Les habitudes d’alcoolisation des jeunes sont préoccupantes. La Bretagne et les Pays-de-la-Loire font figures de mauvais élèves. Les alcoolisations ponctuelles importantes et les ivresses régulières y sont nettement plus fréquentes qu’ailleurs. 

À 17 ans, la quasi-totalité des jeunes de nos régions ont expérimenté l’alcool, le plus souvent à travers des ivresses. Ainsi, en Bretagne, selon l’observatoire régionale de la santé, 39 jeunes de – de 25 ans sont hospitalisés chaque jour pour alcoolisation massive (intoxication éthylique aiguë) "accompagnés dans certains cas de complications sévères car un coma, des soins de réanimation, des soins intensifs ou de surveillance continue" "Et encore", estime le Dr Florence Tual, médecin de santé publique à l’ARS Bretagne et coordonnateur des addictions pour la région, "ce n’est là que la partie émergée de l’icebergCe chiffre, déjà impressionnant, ne tient pas compte des jeunes qui terminent la soirée en cellule de dégrisement au poste de police et toutes ces ivresses massives qui se déroulent dans le huis clos d’une habitation".

Comme dans d’autres centres hospitaliers, le CHU de Nantes a mis en place une équipe de liaison, composée d’un médecin addictologue et d’infirmières spécialisées. Son rôle : repérer les habitudes de consommation problématiques de tous les jeunes admis aux urgences suite à une consommation excessive d’alcool. "Le repérage très précoce est capital", explique Florence Le Jeune, infirmière au Cappa de Nantes. "Sans jugement, nous évaluons leur niveau de dépendance ou bien leurs conduites à risque et prodiguons des conseils. L’entretien ne dure qu’une dizaine de minutes pour être percutant. Ensuite, si le jeune est d’accord, nous lui proposons un deuxième rendez-vous un mois plus tard pour faire le point."

Accidents de la route (199 décès de jeunes dus à l’alcool dans les Pays-de-la-Loire sur les années 2012-2014 ; 2118 accidents corporels), noyades consécutives à des chutes au cours de soirées de beuverie, ces comportements à risque sont régulièrement remis sur le devant de la scène à chaque nouveau drame.

Des usages de l’alcool en forte progression chez les jeunes Bretons et Ligériens qui restent très largement supérieurs à la moyenne nationale. À titre d’exemple, dans l’Ouest : 3 lycéens sur 10 reconnaissent avoir été ivres au moins une fois dans le mois qui précède (2 sur 10 en France). Les filles ne sont pas épargnées. Toujours sur le plan épidémiologique, des différences sont constatées selon la filière de formation suivie : les apprentis et les élèves de lycées professionnels sont beaucoup plus concernés que leurs pairs des filières générales.
 

Pourquoi nos deux régions se distinguent-elles ainsi ?


"L’alcool joue une fonction sociales importante dans nos sociétés", explique le Dr Florence Tual. "Il est présent partout et est même valorisé."

Autre explication : la culture festive. "Ce sont des régions où il y a quantité de festivals, d’événements sportifs, hauts-lieux de la consommation d’alcool." Or, poursuit le médecin de l’ARS Bretagne, 80% des jeunes disent boire "pour faire la fête".

Enfin, il y a le comportement des adultes. "En définitive, la consommation des jeunes est cohérente avec celle des adultes. En Bretagne et dans les Pays-de-la-Loire, les adultes boivent eux aussi beaucoup plus que la moyenne". Plus dérangeant, les parents seraient, chez nous, plus permissifs. "Alors que les barrières sont facilement posées pour la cigarette et les stupéfiants, les parents bretons sont beaucoup plus tolérants avec la consommation d’alcool de leurs enfants… et cela de plus en plus", constate le Dr Tual.
 

On sait désormais que plus le jeune rencontre l’alcool tôt, plus le risque de dépendance est élevé.


Âge moyen du premier verre dans l’ouest : 11 ans pour les garçons, 13 ans pour les filles. 
 

Alors que faire ?


"Éviter les messages qui font peur !" martèle encore le Dr Tual. Même si les jeunes aiment généralement regarder des vidéos « trash » avec des images qui font peur – accident de voiture, bagarre, viol sous l’emprise de l’alcool -, cela agit sur leurs émotions, mais rarement sur leurs habitudes de boisson. » Il serait préférable, à travers des discussions, d’amener les jeunes à se projeter dans les situations où ils peuvent boire exagérément.
 
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