Deux nouveaux lieux d’amusement ont ouvert en juin dernier aux portes de Rennes, un karaoké, et une salle de danse en rollers. Entre Covid et pass sanitaire, leurs premiers pas sont difficiles.
Sur le parquet, les rollers glissent et virent au son des Shocking Blue," I’m your Venus, I’m your fire". Les spots passent du bleu à l’orange puis du jaune au vert fluo.
Pour l’anniversaire de Rose, sa maman a organisé une fête dans la toute nouvelle salle Roller's dans la zone Cap Malo au nord de Rennes. La demoiselle s’amuse avec ses copines sur les vieux titres du hit-parade des années 80. On se croirait dans " La Boum". "On a l’impression de revivre normalement, on oublie le covid" sourit la maman de Rose en regardant les jeunes filles se trémousser.
C’est sans doute le plus beau compliment pour Emilia Piel, la gérante du Roller's. Car, elle, le covid, elle a du mal à l’oublier !
Une ouverture retardée de 15 mois !
La salle devait ouvrir en mars 2020, au moment exact où le virus est venu troubler nos vies pour la première fois. L’ouverture a été retardée… jusqu’en juin 2021 ! Quinze longs mois d'attente.
Quand enfin, le 9 juin, les premiers rollers ont pu s’aventurer sur la piste, Emilia a cru que le pire était passé. Et puis, pile un mois plus tard, le 11 juillet 2021, le Président de la République a pris la parole pour annoncer l’obligation du pass Sanitaire pour tous les établissements recevant plus de 50 personnes.
Le Roller's a préféré instaurer une jauge. 48 rollers-danseurs maximum autorisés à se déhancher sur "Comanchero, ho ho ". Et évidemment, pour la trésorerie, moitié moins d’entrées, c’est moitié moins de recettes.
"On a organisé une soirée costumée années 80, c’était super, mais il a fallu refuser plein de monde et ça ce n’est pas facile" soupire Emilia.
Deux salles, une même ambiance
A quelques centaines de mètres, les spots du Musikam passent aussi par toutes les couleurs mais l’ambiance n’est pas à la fête.
La plus grosse salle de karaoké de France a le blues, avec 12 salles privatives, où "même si vous chantez mal, on vous entendra bien", vante le site internet du lieu, un espace bar, un espace concert...
Comme Emilia, Fabien Camedda, le Directeur de Musikam a attendu des mois avant de pouvoir ouvrir le 9 juin dernier. Et comme elle, le discours du chef de l’état sur le pass sanitaire lui a glacé le sang.
"Le lendemain, le 12 juillet, on avait 60% de fréquentation en moins, " commente Fabien Camedda. "Le karaoké ça se fait en groupe de huit à dix personnes. Il faut que les dix aient le pass sanitaire, même ceux qui s’y sont pris très tôt, ont du mal, alors les autres…"
Hugo, salarié de Musikam confirme, "les gens n’ont plus envie de sortir, même quand on est vacciné, on se sent miné, l’ambiance a changé. Le pass sanitaire crée une drôle d’atmosphère."
Les paroles des chansons défilent sur le grand écran, mais aucune voix ne se joint à celle d' Hugo. Les 1 000 mètres carrés de l’espace paraissent soudain immenses.
Le bar tourne au ralenti et Fabien Camedda est partagé entre crainte et colère. "Pourquoi chez nous, il faut déjà un pass, alors que dans les autres endroits, ce sera le 9 août, voire après ? Si les gens ont le choix entre boire un verre dans un endroit où il faut le pass et boire un verre dans un endroit où il n’y en a pas besoin, le choix est vite fait, explique-t-il, mais pour nous, la fête est un peu gâchée !"