Ils sont tous les deux de Saint-Malo et sont à moins de deux jours du départ de la grande aventure du Vendée Globe. Benjamin Ferré et Louis Burton seront dans quelques heures seuls au milieu des océans avec leur bateau. Pour le premier, ce sera la première participation, pour le second, ce sera sa quatrième, mais pour les deux un rêve et un engagement total. Paroles de skippers.
Ce vendredi 8 novembre, la foule sur les pontons du Vendée Globe est une nouvelle fois immense. Des amateurs ou des familles qui n'ont pas eu peur de faire plusieurs heures de queue pour voir les 40 IMOCA et espérer voir un skipper et décrocher un autographe ou un selfie.
Parmi ces 40 aventuriers des mers, deux Malouins, Benjamin Ferré et Louis Burton accordent leurs derniers états d'âme à la presse.
Le Vendée Globe, "c'est là où je dois être"
Pour Benjamin Ferré, 34 ans, au profil plus d'aventurier que de compétiteur, c'est une grande première. Une épreuve qui s'est imposée dans sa vie après plusieurs années d'aventure. La voile, une histoire récente qui a commencé à 22 ans alors qu'il effectuait un tour du monde en stop en solitaire. Son parcours le mène alors à monter sur un voilier pour aller d'Amérique du Sud jusqu'en Antarctique. Une révélation qui le poussera à se lancer trois ans plus tard dans une traversée de l'Atlantique au sextant avec deux copains. Puis, c'est une participation à la Mini-Transat en 2019 qui se solde par un podium. Une rencontre avec Jean Le Cam, ce "vieux loup de mer" qui va s'élancer pour son sixième Vendée Globe, lui permet d'arriver jusqu'au projet de participer à cet "Everest des mers".
Malgré ce parcours peu courant, le jeune skipper se retrouve à s'aligner dimanche au départ de ce tour un monde en solitaire sans escale. Et ce vendredi sur son voilier, le marin se dit zen, "hâte d'y aller".
Paradoxalement, je suis très bien, super aligné, là où je dois être au moment où il faut.
Benjamin Ferréskipper du Vendée Globe
"Je suis pile au bon endroit, entre, à la fois l'expérience que j'ai accumulée ces trois dernières années à préparer cette course et à la fois la nouveauté car c'est une première participation. J'ai donc quand même cette excitation du Vendée Globe. Quand je vois tous ces gens sur les pontons, je trouve cela extraordinaire de me retrouver de l'autre côté de la barrière car il n'y a pas si longtemps, j'étais à la place des gens" explique le navigateur. "En fait, je me rends compte, que tout ce que j'ai vécu ces dernières années, sans le savoir, petit à petit, ça m'a guidé vers le Vendée Globe".
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"Un vrai rêve d'être là"
Pour Louis Burton, 39 ans et déjà trois participations à l'épreuve, dont une troisième place à la dernière édition en 2020, pas d'hésitation pour lui pour s'aligner une quatrième fois avec un sponsor fidèle qui le suit depuis toutes ces éditions. "Le fait d'avoir vécu plusieurs Vendée Globe et d'en avoir réussi et raté (il avait abandonné lors de sa première participation en 2012 à cause d'une collision, NDLR), c'est un vrai avantage" reconnait-il. Et pourtant, il concède, comme son concurrent et ami Benjamin, que "c'est un vrai rêve d'être là et un rêve de voir autant de monde".
Et peu importe si Benjamin Ferré s'élance sur un bateau plus ancien à dérives "mais qui est pour moi, le bateau le plus titré du plateau car il a remporté la course avec François Gabart en 2012 et deux Route du Rhum".
Pour Louis Burton, à la barre d'un IMOCA plus récent de 2020 et équipé de foils, ces appendices qui permettent au monocoque de "voler" sur l'eau et d'aller plus vite, l'émotion est intacte malgré ses multiples participations et sa détermination intacte pour essayer de se battre dans le peloton de tête.
Et malgré son expérience dans cette longue épreuve, le skipper confie que dimanche "quand le dernier bateau accompagnateur va faire demi-tour, j'aurai les jambes qui vont flageoler parce que l'on est au début d'une aventure où il faut faire le tour de la planète sur les océans, poussé par les vents". "C'est un truc de maboule" ajoute-t-il.
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Qu'il soit novice ou confirmé dans cette longue aventure de près de trois mois, seul en mer au milieu des éléments déchainés, la magie du Vendée Globe n'est pas prête de disparaître pour les skippers.