200 patrons et salariés du monde agricole, des travaux publics, de la pêche ou des transports de personnes sont réunis ce samedi 12 mars à Caudan. Ils demandent à l'Etat de réagir et exposent leur crainte face à la flambée des prix du carburant.
"Pour le plein d'un camion, je payais 1 500 euros avant Noël. Aujourd'hui, cela me revient à 4 500 euros". C'est une hausse qu'il n'avait pas vu venir. Bruno Le Gallo est à la tête de l'entreprise "BLG Transports", basée à Bignan dans le Morbihan. Depuis l'an 2000, il dirige une cinquantaine de salariés et possède une quarantaine de poids-lourds.
Sa société de transport loue ses poids-lourds et son service de conducteurs à des entreprises sous-traitantes. "Je ne peux pas augmenter les factures de mes clients."
La hausse du prix des carburants touche avant tout les petites entreprises. Ce n'est pas viable. Nous sortons tout juste de la crise sanitaire ; nos trésoreries s'en remettent à peine.
Bruno Le GalloSociété BLG Transports
Depuis la période de Noël, ses factures ont augmenté de 12%. La guerre en Ukraine et la flambée du prix de l'énergie n'ont pas aidé. "J'ai appelé ma banque et leur ai déjà annoncé que la trésorerie allait fondre comme neige au soleil. Dès avril, j'ai bien peur d'être à découvert", pressent-il.
Avec la hausse des prix du gasoil, ce chef d'entreprise morbihannais a peur de devoir se séparer de ses salariés. Il anticipe déjà de les mettre en chômage partiel, "afin de les protéger".
Mes salariés ont peur de perdre leur emploi. Certains ne dorment pas de la nuit, par peur de se faire braquer et voler leur gasoil. Ils n'ont pas le moral. Avec mes confrères, on se demande : "qu'allons-nous faire de nos salariés" ?
Bruno Le GalloSociété BLG Transports
Bruno Le Gallo fait partie de l'Organisation des Transporteurs Routiers Européens (l'OTRE). Ce samedi 12 mars, plus de 200 salariés et patrons ont, comme lui, décidé de se rassembler à Caudan, dans le Morbihan.
Ces professionnels sont issus de différents secteurs : agriculture, pêche, travaux publics, transports. Selon Bruno Theaud, président de l'ORTE de Bretagne, "les demandes sont simples et claires".
"Nous demandons au gouvernement la création d'un carburant professionnel pour les sociétés concernées ; une aide directe par type de véhicule pour chaque entreprise de transport en période de crise exclusivement. Aussi, nous souhaitons le remboursement de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE)."
Faire pression sur l'Etat, mais comment ?
Organismes et entreprises de transports réclament à l'Etat de réagir, en les aidant financièrement, mais tous ne sont pas d'accord sur la méthode. Certains annoncent qu'ils veulent bloquer le dépôt pétrolier de Lorient ce mardi 15 mars, afin d'obtenir le gel de la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP).
"Nous n'allons pas bloquer les routes avec nos camions : cela coûterait trop cher en gasoil, s'indigne Bruno Gallo. Et puis, nous voulons garder une bonne image de notre profession". Le chef d'entreprise morbihannais préfère, comme signe de protestation, laisser ses transports à l'arrêt à l'entrepôt, "vider les réservoirs" et mettre ses salariés en repos compensatoire.
Mes salariés me suivent et sont prêts à prendre sur leurs vacances s'il faut. Si plusieurs transporteurs font ça, demain, les pénuries paralyseront le pays et là nous serons entendus par l'Etat français.
Bruno Le GalloSociété BLG Transports
Un appel du pied au préfet de Bretagne
Les présidents et adhérents de l'ORTE et de la Fédération nationale des transporteurs routiers (FNTR) appellent leurs adhérents à manifester devant la préfecture de Rennes ce lundi 14 mars à 14h, "sans mettre le bordel", précise Bruno Gallo.
Une date qui n'a pas été choisie au hasard. Ce même lundi, le Premier ministre Jean Castex va annoncer des aides financières dans le plan de résilience en réaction aux conséquences de la guerre en Ukraine.
Jean Castex avait déjà annoncé une "remise à la pompe de 15 centimes par litre", dès le 1er avril. "Ces aides sont insuffisantes pour le secteur des transports, affirme Bruno Theaud, président de l'ORTE de Bretagne.
Ce lundi à Rennes, l'ORTE et la FNTR chercheront à rencontrer le préfet de Bretagne, Emmanuel Berthier, "pour remonter nos demandes au gouvernement", affirme Bruno Theaud. La semaine prochaine risque d'être chargée pour les organismes de transports, qui espèrent obtenir gain de cause.