Tous les jours, et même plus, David Guénel poste une photo et quelques lignes sur son compte Twitter. Des photos de cyclistes d’hier, Petit-Breton, Coppi, Bobet mais aussi leurs coéquipiers, porteurs de bidons, forçats de la route. Un hommage à ce sport toujours dur, parfois tragique, et si spectaculaire. "Tout simplement, dit-il, le plus beau sport du monde ! " Son compte est aujourd’hui suivi par quasi 30 000 abonnés.
Il y a quelques jours, David Guénel postait une photo d’Albert Londres, attablé au café de la gare de Coutances. "Le grand reporter Albert Londres boit comme du petit lait les diatribes des frères Pélissier à l'encontre de l'organisation du Tour de France de 1924" écrit-il. Henri Pelissier lâche :" le Tour de France, c’est un calvaire. Et encore ! Le Chemin de croix n’avait que quatorze stations, tandis que le nôtre en compte quinze".
Des photos, des petites histoires, David Guénel en publie donc chaque jour sur son compte Twitter, une manière pour lui de rendre hommage aux héros des Tour de France et autres Paris-Roubaix.
Le vélo dans le sang
Dans la famille Guénel, la passion du vélo se transmet de génération en génération. Au départ, il y avait l’arrière-grand-père. Un fou de cycles, un vrai. Quand il est revenu de la Première Guerre Mondiale, il avait été amputé d’une jambe. Alors, il s’est fait faire un vélo avec une manivelle. "Il montait toutes les côtes avec une seule jambe… mais il roulait, raconte fièrement son arrière-petit-fils Un jour, il a fait un Rennes-Nantes-Rennes !"
Ensuite est arrivé le grand-père, Jacques, membre de la Pédale Chantenaysienne à Nantes, qui a connu 14 années de compétition cycliste et décroché pas moins de 30 victoires sur routes et sur pistes.
Puis vint le père qui, forcément, tous les dimanches, partait disputer les courses, avec comme premier supporter sur le bord des routes, un certain David !
Petit-Breton, l’autre héros de David Guénel
En plus du champion paternel, David Guénel voue une admiration sans borne à Petit Breton. "Quand j’étais petit, j’ai d’abord aimé son nom et puis j’ai découvert son histoire ", raconte David.
"C’était un personnage. Il a grandi en Argentine, où il a découvert le cyclisme. A 17 ans, il en était déjà le champion. Le pays était devenu trop petit pour lui alors il est rentré en France. Il a gagné deux Tours de France. On le surnommait le Gentleman cycliste car il détonnait un peu, lui, issu de la petite bourgeoisie dans un peloton d’ouvriers. Et puis, il est mort pendant la Première Guerre Mondiale. C’est un vrai destin ! "
Des cartons pleins de trésors
David Guénel possède des centaines de journaux et de magazines consacrés au vélo. Certains sont un peu jaunis par le temps.. Des Miroir du cyclisme, des Miroir Sprint… des milliers de photos et d’histoires à qui il redonne vie sur le réseau social.
David aime puiser dans ces pages des moments inédits. Des clichés des grands noms du vélo, Poulidor, Hinault, Coppi, mais aussi des inconnus.
Dans ses post, on voit rarement le coureur qui lève les bras à l’arrivée, il préfère les équipiers, surtout ceux des années 30-40. "Les guerriers, ils avaient une vie compliquée, sur leurs visages, on lit la douleur. Les clichés les montrent parfois ensanglantés à cause de chutes, mais pas question pour eux d’abandonner. A l’époque, il n’y avait pas d’assistance médicale " précise David Guénel.
Pour lui, les champions, les portes bidon, les queues de peloton, tous ont leurs histoires, leur intérêt.
Un sport photogénique
"C’est le plus beau des sports", écrit régulièrement David sur son compte Twitter. "Il y a tout, explique-t-il. C’est un sport avec une dimension dramatique, où tout peut arriver, une chute, un abandon. Aucun scénario n’est jamais écrit à l’avance. "
"Comme c’est un sport d’extérieur, le cyclisme a aussi un décor de rêve, des paysages de montagne ou de Bretagne fantastiques poursuit le passionné. Pour les photographes, c’est magique, il y a donc une iconographie incroyable."
"Des personnages passionnants, des courses mythiques, le Tour de France ou le Tour d’Italie, et des plumes incroyables comme Albert Londres ou Antoine Blondin pour raconter," quand il parle du cyclisme d’hier, David Guénel a les yeux qui brillent.
"Celui d’aujourd’hui me fait moins rêver reconnait-il, les oreillettes, les enjeux financiers ont un peu tué le côté aventure du cyclisme. "
David Guénel suivra néanmoins le Tour de Bretagne et en clin d'œil aux cyclistes d'aujourd'hui, continuera de poster photos et histoires des héros de la petite reine d'hier !