RTE, filiale d'EDF, a été condamnée par le tribunal de Coutances à indemniser un éleveur normand, ce jeudi 2 juin. En cause : une ligne à très haute tension qui a porté préjudice à son élevage, situé à proximité. En Bretagne, des éleveurs disent se trouver dans des situations similaires et souhaiteraient également cette reconnaissance.
458 337 euros. C'est le montant que devra verser le Réseau de transport d’électricité (RTE) à un éleveur laitier de la Manche.
Le tribunal de Coutances, dans un jugement rendu jeudi 2 juin, estime qu'une ligne à très haute tension (THT) a porté préjudice à l'exploitation de cet agriculteur, impactant notamment sa production. Après une première action en justice en 2012, dix ans plus tard, l’éleveur a donc obtenu gain de cause.
En revanche, les éleveurs ont été déboutés de leurs demandes au titre des pertes économiques dues aux mammites (infections des mamelles) subies par les bêtes, de même qu'au titre du travail supplémentaire et du préjudice moral subi.
Interrogé par l'AFP, RTE a déclaré qu'il "prenait connaissance de la décision" et "n'écartait pas la possibilité de faire appel".
Un éleveur breton a perdu tout son cheptel
Un jugement qui fait échos jusqu'en Bretagne où d'autres agriculteurs se disent concernés. "Ça va réveiller les pouvoirs publics, RTE aussi et ça va certainement obliger à faire des études. C’est ça que je demande depuis le début !", s'exclame Stéphane Le Bechec.
Dans les Côtes-d'Armor, à Allineuc, cet éleveur a perdu 263 vaches, en l'espace de 5 ans. "Je me suis installé le 1er janvier 2016, le 2 janvier j’avais déjà le vétérinaire, le 3 janvier j’avais ma première bête morte (…) Le lundi de la Pentecôte 2019, il y en avait 9 par terre lorsque je suis arrivé le matin. Trois mortes, j’en ai relevé six. C’est très violent."
Pour l'agriculteur, tout serait lié à des ondes électromagnétiques. Stéphane Le Bechec a mesuré un taux d'électricité élevé dans son sol. Deux antennes ainsi que deux lignes de 20 000 volts se trouvent autour de son champ, où désormais plus aucune vache ne vient paitre.
Moralement, c’est très très dur. On le vit comme un échec même si on n’y est pour rien (…) On est victime, on est démuni complètement.
Stéphane Le BechecEleveur
Parc éolien et raccordement électrique
Tout comme Stéphane Le Bechec, Pascale Durand, éleveuse en Ille-et-Vilaine, a porté plainte.
Un parc éolien s'est installé à proximité de son exploitation, à Crevin. Avec lui, des raccordements électriques décriés par plusieurs agriculteurs.
Depuis, l'éleveuse dit avoir remarqué des changements au sein de son élevage : "symptômes de nervosité", "problèmes et malformations de naissances", "lait qui n'est plus dans les normes de qualité"...
"C'est insupportable. On vient constater ce qui se passe tous les jours. Maintenant, on en connaît la cause mais au départ, vous vous demandez ce qui vous arrive. Dans les analyses, on ne trouvait rien, pas de bactérie car c'est surtout dû au stress de l'animal. Ils sont pas bien dans nos espaces et ils nous le font sentir."
Pour cette agricultrice, le jugement rendu dans la Manche est une "une lueur d'espoir mais ça ne changera pas mon inquiétude par rapport à la santé humaine."