Le comité de pilotage sur l'envasement de la Rance s'annonce très tendu, ce vendredi 29 mars 2024. L'association "Rance Environnement" parle de "préjudice environnemental". S'ajoute une réduction de 50 % du financement du désenvasement que les élus considèrent comme "une provocation".
"C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase" s'insurge Yves Baslé, président de l'association "Rance Environnement. Ce vendredi 29 mars 2024, le comité de pilotage du désenvasement de la Rance devrait annoncer une réduction de 50% du financement prévu pour retirer les sédiments de l'estuaire. Le budget devait être de 12,6 millions d'euros. Il ne sera que de 6,5 millions d'euros.
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Conséquence directe pour Yves Baslé "les sédiments vont continuer à s'entasser, explique-t-il. Ce budget permettait d'enlever 320.000 m3. Au final, seuls 160.000m3 pourront être extraits sur 5 ans. C’est-à-dire ce qui s'accumule environ en une seule année."
Pour nous, il s'agit d'un préjudice industriel
Yves BasléPrésident association "Rance Environnement"
Après des années de combat des associations, la situation est dans une impasse constate le président de "Rance Environnement" qui a déposé un "référé expertise" devant le tribunal judiciaire de Brest, compétent en matière d'environnement.
Le but pour l'association est d'obtenir une expertise indépendante afin de déterminer les responsables de l'envasement de l'estuaire de la Rance. "Pour nous, il s'agit d'un cas de préjudice industriel lié à l'usine marémotrice" affirme Yves Baslé.
Le comité de pilotage présidé par le préfet de la région risque d'être tendu
David BoixièrePrésident collectif des communes de bords de Rance
Les associations ne sont pas les seules à être vent debout. Le collectif des maires des 16 communes concernées pourrait bien aussi faire parler sa colère lors du prochain comité de pilotage présidé par le préfet de Bretagne.
Un comité scientifique dont l'impartialité est mise en cause
Dans un communiqué, les élus pointent du doigt la prise de position du conseil scientifique qui "vise une fois de plus à minimiser les extractions ainsi que la part de responsabilités du concessionnaire EDF."
Joint par téléphone, David Boixière, maire de Pludihen (22) et président du collectif des maires des communes des bords de Rance, fustige le plan de gestion à venir qui, "s'il est confirmé, ne nous contente pas, affirme-t-il. Nous regardons de très près l'action juridique menée par Rance Environnement".
Le dossier de l'envasement de l'estuaire est presque aussi vieux que celui de l'usine marée motrice de la Rance. Au total, ce sont plus de 7 millions de m3 de sédiments qui ont été accumulés depuis l'artificialisation de l'estuaire.
Un véritable caillou dans la chaussure d'EDF. "À l’origine, le concessionnaire avait même prévu de prendre en charge l'intégralité du coût. Et maintenant, EDF indique ne vouloir financer qu'un euro pour un euro d'argent public" dénonce David Boixière.
La mise en place d'une "tarification verte"
De l'autre côté, c’est-à-dire côté finances publiques, les caisses sont vides. Seule solution réclamée par les maires des communes : la mise en place d'une "tarification verte". En clair, obtenir un prix de l'électricité qui intègre notamment les désordres environnementaux générés par l’usine marémotrice. "Cela fait longtemps que nous le demandons et c'est au ministère de la Transition écologique de le créer" précise David Boixière.
À l’issue du comité de pilotage du 29 mars, associations et élus donneront une conférence de presse pour exprimer leur point de vue sur le futur plan de gestion de l'envasement de la Rance.