VIDEO. Saint-Malo, le débat d'entre-deux tours des municipales : ce que l'on retient

A Saint-Malo, le second tour des élections municipales opposera Gilles Lurton (Divers Droite) à Anne Le Gagne (Divers Centre). Le député LR d'Ille-et-Vilaine était arrivé largement en tête (47,41%) le 15 mars. Les deux candidats ont confronté leurs idées lors d'un débat sur France 3 Bretagne.

Si on ne regarde que les résultats du premier tour des élections municipales à Saint-Malo, la victoire semble tout acquise à Gilles Lurton (crédité de 47,41% des votes) pour le second tour. Anne Le Gagne (Divers centre) n'ayant obtenu que 13,28% des voix. Mais lors du débat les deux candidats ont tout de suite admis que rien n'était joué. "Pour moi, une élection n'est gagnée que quand elle est gagnée. Il faut encore mobiliser. Nous avons encore à convaincre. Nous faisons tout pour remporter ce scrutin dimanche prochain" affirme le candidat Divers Droite, quand Anne Le Gagne assure dans une métaphore maritime "que tant que la bouée n'est pas passée, le match n'est pas terminé". 

Pourquoi tant de retenu du côté du député d'Ille-et-Vilaine et tant d'optimisme chez la cheffe de file de la liste Divers centre ? Car l'abstention du premier tour (55%) laisse de la place pour potentiellement inverser le scrutin. "La clé est la mobilisation et le fait d'aller voter" comme le rappelle Anne Le Gagne. Et les deux candidats ont profité des premiers échanges pour mettre en avant "l'adhésion" qu'ils semblent avoir sentie de la part des électeurs envers leur programme.

"Je pense que Saint-Malo a besoin d'un nouveau souffle, d'une nouvelle politique dans laquelle les habitants doivent être pleinement impliqués. Notre programme a été construit en consultation avec la population. Je sens qu'il y a une adhésion à notre programme" lance ainsi Gilles Lurton. 

De son côté, Anne Le Gagne sent "des électeurs beaucoup plus mobilisés pour ce second tour. On sent une vraie énergie, un vrai souffle et une adhésion des Malouins à quelque chose qu'ils n'avaient pas bien compris sur le premier tour". L'espoir est toujours présent pour la médecin gériatre qui espère battre Gilles Lurton, après avoir quitté sa liste. "Gilles Lurton et moi n'avons pas le même regard sur la ville, sur le monde et sur la vie. C'était un acte de courage que j'ai posé pour être en parfaite cohésion avec mes valeurs" indique-t-elle. Une décision que le candidat Divers Droite "respecte" comme il l'a indiqué à la fin du débat.

 

 

Impact de la crise sanitaire sur le tourisme

 

Comment gérer l'impact de la crise sanitaire à Saint-Malo, notamment en matière d'économie touristique ? Face à cette question les stratégies des deux candidats à la mairie de Saint-Malo différent. 

"Pour les commerçants, l'éxonération de terrasses a été mise en place par la municipalité actuelle. Pour moi, elle doit être prolongée jusqu'à la fin de l'année, explique Gilles Lurton. Pour les commerçants, les cafetiers qui bordent les places, s'il y a possibilité d'étendre un peu les terrasses, pourquoi ne pas le faire ? Le gouvernement a mis en place une politique d'exonération foncière qu'il finance à 50% si la collectivité, en l'occurrence Saint-Malo agglomération, prend la décision d'exonérer de taxes foncières les entreprises et les commerces. J'y suis favorable". 

Anne Le Gagne pense quant à elle à "un plan Marshall pour le commerce, pour le tourisme, pour les artisans avec des fonds d'urgence. Un fond de soutien à l'économie sociale et solidaire ainsi qu'à l'hôtellerie, particulièrement indépendante. Nous mettrons en place des prêts donneurs à travers la plateforme d'initiatives ainsi que l'assurance que les commandes publiques seront assurées. Les experts comptables auront un rôle majeur et doivent devenir tiers de confiance entre l'ensemble des acteurs économiques et les tribunaux de commerce".

 

Quel plan pour lutter contre les résidences secondaires ?

 

A Saint-Malo, près de 25% des logements sont des résidences secondaires. Une problématique que les deux candidats veulent prendre en main et limiter. Mais par quel biais ? Pour la médecin gériatre, cela passerait par "la mise en place d'une surtaxe de taxes de séjour. Et je demande aussi, comme pour les villes de plus de 200 000 habitants, une loi de compensation c'est-à-dire qu'au-dessus de trois logements détenus par le même propriétaire, il serait obligé de remettre un logement en location pour du long terme. J'ai aussi proposé d'augmenter la taxe d'habitation sur les résidences secondaires". 

Sans rentrer dans les détails, Gilles Lurton envisage de s'attaquer principalement aux logements "dans la zone la plus tendue, l'enceinte de la vieille ville. Nous voulons limiter les logements de courtes durées à un logement par foyer. Nous visons ici les multi propriétaires".

 

Un positionnement sur le projet des Nielles

Le projet des Nielles, un établissement spa-restaurant-centre de formation aux métiers du bien-être qui devrait s'installer sur le front de mer, divise à Saint-Malo. Anne Le Gagne et Gilles Lurton avaient notamment été critiqués par les autres candidats du premier tour des municipales pour ne pas s'être clairement positionnés sur la question. 

