Finale du Kan ar Bobl. Le concours fête ses 50 ans ce week-end à Pontivy

Le Kan ar Bobl fête ses 50 ans cette année. Ce grand concours de chant et de musique a permis de révéler de nombreux artistes bretons et a participé à la transmission de la tradition populaire du chant en Bretagne. Depuis janvier, se sont déroulées des sélections, les "Rencontres de Pays", à travers toute la Bretagne. Et ce week-end c'est la grande finale à Pontivy, où sont attendus des centaines de chanteurs, musiciens et danseurs.

Quel est le point commun entre les chanteuses bretonnes d'Ahez qui représentaient la France à l'Eurovision 2022, Denez Prigent et son Tekno Projekt ou encore le groupe Startijenn ? Ils chantent en breton, en effet. Ils tournent à l'étranger, aussi, mais surtout, ils sont passés à 8, 13 ou 18 ans par le Kan ar Bobl. Kan ar Bobl, le chant du peuple en breton. Et c'est Pierre Padellec, l'un des fondateurs de ce grand concours de chant et de musique bretonne, qui le définissait le mieux : "Le chant du peuple parle au peuple, comme je le dis souvent. Ce n'est pas quelque chose d'élitiste".

Le "chant du peuple" parle au peuple

Ce concours est né en 1973 à Lorient, sur un modèle irlandais. En plein revival de la musique bretonne, alors que Stivell et Servat drainaient des foules, il s'agissait d'ancrer cette vague dans une tradition populaire encore bien vivante de chant populaire.

Alors, que représente le Kan ar Bobl pour ceux qui s'y sont révélés, et qui depuis ont traîné leurs guêtres sur des scènes bien plus auréolées ? Pour le chanteur Denez Prigent, ça a été une révélation. 

"J'ai pris conscience que je n'étais pas seul dans mon coin à chanter en breton, qu'il y en avait d'autres aussi qui aimaient les gwerz, le kan ha diskan... Jusqu'alors, je chantais surtout devant un public mobile, de danseurs, qui n'accorde pas forcément autant d'attention. Là, ça m'a permis de chanter pour la première fois devant un public assis. Cela m'a donné le goût des concerts et là, l'aventure a commencé".

Denez Prigent, chanteur

Du côté des jeunes femmes du groupe Eben, Sterenn Diridollou affirme : "C'est grâce au Kan ar Bobl si on est là aujourd'hui et qu'on continue à jouer en fest-noz, en concert". Sterenn le Guillou pense, elle, que ça leur "a permis de se faire une place sur scène". Enfin, Marine Lavigne se souvient de ce moment vécu avec "beaucoup de stress, mais surtout d'une expérience forte en émotion"

Expérience forte en émotion

Ce stress, cette émotion, c'est ce que ressentent encore aujourd'hui les enfants qui montent sur scène avec leur classe dans les différentes rencontres de pays organisées à chaque printemps à travers toute la Bretagne comme à Locoal-Mendon dans le Morbihan : "C'est de la joie même s'il y a du trac quand on monte sur la scène", raconte Yuna.

"On apprend aussi du vocabulaire. Ça nous encourage à continuer le breton".

Les enfants de Plouzané

En grandissant, on prend conscience de l'importance du Kan ar Bobl. Les enfants de Plouzané sont unanimes :"On apprend aussi du vocabulaire. Ça nous encourage à continuer le breton", disent-ils. 

Depuis 30 ans, Jakez ar Borgn a écrit des dizaines de chansons et a amené des centaines d'enfants au Kan ar Bobl. Pour lui, le chant, c'est magique ! "La musique de la langue, les mots, les tournures, tout ça, rentre petit à petit comme dans du beurre. Ils ont le sentiment d'appartenir à un groupe, parce que tout le monde chante la même chose au même moment. Il n'y a plus de différences. C'est mieux que le foot, hein !", ironise-t-il. 

Transmission familiale 

Au Kan ar Bobl, on peut venir avec son compère, entre copines, avec son groupe, mais c'est aussi souvent une occasion de transmission familiale, c'est le cas de Natacha : "Je me suis dit pourquoi ne pas chanter avec ma fille Koulma puisqu'elle chante déjà au fest-noz. Et c'était un autre lien que je voulais lui offrir aussi". 

Koulma est déjà sélectionnée avec sa copine Loeiza pour la finale du Kan ar Bobl en chant à danser. Chanter avec sa maman est un nouveau défi : "Déjà, c'est une mélodie et je ne suis pas très habituée à chanter des mélodies. Et il y a plus de pression", avoue Koulma qui ne retient de toute façon que le meilleur de cette expérience. Brieg Doujet, lui aussi, a bénéficié de cette transmission familiale : "Je chante une chanson que mon père avait collectée et elle est rigolote".

"Ce que nous faisons, c'est un peu une tesselle d'humanité. C'est le petit carré d'une mosaïque qui fait finalement, vu de loin, un très beau tableau. L'humanité, c'est ce tableau et les tesselles, c'est la culture bretonne. C'est la diversité qu'il faut absolument maintenir partout".

Pierre Padellec, membre fondateur du Kan ar Bobl

Une chanson qui est chantée à un moment donné dans la salle peut devenir le coup de cœur d'un autre et ainsi de suite. La mécanique du cœur joue à plein dans le Kan ar Bobl. Il vit même de ça depuis 50 ans, comme le résumait poétiquement Pierre Padellec.

Parmi des centaines de chanteurs et de musiciens, on retrouvera donc ces 15 et 16 avril 2023 à la finale du Kan ar Bobl à Pontivy, Koulma et Loeiza, mais aussi les jeunes chanteuses d'Avel Dro Gwiseni, et Jakez ar Borgn, avec son nouveau tube, où il est question d'un certain Herri Bihan B qui envoie les jeunes Bretons au camping.

Avec Muriel Le Morvan 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité