Avec les pollutions massives dues aux pesticides, la qualité de l'eau potable est un véritable enjeu… Mais comment les agriculteurs peuvent se passer de ces produits ? C'est justement pour aider les agriculteurs à franchir le cap du désherbage mécanique qu'une journée de démonstration grandeur nature a été organisée à Bourg-des-Comptes en Ille-et-Vilaine.
Préserver la qualité des ressources en eau du bassin de la Vilaine et de ses affluents, grâce à des techniques de culture plus naturelles : tel était l'objet d'une rencontre organisée ce mardi 23 mai, entre agriculteurs et organismes de gestion des eaux, sous l'égide d'Eaux et Vilaine. Car les dernières analyses sont inquiétantes : on peut trouver des traces de plus de 80 pesticides différents dans la Vilaine. 75% des cours d'eau risquent de ce fait de ne pas être en bon état écologique.
Pour Pascal Hervé, vice-Président "d'Eaux et Vilaine - Établissement public du bassin de la Vilaine", il est temps de tirer la sonnette d'alarme. "Demain, ça pourrait poser un problème de potabilisation ou de capacité à rendre l'eau potable", explique-t-il.
Au niveau de nos usines, on arrive à traiter l'eau et à garder des niveaux conformes aux normes en vigueur mais si les pesticides augmentent dans nos rivières, on aura des soucis.
Pascal Hervévice Président "Eaux et Vilaine-Etablissement public du bassin de la Vilaine"
Certains exploitants ont donc franchi le pas en supprimant l'usage des pesticides pour lutter contre les mauvaises herbes sur leurs parcelles. La solution : le désherbage mécanique avec des engins adaptés : houe, herse, bineuse, pour faire le travail des sols.
Chez Philippe Corville, à Bourg-des-Comptes, dans son exploitation bio proche de la Vilaine, plus aucun pesticide n'est utilisé. C'est le cas pour ses maïs, malgré certaines contraintes. "En désherbage mécanique, les fenêtres météos sont très courtes. Trop tôt, on ne peut pas désherber, trop tard : la mauvaise herbe est trop implantée dans le sol et on ne peut plus l'arracher", précise-t-il.
Des pratiques plus contraignantes
Autre impératif : s'appuyer sur des rotations de culture et mélanger les variétés de semences pour éviter les maladies. Ces pratiques sont plus conformes à la transition écologique, mais restent plus astreignantes. Installé à Bédée en élevage laitier conventionnel avec de la production de maïs pour nourrir ses bêtes, Julien Collin est également venu témoigner durant cette table ronde.
On passe deux à trois fois plus de temps en désherbage mécanique qu'en chimique alors il faut trouver du personnel supplémentaire. C'est aussi un investissement car le matériel ne nous sert que quelques semaines par an.
Julien CollinEleveur en agriculture conventionnelle
Peu d'agriculteurs sont à ce jour engagés dans cette pratique plus vertueuse. Lors de la rencontre, ils ont rappelé leur souhait d'obtenir plus de formations, de sensibilisation et de subventions pour adopter cette méthode plus respectueuse de l'environnement.