Lors du débat, le sujet a été remis sur la table. L'occasion pour Gilles Lurton de préciser "qu'il n'était pas opposé à un projet économique de ce type à Saint-Malo". Mais rajoutait qu'il était "opposé à l'architecture du projet en front de mer, avec ces chambres dans la falaise. Je demande au groupe Raulic d'améliorer cette copie" lance-t-il avant d'être repris par Anne Le Gagne "et sur le fait d'attaquer le permis de construire ?". Réponse du député : "le permis de construite a été attaqué par des particuliers, le maire de Saint-Malo a jusqu'au 24 août pour retirer le permis, s'il est démontré une inégalité de permis par les services de l'Etat. Ce qui m'étonnerait". 

Face à ce sujet, Anne Le Gagne ne cautionne pas la méthode de mise en place de ce projet : "il n'y avait eu aucune écoute ni concertation avec les voisins". Et la candidate Divers Centre estime qu'une alternative serait meilleure. '"Je crois qu'il peut y avoir plutôt une maison des aidants. C'est-à-dire une maison de répit et de repos pour des gens qui prennent soin soit de leurs enfants soit de leur conjoint. Elle aurait de l'intérêt".

 

La qualité de l'air à surveiller

 

Autre sujet préoccupant pour les Malouins : la qualité de l'air. Plusieurs riverains se plaignent d'irritations de la gorge et d'une pollution de l'air qui seraient dues à des rejets de l'entreprise Timac, installée sur le port. 

Médecin, Anne Le Gagne se veut claire : "la santé environnementale est non négociable. Il faut assurer aux Malouins une bonne qualité de l'air. Élue, je mettrais en place trois capteurs supplémentaires au niveau de Rocabey pour les particules fines et l'ammoniac. Et nous voulons être en capacité d'afficher au quotidien au niveau de la médiathèque la qualité de l'air et rassurer les Malouins. Si la Timac ne fait pas de progrès, le maire aux côtés du sous-préfet, de la Préfète et de la Dréal devra prendre les mesures nécessaires pour faire cesser la production sur le port". 

Même avis du côté de Gilles Lurton : "nous devons une intransigeance totale vis-à-vis de l'entreprise en question. Nous ne pouvons pas jouer avec la santé des habitants de Saint-Malo. Il y a un jugement en cours avec un délibéré le 2 juillet. Je ne veux pas présager du résultat mais je sais que deux contrôles ont eu lieu en 2019 et ont montré des teneurs en ammoniac anormales. La Timac a été condamnée pour ça. Nous travaillerons avec la société AirBreizh qui oeuvre déjà en agglomération, nous mettrons plus de capteurs aux abords de ces usines et si des incidents se produisaient nous prendrions toutes les mesures à notre disposition pour empêcher les pollutions, en lien avec les services de l'Etat". 

 

Ils ont dit...

 

Par principe de précaution, rendriez-vous le port du masque obligatoire dans Saint-Malo ? 

Gilles Lurton : "Je pense que le port du masque s'est révélé nécessaire à l'issue d'un grand week-end. L'actuel maire de Saint-Malo a constaté qu'il y avait eu beaucoup d'affluence intramuros et que les gens n'avaient pas pris beaucoup de précaution. C'est sur cette base-là qu'il a pris la décision d'imposer le masque et je pense que c'était une bonne décision".

Anne Le Gagne : "Je suis médecin. Je suis retournée travailler à l'hôpital pendant la crise COVID. On a eu le retour d'expériences du Grand-Est. Force est de constater qu'il fallait être dans la précaution. L'usage du masque, au vu de la forte fréquentation, me paraît très justifié".

 

Saint-Malo a accueilli 1 million de touristes l'an dernier. Faut-il viser cet objectif encore cette année pour l'économie touristique ?

Gilles Lurton : "Je ne sais pas s'il faut tendre vers cet objectif mais je sais que nous avons besoin d'un tourisme de qualité et toute l'année. Le Palais du Grand Large, à la suite du confinement, connaît des difficultés puisque les congrès ont connu une forte baisse en matière de tourisme d'affaires. Nous devons aussi engager cette sorte de tourisme, en ce semaine, toute l'année et fort consommateur. Et puis, nous devons promouvoir la marque Saint-Malo à l'extérieur de Saint-Malo".

Anne Le Gagne : "30% de l'économie locale est due au tourisme. Saint-Malo ne doit pas se transformer en Venise. Saint-Malo doit reprendre un tourisme équitable, durable, vert basé sur l'éco-emploi. Et les Malouins doivent être fiers d'accueillir des touristes. Cela passe par un label Produit au Pays de Saint-Malo qui met en avant la beauté du site et promouvoir la région qui est si belle".

 

Quels seraient vos chantiers prioritaires si vous êtes élu ?

Gilles Lurton : "Je pense que le personnel municipal a besoin d'être remobilisé. Il a besoin qu'on lui porte de la considération. J'ai toujours dit que, dès le début de mon mandat, j'irais rencontrer l'ensemble des personnels municipaux dans les services. J'ai aussi une préoccupation immédiate pour la rentrée scolaire. Il nous faut préparer cette rentrée. Nous sommes dans une ville touristique qui a beaucoup souffert du confinement, de la crise économique avec le COVID. Nous avons un gros travail à faire en faveur des entreprises".

Anne Le Gagne : "Il faudra faire un plan d'urgence post-COVID avec gestion des risques à priori et à postériori à la fois sur l'économie. La mise en place d'une agence de développement et d'innovation nous paraît indispensable. Sur le développement durable, prendre le virage de la relance verte en particulier sur l'hydrogène. Et puis un autre pan concerne la solidarité et la jeunesse. Bon nombre de jeunes se sont inscrits au RSA jeunes et bon nombre d'enfants sont en décrochage scolaire dans une ville qui était déjà touchée sur ce sujet-là".

 

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