Une pédiatre et une infirmière ont été condamnées à six mois de prison avec sursis, jeudi soir au tribunal correctionnel de Saint-Malo, pour avoir prescrit et administré une dose létale de médicament au petit Mathis, décédé à l'hôpital de Saint-Malo en 2012.
C'est un dossier douloureux en atmosphère et en émotions sur lequel le tribunal correctionnel de Saint-Malo s'est penchée jeudi soir : le tragique accident du petit Mathis survenu le 2 août 2012 à l'hôpital Broussais à Saint-Malo.
Ce sont des parents, avec une douleur indicible, qui se sont présentés au tribunal et deux accusées toujours marquées par la culpabilité d'avoir écrit une prescription incomplète pour la pédiatre et d'avoir injecté une dose 10 fois supérieure à la dose tolérée par un enfant pour cette jeune infirmière, des gestes réalisés dans l'urgence, le petit Mathis, âgé de 2 ans et demi, faisant une crise aiguë de diabète.
Une prescription incomplète
Au centre des débats, cette prescription incomplète du médecin pédiatre, difficilement interprétable par cette infirmière qui exerçait depuis quelques jours seulement car tout juste diplômée. Un concours de circonstances malheureux pour le petit Mathis, qui après l'injection a fait un arrêt cardiaque ayant entraîné sa mort. L'enfant n'a pu être réanimé. C'est là que les médecins ont compris qu'il s'était passé quelque chose d'anormal : en effet ils auraient du pouvoir le réanimer.La pédiatre repense aux questions de la jeune infirmière sur l'injection de chlorure de potassium, l'un des dix produits les plus dangereux recensés par l'ARS (Agence Régionale de Santé). La dose injectée était telle, qu'il était impossible de le réanimer sans avoir pris en compte cette surdose de potassium dans l'organisme de l'enfant.
Un dramatique quiproquo
La pédiatre revient alors vers l'infirmière et se rend compte que c'est bien là l'erreur. La jeune infirmière se refait préciser la manière d'injecter ce chlorure de potassium, mais la méthode était compliquée. Il fallait d'abord le diluer dans une poche salée d'un litre pour ensuite en extraire 50 ml. Le protocole semblait clair pour la pédiatre. La jeune infirmière se le fera répéter trois fois mais pas quatre, dans ce milieu où la hiérarchie a son importance.C'est donc bien un quiproquo sur la manière d'injecter ce produit et sa dilution qui sont à l'origine du décès de ce petit garçon.
Des erreurs reconnues
Aucune des accusées n'a cherché à excuser sa faute, bien au contraire mais elles ont tenté d'expliquer les circonstances malencontreuses dans lesquelles ce drame est arrivé avec beaucoup d'honnêteté intellectuelle.La procureur a demandé 3 mois de prison avec sursis simple à l'encontre de la pédiatre pour une faute caractérisée indirecte et 6 mois de prison avec sursis simple pour l'infirmière qui a effectué l'injection.
Homicide involontaire avéré
Après délibération, le tribunal a condamné les deux accusées à 6 mois de prison avec sursis, en soulignant qu'elles n'avaient pas le profil des gens habituellement jugés au tribunal correctionnel mais que l'homicide involontaire était bien avéré.Les parents du petit Mathis ont accueilli sereinement cette condamnation.