions Kana.
Des BD accessibles
Dans cette enseigne généraliste de la région parisienne, le rayon "mangas" n'en finit pas de s'étendre et attire tous types de lecteurs dès le plus jeune âge. Un tome de L'Attaque des Titans, parmi les centaines de millions d'exemplaires vendus, coûte à ses fans environ 7 euros.
"Parfois, il y a des années où je dépense plus de 1 000 euros dans des mangas, et d'autres années où je dépense qu'une centaine d'euros, quand j'achète d'occasion" témoigne Océane. "Au niveau des prix, on subit moins l'inflation que sur beaucoup d'autres produits. Donc ça va, c'est toujours accessible" estime Nicolas, un autre client de cette enseigne.
Même si le marché est en léger repli depuis le début de l’année 2023, les mangas tirent les chiffres de l’édition vers le haut.
Un manga 100% français
Et les talents français ne sont pas absents des quelque 380 millions de chiffre d'affaires du manga dans notre pays. C'est le cas avec DZ, un fan de Dragon Ball, et dessinateur autodidacte. Alors qu'il se destinait à devenir ingénieur, un concours de dessin pour un éditeur français lui fait prendre une autre voie.
Il le remporte, alors qu'il entamait le tome 2 d'un projet personnel. DZ se lance alors à corps perdu et devient mangaka, autrement dit auteur de manga. Son style de dessin est clairement japonais, mais les références culturelles, elles, sont belles et bien françaises. "Ce n’est pas dans le style graphique que l'on va forcément sentir la french touch, parce que notre génération d'auteurs a plus baigné dans le manga que dans le franco-Belge, contrairement à la génération d'avant" explique-t-il.
Au festival Quai des Bulles, du 27 au 29 octobre, on aura ainsi huit éditeurs de mangas présents au Pavillon Manga, ainsi qu'une exposition Saint Seiya, plus connus sous le nom de Chevaliers du Zodiac en France. Cette série, dont l'auteur original est le japonais Masami Kurumada, est aujourd'hui réalisée par deux auteurs français, Jérôme Alquié et Arnaud Dollen.
(Avec Maelle Kerguenou, Alexandre Le Quéré)
