"J'ai mon diplôme, je travaille, mon avenir est en France", un jeune guinéen, bien intégré, forcé de quitter le territoire

Depuis 4 ans, Amadou Bangoura fait le maximum pour s'intégrer. Il a appris le français, passé son CAP de charpentier bois, fait partie d'un club de foot, aide bénévolement dans une association. Un chef d'entreprise est prêt à l'embaucher. Mais la préfecture veut l'expulser le territoire.

Une "OQTF", Obligation de Quitter le Territoire Français ou bien un titre de séjour. Dans le courrier en recommandé reçu de la part de la Préfecture d'Ille-et-Vilaine juste avant Noêl 2023, c'est finalement la mauvaise nouvelle que découvre Amadou Bangoura. L'administration lui donne quelques jours pour retouner dans sa ville et son pays d'origine, Conakry en Guinée.

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Un pays qu'il a quitté 4 ans plus tôt. C'était à l'été 2019. "j'ai grandi avec ma mère et ma grand-mère mais elles ne pouvaient pas me payer d'études. j'ai voulu venir en France pour apprendre un métier et aussi jouer au foot, ma passion."

J'ai eu peur de mourir.

Amadou Bangoura

20 ans, originaire de Guinée

Après un passage avec son oncle au Maroc, il arrive en Espagne puis à Bayonne. "C'était avec un passeur. C'était la première fois que je voyais la mer. Je suis monté dans un canot pneumatique et j'ai eu peur de mourir." raconte le jeune homme de 20 ans.

Arrivé dans le Sud-Ouest, une bénévole de la Croix Rouge lui conseille de venir à Rennes qu'il va atteindre en bus. Il passe les mois de juillet et d'Août 2019 dans le campement  du parc des Gayeulles. Un campement fermé par les autorités.

Puis, c'est la présidente du MRAP qui demande à un couple de Saint-Malo s'il veut bien accueillir deux jeunes hommes dont Amadou.

Nous sommes complètement abasourdis

Joël et Natacha Savy

famille d'accueil d'Amadou Bangoura

"Depuis 4 ans, il vit dans le studio attenant à la maison." raconte Joël Savy, un professeur à la retraite. Avec sa femme Natacha, ils ont décidé de devenir famille d'accueil. Le couple ne comprend pas la décision de l'Etat. "Nous sommes complètement abasourdis car Amadou a tout fait pour s'intégrer sans problème." s'attriste Joël Savy.

Mon avenir est en France !

Amadou Bangoura

20 ans, originaire de Guinée

Petit à petit, Amadou Bangoura va faire le maximum pour s'intégrer. Il apprend le français, obtient un CAP de menuiserie bois, fait partie du club de foot de Saint-Meloir des Ondes et aide bénvolement dans une association locale. "Mon avenir se trouve en France. Très concrètement. Car c'est là que j'ai fait ma formation où je me suis senti très bien. J'ai mon diplôme. J'ai commencé à travailler. Je me suis très bien intégré en France." avoue-t-il à l'équipe de reportage de France 3 bretagne venue à sa rencontre.

Dans un courrier adressé à la préfecture le 31 décembre dernier, un voisin du couple qui héberge Amadou, Jean-Luc Joan, enseignant dircteur tient à apporter son soutien au jeune homme après l'avoir accompagné pour l'apprentissage des mathématiques. "J'ai pris connaissance du terrible courrier le sommant de quitter le territoire français. Je ressens une profonde tristesse et un très grand sentiment d'injustice" écrit ce voisin. Face à l'équipe de france 3 Bretagne, il s'indigne "Si Amadou devait quitter notre territoire, ce serait plus qu'un constat d'échec. Ce serait une faillite de notre pays. Comment notre pays en est arrivé là ?"

Une pétition pour l'aider à travailler en Bretagne

Une pétition en faveur du jeune Amadou a été lancé en février dernier. Plus de 4000 personnes l'ont signé en demandant qu'Amadou puisse rester et travailler.

Pour éviter le retour en Afrique de l'Ouest du jeune Amadou, la famille d'accueil décide de contacter la Cimade, une association nationale dont la mission est d'accueillir, orienter et défendre les personnes étrangères. Elle lui propose un avocat fait appel de la décision de la Préfecture devant le Tribunal Administratif. Une procédure qui suspend provisoirement la décision. Seul problème, l'OQTF qui vise Amadou Bangoura l'empêche de travailler alors qu'une entreprise de construction basée à Liffré en Ille-et-Vilaine est prête à l'embaucher avec un contrat en CDI. 

Il a sa place chez nous dans notre entreprise.

Gaëtan Hervé

Responsable entreprise "Les Maisons TéHo"

Pour Gaétan Hervé, l'un des responsables des "maisons TéHo" dont le siège est à Saint-Grégoire près de Rennes, le jeune homme est le candidat idéal. "Je pense qu'il le mérite. On a étudié son CV, on a regardé les recommandations d'autres entreprises et, partout où il est passé,on entend que du bien de lui." Et il ajoute "Nous, ce que nous recherchons, ce sont des gens motivés, qui ont envie de travailler. C'est ce que l'on ressent à travers Amadou. Il a sa place chez nous, dans notre entreprise."

Un avenir qui, du jour au lendemain, pourrait se transformer en cauchemar pour le jeune Amadou si l'OQTF était mise en oeuvre avec un retour vers la Guinée.

Avec Eric Pinault et Christophe Rousseau.

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