Depuis plusieurs mois, les vols commerciaux n'atterrissent plus à Dinard. Un crève-cœur pour l'Association pour le développement de l'aéroport de Rennes-Bretagne et pour le maire de la cité balnéaire. Et même si ce dernier espère un redécollage de l'activité, l'horizon n'est pas prêt à s'éclaircir.
"On est arrivé à cette situation à cause d'un manque d'ambition. Il aurait fallu approcher des compagnies aériennes pour avoir des vols commerciaux, touristiques. J'avais prévenu depuis des mois, même des années". Ces mots sont ceux d'Hervé Cavalan, président de l'Association pour le développement de l'aéroport de Rennes-Bretagne.
L'homme ne décolère pas. Pour lui, la fin des vols commerciaux et la fermeture au public de l'aéroport de Dinard sont le fruit d'une gestion inadaptée, liée à la concession conclue en 2010 entre la Région Bretagne, propriétaire de la plateforme aéroportuaire et la SEARD (Société d’exploitation des aéroports de Rennes-Dinard) co-financée par la société Vinci Airports et la CCI d’Ille-et-Vilaine.
800 000 euros de déficit
Selon Hervé Cavalan, depuis des années, les gestionnaires de l'aéroport n'ont pas suffisamment investi dans les infrastructures et dans les projets de développement des aéroports de Rennes et de Dinard. Le contrat signé en 2010 était "trop modeste" car établi à l'époque sur des prévisions qui envisageaient un aéroport à Notre-Dame-Des-Landes.
"Les 800 000 euros de déficit de la plateforme de Dinard étaient absorbés par les bénéfices de celui de Rennes. L'activité commerciale était artificielle", l'urgence d'intervenir n'étant pas de mise. "Il aurait fallu faire venir de nouvelles compagnies et que la Région modifie le contrat de concession qui court jusqu'en 2024 pour pousser les gestionnaires à investir" ajoute Hervé Cavalan. "Mais la modification du contrat était trop coûteux".
"Cette analyse, la Cour des Comptes l'a également réalisée" précise le président de l'Association pour le développement de l'aéroport de Rennes-Bretagne. En 2020, la Cour des Comptes relevait que la CCI et Vinci avaient engrangé 801 000 euros de dividende entre 2011 et 2016, en ayant "seulement" investi 15 000 euros par an depuis 2010.
"Il y a un vrai développement possible"
Hervé Salmon, maire de la cité balnéaire depuis un an, considère, lui que l'aéroport de Dinard-Pleurtuit est plutôt "en salle d'attente". Même s'il reconnaît qu'avec le licenciement effectif ces dernières semaines des 18 salariés qui faisaient tourner la plateforme aéroportuaire, un point de non-retour semble avoir été franchi. Il se veut positif et assure qu'il va essayer de mobiliser les énergies locales, celles des trois communautés de communes concernées : celle de Dinard, de Saint-Malo et de la Côte d'Emeraude. L'objectif est dans un premier temps de réfléchir à un redécollage de l'activité commerciale.
L'atout de l'aéroport dinardais est que la structure, propriété de la Région, n'est pas condamnée car indispensable à l’activité de maintenance aéronautique, civile et militaire, de la Sabena Technics installée juste à côté. Une entreprise solide qui emploie près de 500 salariés.
Pour autant, l'élu estime que l'aéroport a aussi un rôle à jouer dans le dynamisme touristique de la Côte d'Emeraude et que des vols commerciaux doivent se poser à nouveau sur le tarmac dinardais. "Il y a un vrai développement possible, explique-t-il, même si la période n'est pas favorable durant plusieurs années".
Il n'hésite pas à rappeler que la crise sanitaire liée au Covid et ses restrictions de déplacements ont signé le coup d'arrêt de l'aéroport. Alors qu'en moyenne, la ligne qui reliait Dinard à l’Angleterre transportait 100 000 passagers chaque année, en 2020, moins de 20 000 passagers l’avaient empruntée, soit 80 % de moins.
Le maire tient à préciser également que "les compagnies low-cost qui font atterrir leurs avions sur des aéroports intermédiaires comme celui de Dinard ont été parmi les plus fragilisées par la crise sanitaire. Elles ont déjà annoncé qu'il n'y aurait pas de retour à la normale avant 2023-2024".
Pour autant, pour lui, "il faut se préparer. En septembre, nous mettons en place un groupe de travail de six élus au sein du conseil municipal. On ne peut se satisfaire de cet état. Ça fait trop mal pour le chef d'entreprise (dans le BTP, ndlr) que je suis".
Le maire tient à préciser que la ville cherchera à accompagner dans la mesure du possible les 18 ex-salariés de l'aéroport (agents d'escale, agents de piste et agents de sûreté) sous le coup depuis mars d'un PSE (Plan de Sauvegarde de l'Emploi).