Ils réclamaient une année blanche, avec la prolongation de leurs droits. Les intermittents du spectacle ont été entendus par Emmanuel Macron qui a annoncé que ces droits seraient prolongés jusqu'à fin août 2021. Réactions en Bretagne.
Depuis deux mois, ils ne tournent plus, ne chantent plus, ne jouent plus. Les intermittents du spectacle sont dans le rouge. Et beaucoup ne pourront pas boucler les 507 heures annuelles dont ils ont besoin pour prétendre à l'assurance chômage. Alors, ils réclamaient une année blanche pour contrebalancer cette année noire qui a mis la culture à l'arrêt.
Emmanuel Macron, qui a reçu aujourd'hui des professionnels du spectacle, a donc annoncé ce matin cette prolongation de leurs droits jusqu'à fin août 2021. "Je m'y engage" a martelé le président de la République, expliquant au passage "qu'on n'aura peut-être même pas besoin de ce dispositif puisque nous allons faire en sorte de créer de l'activité pour que ces heures puissent être réalisées, notamment en lien avec l'école". Et de dire qu'à défaut de grands festivals, "rien n'empêche d'inventer autre chose cet été, dans les colonies de vacances". Un été "apprenant et culturel" selon le chef de l'Etat.
? "Le 11 mai, beaucoup de choses pourront reprendre : les musées (...) les librairies, les disquaires, les galeries d'art, les théâtres. On aura un point fin mai et début juin", déclare Emmanuel Macron
— franceinfo (@franceinfo) May 6, 2020
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"On a des grandes lignes"
"C'est très flou, réagit Mélodie, comédienne de la Compagnie Ookaï à Rennes. Alors, oui, malgré le flou, cette prolongation va me donner de l'air et me rassure un peu. Je devais renouveler mes droits à l'intermittence en septembre prochain et je n'ai pas pu boucler mes heures faute de travail". La comédienne rappelle, en outre, que les interventions dans les écoles, si tant est qu'elles puissent s'organiser dans un délai aussi court, "ne relèvent pas de l'intermittence mais du régime général. C'est considéré comme de l'animation".
Tonio, lui, est dans l'expectative. "J'attends de voir les modalités d'application de tout cela, explique le technicien-son. Tant que ce ne sera pas acté, posé sur un papier, je me méfie. Quand Emmanuel Macron évoque les écoles, il pense surtout aux artistes qui peuvent animer des ateliers, ce que certains font déjà. Mais, nous, les techniciens, je ne sais pas trop. On a des grandes lignes, mais pas de gros engagements non plus".
"On attend de voir les applications"
Reste aussi en suspens la question du taux horaire, nécessaire au calcul des droits. "507 heures, c'est un minimum, précise Mickaël, monteur dans le cinéma. Le calcul du taux horaire se fait sur la base du salaire et des heures réalisées. Et comme nous n'aurons pas atteint 507 heures cette année, ce calcul se fera au plus bas. Ce qui veut dire une baisse de revenus, forcément".
"Elle démarre quand, cette année blanche ? , demande Ronan Bléjean, secrétaire-adjoint du SBAM-CGT, syndicat de Bretagne des artistes musiciens. Et à quel taux ? A qui s'adressent réellement ces annonces ? Comment c'est chiffré ? Le président de la République parle d'une prolongation des droits tout en disant qu'il va faire en sorte que ce dispositif ne soit pas activé. Il y a beaucoup de contradictions dans tout cela. Et c'est très difficile à suivre".
Dans une pétition, les intermittents du spectacle parle bien d'année blanche, terme qu'Emmanuel Macron réfute tout en en acceptant le principe. "Quand j'entends prolongation des droits, note Julien, du Collectif Année noire, cela veut dire au taux horaire de 2020. Sinon, cela s'appellerait une ré-étude du dossier".
Ce collectif, qui avait initié la pétition pour réclamer une année blanche, estime que "les intermittents ont été un minimum entendus, c'est une bonne nouvelle. Mais on attend de voir les applications. Est-ce que ça va suivre derrière, notamment du côté de l'Unedic qui gère l'assurance chômage ?"