Ce samedi 9 mai est célébrée la Journée de L'Europe. La crise du Coronavirus a écorné l'idéal européen. Malgré la résurgence des réflexes nationaux et du " chacun pour soi", la députée européenne (Modem), Marie-Pierre Vedrennes croit à un nouveau départ pour l'Union Européenne. Entretien.
Ce samedi 9 mai est célébrée la Journée de l' Europe. Depuis la crise du Coronavirus, on ne peut pas dire pourtant que l'idéal européen soit vraiment à la fête ?
C'est clair. Au début de la pandémie, il y a eu chez les membres de l'Union Européenne un réflexe de repli sur soi. L'Europe au sens large du terme a d'abord déçu. Pourtant très rapidement les institutions européennes ont réagi et mis en place une coopération.Certains de nos compatriotes malades ont été accueillis dans des hôpitaux allemands, certains touristes français ont pu être rapatriés grâce à la mobilisation de nos partenaires européens.
Et puis n'oublions pas le soutien financier de l'Europe. Un plan d'urgence de 7,5 milliards d'Euros a pu être débloqué.
A titre d'exemple, la moitié des 500 000 masques livrés en Bretagne a été financée grâce à un fond européen, le FEDER.
Ce qui est rassurant c'est que l'adhésion à l'idéal européen reste majoritaire chez les Français. Ils ne veulent pas moins d'Europe mais mieux d' Europe. C'est ce qui ressort d'un sondage réalisé en pleine crise du Covid-19.
Sondage Sciences-Po/Cévipof : les Français et l'Europe durant la crise du Covid-19
Durant cette pandémie, il y a eu le repli de chaque Etat membre derrière ses frontières. Avec ce printemps épidémique, les réflexes nationaux, voire nationalistes, ont ressurgi en un tour de main.
Il faudrait juste rappeler que le virus ne connaît pas les frontières. Les pays européens ont donc tout intérêt à coordonner d'avantage leurs politiques sanitaires. Le Parlement pousse pour que les questions de santé publique soient d'avantage mises dans le " pot commun".D'une manière générale, il faut que tous les pays membres de l'Union Européenne acceptent l'idée de la solidarité. La mise en place d'un Plan Marshall européen est une nécessité.
Cette crise a mis en lumière des disparités entre les stratégies suivies, notamment pour le confinement. Des pays comme l'Allemagne, le Portugal ou même la Grèce semblent s'en être mieux sortis que la France ou l'Italie pourtant réputés pour la qualité de leur médecine ?
Pour bien comparer les bilans sanitaires de chaque pays, il faut prendre en compte les méthodes de calcul choisies. Elles diffèrent d'un pays à l'autre. En tous cas chez mes collègues députés européens, je n'ai pas constaté une remise en cause de la stratégie sanitaire de la France. Chez nous, il faudra bien sûr s'inspirer de ce qui a pu être fait chez nos voisins. On se compare souvent avec l' Allemagne. Ce qui est sûr c'est que la décentralisation et la subsidiarité pratiquées outre-rhin peuvent être sources d'inspiration. A nous d'inventer notre propre modèle .
Il y aura aussi un "monde d'après" pour l'Union Européenne ?
Inévitablement. Cette pandémie a révélé notre dépendance à un pays comme la Chine. Il nous faut retrouver une souveraineté dans des secteurs comme l'industrie, la défense, la santé ou bien encore l'alimentation. Mais cette souveraineté doit être européenne pour être efficiente. Il y a 70 ans, le projet européen des "pères fondateurs" et notamment de Robert Schuman est né après deux guerres mondiales. Cette crise sanitaire est l'épreuve de notre génération. A nous d'être à la hauteur.
Le projet européen s'est d'abord construit sur la libre circulation des hommes. Libre circulation mise à mal depuis plusieurs semaines et compromise pour les mois à venir ?
Ces prochaines semaines, nous devrons garantir un équilibre entre la santé des citoyens européens et leur liberté de circuler. Rappelons que pour certains pays, le tourisme est un pilier de leur économie. En Grèce c'est 25 % du PIB. Et n'oublions pas non plus la nécessaire libre circulation des marchandises. Une garantie contre un risque de pénurie.
Comment va se passer pour vous le déconfinement ?
Même si nous avions l'autorisation de siéger physiquement au Parlement Européen, j'ai fait le choix du télétravail et de rester confinée chez moi à Saint-Aubin d'Aubigné (35). Je pense reprendre le chemin de mon bureau au Parlement fin mai. Je dois présenter un rapport sur le commerce international.