Pouvoir d'achat : "je limite mes déplacements en attendant des jours meilleurs !"

Le pouvoir d'achat est une des principales préoccupations des Français. Avant l'élection présidentielle et dans le cadre de la grande consultation citoyenne Ma France 2022, lancée par France 3 et France Bleu, nous allons à la rencontre des Bretons. A Combourg en Ille-et-Vilaine, petite ville éloignée des grands centres, les habitants ont besoin de leur véhicule au quotidien, et voient avec inquiétude les prix s'envoler.

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A l'une des stations essence de la commune, les automobilistes de Combourg profitent d'une légère baisse des prix à la pompe, mais le prix du carburant reste une préoccupation largement partagée. Albert, 87 ans, vit dans la commune depuis 40 ans. Cette fois il ne fera pas le plein du réservoir de sa voiture, il va se contenter de 45 euros, "je limite mes déplacements, c’est tout ! déclare le retraité. Il faut savoir aussi participer à l’effort de solidarité qu’on nous demande. Nous nous déplaçons beaucoup moins, uniquement le nécessaire, en attendant des jours meilleurs !" sourit, toujours optimiste, l'automobiliste. 

Eddy, en balade par cette journée radieuse, est en train de remplir le réservoir de sa moto, et la question du prix semble beaucoup moins peser pour cet engin-là : "Personnellement je ne réfléchis pas à ça, parce que j'ai plus la passion de la moto qu’autre chose.

Mais dans le quotidien, pour ce restaurateur installé à Dol de Bretagne, la situation est différente.

Avec ma voiture pour bosser je fais attention. Au lieu d’aller tous les jours faire mes courses à Saint-Malo, je m’arrange pour m’y rendre une fois dans la semaine et de faire tout ce que j’ai à y faire. On est comme tout le monde, à ce prix-là, je ne suis pas radin, mais quand même ! 

Eddy, restaurateur à Dol-de-Bretagne

Le quarantenaire enchaîne très vite sur les hausses de prix dans son métier : "Dans la restauration j’ai pris environ 40% de supplément. C’est juste énorme. L’huile de friture par exemple, le bidon de 25 litres était encore à 39 euros il y a quelques temps, il est passé à 78 euros. Alors quand on change l’huile des frites toutes les semaines… Mais bon c’est comme ça, on n’a pas le choix ! assure-t-il fataliste. J’aurais dû augmenter mes prix, mais vu que l’essence a augmenté, j’attends un peu." 

Pour la maison, jouer sur le type de chauffage

Sur la place de Combourg, c'est l'heure du café pour Stéphane et Aurélien, sur la terrasse ensoleillée. Le premier se dit prêt à modifier sa façon de vivre, en particulier en ce qui concerne l'énergie. "C’est sur cette partie-là que je vais changer ma façon de faire, sur l’habitat et sur l’automobile. J’ai l’intention de passer à l’aérothermie ou à la géothermie chez moi, et pour ce qui est de la voiture, dans les mois ou les années à venir je vais passer à l’électrique"  signale t-il.

Aurélien de son côté de façon très immédiate, n'ira pas à Saint-Lô chez ses beaux parents ce week-end pour éviter les kilomètres. Avec sa femme, enceinte de leur troisième enfant, il est en train de faire construire leur future maison à Combourg et il explique qu'en raison des hausses de prix, ils ont dû faire plus de devis que prévu : "on essaye de renégocier, en expliquant que ça n’a pas été chiffré avec la banque. Avec la banque on a signé il y a un an et aujourd’hui le contrat n’est pas extensible. C’est donc plus compliqué à gérer. On essaye de revoir des hauteurs, les dimensions, de faire plus petit, moins gros par rapport à ce qui était prévu. De changer les matériaux aussi."

Côté énergie lui aussi a opté pour la géothermie. Malgré le coût à l'achat il compte bien s'y retrouver sur le long terme  "ça va nous permettre un coût mensuel d’énergie beaucoup moindre, tout en ayant une qualité de chauffage optimum, avec une température de 20, 21 degrés sans payer des centaines d’euros par mois."  

 

Des hausses avec des conséquences sur les prêts immobiliers

Stéphane est justement son maître d'œuvre. L’impact de l’inflation pour le secteur du bâtiment est très important nous explique-t-il. "C’est énorme pour les matériaux on est à plus de 20% d’augmentation sur un an, voire 25% et pour la matière première les prix ont doublé. On espère que ça ne va pas trop durer" espère t-il. Pour lui aussi le problème réside surtout dans les prêts contractés par ses clients. "On a des révisions de prix, mais les gens ont fait des prêts, les privés comme les professionnels et ces prêts ne sont pas extensibles, ils sont définitifs.

Malheureusement aujourd’hui l’artisan ne peut plus faire le travail au prix auquel le devis a été signé. C’est un vrai souci. Les clients ne peuvent pas augmenter le montant de leur projet et les artisans ne peuvent pas le réaliser à ce prix. C’est quelque chose d’inédit, on n’a jamais connu ça. C’est très compliqué à gérer et ça désorganise le métier. 

Stéphane, maître d'œuvre

A Combourg, la voiture est utilisée par trois-quarts des actifs

Sur la Communauté de communes de la Bretagne romantique, celle de Combourg, trois quart des actifs utilisent leur voiture, avec une distance moyenne quotidienne de 41 kilomètres par jour. Le rail n'est emprunté que par 10% d'entre eux. La gare de Combourg est la 8e pour les TER en Bretagne en termes de fréquentation. La commune compte 6 105 habitants au 1er janvier 2022, une population qui a augmenté de 30% en 20 ans.

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