Vilaine journée : quand deux joggeurs refont le monde au bord de la rivière avant d'être confinés

Le monde entier va finir aux abris, mais on l’a bien cherché ! C’est l’histoire de Michel et Franck, qui courent sur les bords de Vilaine avant d'être confinés. Et qui s’arrêtent pour nous parler de leur vie dans un pays en guerre contre le coronavirus. Vilaine journée.
 

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Matin du 17 mars 2020 sur les bords de Vilaine entre Goven et Bruz. Lendemain de discours d'Emmanuel Macron sur la propagation de l'épidémie, la France en guerre, et un confinement de la population qui ne dit pas son nom. 

Michel et Franck ont la quarantaine, au sens premier du terme. Ils sont à deux heures du confinement, ils courent à trois bons mètres l’un de l’autre, et respectent les gestes barrière.

Michel est devant, parce que dit-il, "Franck a du mal à suivre". C’est leur dernier footing à deux avant un bon bout de temps. 

Sur le chemin de halage au pied de l’écluse de Mons, ils ont bien voulu s’arrêter pour nous parler de leur vie mise entre parenthèses. Et ils ont deux trois choses à dire.  


Ma vie, ma boîte, ma planète


Michel travaille dans l'immobilier, mais il est en arrêt. Rien à voir avec le coronavirus. Il court tous les matins pour se refaire une santé.

Franck donne dans le conseil en management, et il va mettre dans la journée sa vie professionnelle en quatorzaine, ou en quarantaine, il ne sait pas encore . "Ça s’arrête à midi. De toutes façons, l’agenda s’est vidé à une vitesse supersonique. Après mon jogging, je file récupérer des dossiers à la boîte... et les objets de valeur." 

"Ensuite, je vais travailler à la maison. Ce sera un peu de sport en solo le matin, et l’après-midi, je vais bosser sur la « com », l’attractivité de notre site internet etc. Tout ce qu’on n’avait pas le temps de faire avant, et qu’on va faire maintenant. Je prendrais aussi du temps pour moi. C’est un moment particulier. Y’a besoin."


Si avec le coronavirus, on ne prend pas conscience qu'on vit tous sur la même planète !   


Mais si leur vie professionnelle est en sommeil, c'est du reste du monde dont ils ont envie de parler.  

"On ne sait pas pour combien de temps on en a à être confiné, attaque Franck, mais c’est le réveil qui va être intéressant. Ce sera forcément douloureux. On va faire quoi de tout çà ? L'espoir, c'est qu’on bascule vers autre chose. La propagation du coronavirus peut nous faire comprendre à tous qu’on vit bien sur la même planète, au-delà de l’épidémie." 


Si seulement cette épidémie pouvait déclencher un sursaut ? 


"Au cas où certains n'avaient pas compris, on est tous sur le même bateau, ajoute Michel. En Chine, ici, ailleurs. Ce coronavirus, c’est grave, mais on sait très bien qu’il n’y a pas que ça. Que c'est un épisode de plus. Ça fait des années qu’on sait tous qu’on court à la catastrophe. Et que les grands de ce monde, politiques, économistes continuent de nous emmener dans le mur."

"Cette épidémie peut paradoxalement déclencher un sursaut. On peut rêver. Il faudrait, il faudra revisiter nos formes de production, de consommation. Nos médicaments qu’on fait fabriquer au bout du monde, tous ces gens dans les avions pour un oui, pour un non...  Quand est-ce qu’on arrête tous de vivre en open bar ?"  
   


Qu’est-ce qu’on dit aux gamins ?


Michel raconte que son fiston est rentré de la Plagne. Il était saisonnier et les stations de ski ont fermé. A ses parents, le jeune homme a proposé d’aller vivre le confinement au vert, chez son amie dans le Finistère. "On n'ira pas, mais ça m’a touché, cette solidarité. En famille, entre amis, on se sert les coudes."

"L'été dernier, dans un abri au fond du jardin, j'ai découvert que mon garçon avait fait des stocks, de conserves. Il m'a dit que le monde allait de travers, que ça sentait pas bon. J'ai essayé de dédramatiser. Mais les jeunes se posent plein de questions, et tous ne le verbalisent pas." 
   

"Pour nous les adultes c’est compliqué, renchérit Franck, mais qu’est-ce qu’on leur dit aux gamins d’aujourd’hui ? Le réchauffement, et maintenant cette grave pandémie, le confinement, la France en guerre etc.. Vous imaginez, ça doit cogiter dans leurs têtes. Si après ce cauchemar, le monde pouvait enfin se réveiller vraiment. C'est pas gagné, mais c'est possible.   


Et puis, les deux joggeurs finissent pas couper court à la conversation. "Bon le temps presse, faut qu’on y aille".

Une photo svp ? "Oui mais pas avec nos têtes, on veut s'épargner les retours, les commentaires, on a autre chose à faire, et à vivre".  
 
Sur le chemin de halage, Michel et Franck sont repartis. Michel devant, "parce que Franck peut pas suivre".
Interview terminée. Vilaine journée
 
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